Le Mercosur, un point noir de la filière volailles de chair

Finalisé le 28 juin dernier, l'accord commercial bilatéral entre l'Union européenne (UE) et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) impacte fortement le secteur français de la volaille de chair. Au niveau européen, les importations ne cessent d'augmenter, en provenance de Belgique, d'Allemagne et de la Pologne, contrairement au Royaume-Uni qui connaît un repli du fait de la hausse des prix. « Si l'accord de principe a été donné en juin 2019, il reste encore plusieurs étapes dont sa ratification par 27 états membres », a souligné Jonathan Hercule, en charge de l'étude économique et des analyses macroéconomiques France - UE - Monde à l'Itavi, à l'occasion de la session technique volailles de chair de l'institut, en novembre dernier à Valence. A ce sujet, Emmanuel Macron a déjà fait savoir qu'il s'opposait à cet accord. Si les négociations sont aujourd'hui arrêtées, les inquiétudes persistent sur les modalités de l'accord quant au volume des contingents et l'abaissement des lignes tarifaires.
Le poids considérable du Brésil
La hausse des importations européennes, et notamment en provenance du Brésil (qui représente aujourd'hui un tiers du total), constitue la principale interrogation des éleveurs français. « Après la crise sanitaire de 2016 et l'opération Carne Fraca, la production du Brésil reprend peu à peu de l'ampleur en raison de structures agricoles importantes. Les éleveurs brésiliens bénéficient d'un soutien financier de l'Etat sous forme de crédits », a-t-il expliqué. Et, malgré la barrière tarifaire, le Brésil est aujourd'hui en capacité de concurrencer le marché européen. « Même s'ils doivent payer des taxes, les Brésiliens peuvent jouir d'un coût de production moins élevé et ainsi fournir des produits moins chers que certains pays européens », note Jonathan Hercule.
Un marché sous tension
Il faut savoir également que les préparations à base de poulet - volailles saumurées et découpes congelées de poulets - constituent les deux tiers des importations en 2018. « Ce sont des produits qui vont peser sur le marché européen. Le poids des importations de filets est loin d'être négligeable sur le marché communautaire, poursuit l'intervenant. Aujourd'hui, le déficit commercial de l'Union européenne avec le Mercosur est d'environ un milliard d'euros en viande de volailles. »
Une situation qui inquiète donc l'ensemble des protagonistes de la filière avicole : « On essaie de nous faire croire tous les jours que nous allons consommer de plus en plus de produits locaux français. Pourtant, les produits importés ne cessent d'augmenter... Cela nous laisse beaucoup de zones d'interrogation », a conclu Gilles Lassus, président de l'Afivol.
Amandine Priolet