Le ministre a inauguré un outil nucicole

Sabine et Marie-Lise Matras ne se destinaient pas à l'agriculture. La première a fait ses études dans le sport, la seconde dans le bâtiment. L'agriculture, un métier difficile techniquement et physiquement, reconnaissent les deux sœurs. Mais elles ont eu à cœur d'assurer la continuité d'une exploitation sur laquelle leur famille vit et travaille depuis cinq générations, la SCEA* Ymage aujourd'hui.
Construit dans les temps
Les infrastructures nucicoles étaient vieillissantes et inadaptées à la production actuelle de la SCEA Ymage. Alors, les deux sœurs ont décidé de se doter d'un nouveau bâtiment. Obtenir le permis de construire « n'a pas été sans encombres », a confié Marie-Lise lors de son inauguration, le 26 avril en présence du ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume. La première tranche de travaux a débuté en mai 2017 avec la construction d'un hangar de 800 m2 et l'installation de la chaîne de lavage des noix ainsi que des séchoirs. Ces équipements étaient opérationnels pour la récolte de cette année-là. La deuxième phase du projet a été la réalisation d'un atelier de conditionnement, d'un show room et de bureaux en 2018. Les infrastructures ont été réalisées par des entreprises locales et dans les délais impartis. A noter aussi, Marie-Lise a dessiné les plans et coordonné les entreprises. Ce nouvel outil rend le travail plus efficace, plus performant, les conditions et la qualité du travail sont améliorées, a indiqué Sabine lors de l'inauguration. L'investissement (bâtiment et matériel), de 500 000 euros, a été financé sans aides.
35 produits dérivés et des idées
Dans le bâtiment, les machines sont installées en ligne. A la récolte, les noix sont vidées dans une fosse de réception, puis passent successivement dans une prélaveuse, un ébrancheur (les pierres et branches sont retenues dans un bac), une laveuse-écaleuse, sur une table de tri manuel. Elles rejoignent ensuite l'un des quatre séchoirs (à trois étages) où elles séjournent deux à trois jours. Une fois sèches, elles passent dans un calibreur puis un séparateur (pour enlever les coquilles vides). S'ajoute une chaîne de cassage et d'énoisage pour la transformation de noix.
La production de noix de l'exploitation est commercialisée à 80 % en coque auprès de deux grossistes isérois. Les 20 % restant sont vendus directement sous la marque Noix & Compagnie par la SCEA. Elles le sont en coque, cerneaux ou sous forme de produits dérivés : moelleux et nougats aux noix, tartinables salés, noix apéritives, caramélisées, chocolatées, confiture de noix, huile de noix. Ils sont distribués dans des magasins de producteurs, épiceries fines, chez des cavistes, dans des restaurants, jardineries, sur des aires d'autoroute, en coffrets à des comités d'entreprise ou associations... « Le rayonnement commercial s'élargit de plus en plus, a indiqué Marie-Lise. Nous avons des clients en France, Belgique, Allemagne, Suisse. Nous proposons 35 références et réfléchissons à d'autres innovations. »
Le 26 avril, après un tour des installations, Sabine, Marie-Lise et le ministre ont dévoilé la plaque inaugurale de ce nouvel outil. Didier Guillaume s'est dit heureux de le porter sur les fonts baptismaux. Il a salué les deux sœurs qui prolongent ainsi l'histoire familiale, sur une exploitation dont la diversité des cultures fait la force.
Annie Laurie
* SCEA : société civile d'exploitation agricole.
Repères /La SCEA Ymage

Quatre associés, aujourd'hui : Gérard, Régine Matras et leurs filles, Sabine (39 ans) et Marie-Lise (36 ans).
75 hectares : 35 de noyers en AOP Noix de Grenoble dont 30 en production, 10 de lavande et lavandin (activité nouvelle) et 30 de grandes cultures (blé, tournesol).
Vente d'une partie des noix sous forme de produits dérivés sous la marque Noix & Compagnie, créée par Sabine en 2007. Marie-Lise, elle, est arrivée sur l'exploitation en 2013.