Le manque de lisibilité agace

Jean-Pierre Royannez, président de la FRSEA Rhône-Alpes et administrateur de la FNSEA :
« La Pac est passée d'aides à la production à des aides à la surface. Des agriculteurs, qui avaient auparavant une petite aide sur de grandes surfaces, seront gagnants. D'autres, qui avaient une aide élevée mais sur de petites surfaces, seront perdants. A la FRSEA, nous essayons d'identifier les mesures les plus favorables à notre région, celles qui pourraient compenser une part de ces baisses. Nous nous sommes entre autres investis sur l'ICHN(3), les aides du deuxième pilier (PCAE(1) et le PAEC(2)...). Notre rôle est de veiller à ce qu'il n'y ait pas de déséquilibre entre les secteurs. Un équilibre peut être préservé, même si l'aide à l'hectare est plus élevée pour certains agriculteurs que d'autres. Cela dépend des surfaces, productions, zones. Nous nous battons pour conserver nos grands équilibres. Au niveau régional et national, nous travaillons en permanence pour essayer de faire bouger les lignes.
Le manque de lisibilité de la Pac agace et inquiète les agriculteurs. Nous ne savons pas quel sera le montant de notre aide. C'est la première fois qu'est vécue une telle situation sur une réforme de la Pac. Nous devons remplir notre déclaration sans connaître toutes les règles du jeu. Depuis plus de six mois, nous disons au ministère de l'Agriculture qu'il faut se caler et simplifier. Il ne nous a pas écoutés et, aujourd'hui, nous sommes dans le mur. La chambre d'agriculture et les autres organismes qui aident les agriculteurs à remplir leur déclaration sont débordés par les demandes. L'agacement est total : chez les agriculteurs mais aussi chez les responsables professionnels et les OPA(4). »
Didier Beynet, président de la FDSEA :
« Concernant l'ICHN, nous connaissons l'enveloppe globale pour la région mais pas encore le montant de l'aide individuelle. Nous avançons en aveugle. En Rhône-Alpes, la profession et la Draaf(5) ont fait un gros travail d'harmonisation et cherché à faire en sorte qu'un maximum d'éleveurs puissent en bénéficier. Il y a eu simplification : le nombre de zones est passé de 25 avant sur la région à trois maintenant (montagne, montagne sèche et haute montagne). La PHAE(6) ayant été intégrée dans l'ICHN, globalement, les éleveurs devraient toucher une aide plus élevée qu'avant. Mais l'enveloppe étant fermée, individuellement, il y aura des gagnants et des perdants.
Vu la complexité du dispositif et le manque d'anticipation de la part de l'Etat, nous demandons que les contrôles, s'il doit y en avoir, soient exclusivement pédagogiques cette année. Il ne peut être reproché aux agriculteurs d'avoir fait leur déclaration Pac sans avoir connaissance des nouvelles règles. Elles ont changé pendant la période de déclaration. Et il ne peut pas être demandé aux agriculteurs de faire de l'agriculture durable en ne leur permettant pas d'anticiper leur système de culture, comme cela a été le cas cette année. Pour eux, la première pénibilité, c'est l'instabilité dans les règles et l'absence de possibilité d'avoir une vision à long terme. »