« Le made in France : une richesse à préserver »

La colère et la détermination des agriculteurs ne faiblit pas en cet été caniculaire. A l'appel des FDSEA et Jeunes Agriculteurs (JA), de nouvelles opérations de contrôles ont visé un peu partout en France des groupes de la grande distribution. Le 7 août, la cible a porté sur Casino, Lidl et Aldi. Dans la Drôme, la FDSEA et les JA de Drôme et Ardèche ont investi l'hypermarché Géant (appartenant au groupe Casino) situé au sud de Valence. « Nous continuons à surveiller activement les produits proposés à la vente pour vérifier s'ils sont bien d'origine française », ont indiqué les responsables syndicaux.
« Les comportements évoluent »
Arpentant les rayons, ils ont identifié des fruits, des légumes et des viandes provenant de l'étranger. Sur ces produits, des autocollants ont été apposés pour indiquer aux consommateurs leur provenance. Plusieurs étals ont été bâchés à l'aide de film d'enrubannage sur lequel a été écrit à la peinture « Pas de France ». Au rayon charcuterie, nombre de produits sans mention d'origine ou provenant de l'étranger (bien que fabriqués par des sociétés françaises) ont été retirés et placés dans des caddies ensuite enrubannés. « En mettant une énorme pression sur les enseignes de la distribution, on sent que les comportements évoluent, a estimé Grégory Chardon, secrétaire général de la FDSEA 26. Il y a davantage de produits français dans les rayons. Mais il est tout de même regrettable de voir encore sur les étals des pêches espagnoles ou des viandes dont l'origine est étrangère. Le Made in France est une richesse à préserver. »
Des transformateurs dans le collimateur
« En période de production, nous référençons des producteurs locaux dans un rayon de quarante kilomètres avec notre marque "Le meilleur d'ici", a assuré le directeur du magasin. Ce qu'a confirmé le responsable du rayon fruits et légumes. Malgré cela, les agriculteurs ont trouvé des oignons, des tomates, des betteraves ou encore des carottes bio provenant de l'étranger. « Dans le premier département bio de France, c'est totalement inacceptable », ont-ils dénoncé.
Leur colère est montée d'un cran en voyant des palettes de lait provenant de Belgique ou d'Allemagne. « C'est grave », a considéré Julie Auger, secrétaire générale de JA07. Même ressentiment au rayon charcuterie. « Des marques de produits transformés qui utilisent l'image du terroir français, comme Cochonou qui était présent dans la caravane du Tour de France, ou encore Aoste, n'indiquent pas la provenance réelle de la viande utilisée, a déploré Vincent Vallet, le président de JA07. Aujourd'hui, nous ne ciblons pas que Casino mais aussi les transformateurs qui ne jouent pas le jeu de la production française. »
La pression est maintenue
« Nous trouvons encore une grande quantité de produits qui ne sont pas français, a regretté Sébastien Richaud, secrétaire général de JA26. Certaines viandes à os transformées par une société iséroise proviennent d'Espagne ! Plus le temps passe et plus nous trouvons de produits étrangers, notamment dans les préparations transformées, a-t-il constaté. Quant aux promotions, elles portent rarement sur les produits français. »
Vincent Vallet a rappelé au dirigeant de l'hypermarché qu'un agriculteur français, soumis à des normes drastiques, génère sept emplois. Il a aussi pointé la concentration des centrales d'achat de la grande distribution. « On se rend compte malgré tout d'une prise de conscience. Les médias nous suivent et les consommateurs soutiennent très largement nos actions, a souligné le président de JA07. Depuis un mois et demi, les metteurs en marché et les GMS* se tiennent à carreau. » Autant de raison pour les agriculteurs de ne pas relâcher leur pression.