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Tech&Bio

Le ministre de l'Agriculture annonce un recentrage des aides bio

Au salon Tech&Bio le 20 septembre, le ministre de l'Agriculture a annoncé que l'État allait cesser de verser les « aides au maintien » des agriculteurs bio.
Le ministre de l'Agriculture annonce un recentrage des aides bio

A l'occasion de sa visite tardive et au pas de charge du salon Tech&Bio, Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, a annoncé l'arrêt des subventions de l'Etat pour les aides au maintien des agriculteurs bio à partir de 2018. Il a indiqué que les crédits seront réservés aux aides à la conversion. « C'est au marché de soutenir le maintien de l'agriculture biologique car la demande est là et il faut que nous soyons collectivement en capacité d'y répondre », a-t-il justifié. Lors du comité Etat-Région du 19 septembre, « ce que j'ai compris, c'est que les Régions voulaient continuer à avoir la main sur l'aide au maintien à la bio », a-t-il ajouté. Et de préciser que les Régions pourront continuer à solliciter le Feader* dans ce sens mais sans co-financement de l'Etat.
Le ministre a également annoncé sa volonté de créer un fonds privé dédié à la bio afin « d'aider les filières émergentes. » Acteurs de la distribution et de la transformation seront amenés à y contribuer. Par ailleurs, il a rappelé les engagements pris à l'horizon 2022, à savoir 50 % de nourriture bio ou d'appellation d'origine ou écologique servies dans la restauration collective et une augmentation des surfaces agricoles de 6 à 8 %. « Et si nous pouvons faire mieux, nous le ferons », a-t-il ajouté. Enfin, Stéphane Travert a annoncé la prolongation du crédit impôt bio dans le cadre d'une loi de finances rectificative à venir.

6 millions d'euros en Auvergne-Rhône-Alpes

Une chose est sûre, l'avenir de l'aide au maintien dans les territoires se retrouve entre les mains des Régions et des Agences de l'eau. Si celles-ci décidaient de ne pas financer les aides au maintien, ce serait « le scénario catastrophe », analyse Florent Guhl, directeur de l'Agence bio, soulignant que la décision du ministre est aussi une façon de mettre en exergue la « responsabilité » de ces structures vis-à-vis du développement de l'agriculture bio. D'ailleurs, l'Agence bio (Fnab, APCA, Synabio et Coop de France) envisage de faire entrer à son conseil d'administration les conseils régionaux et les agences de l'eau.
Dans les Régions, l'annonce du ministre passe mal. « Le soutien à la bio a toujours été une politique avec un cofinancement national venant du ministère, commente Emilie Bonnivard, vice-présidente de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Aujourd'hui, comme l'État n'a plus les moyens, il se reporte sur les régions. » Pour Auvergne-Rhône-Alpes, le cofinancement venant du ministère pour l'aide au maintien représente six millions d'euros d'ici la fin de programmation.
A l'APCA (chambres d'agriculture), on réfléchissait déjà, avant cette annonce, à des « alternatives » face à d'éventuelles contraintes budgétaires. La réflexion porte « en quelque sorte sur une aide au maintien à la carte, en fonction de la production et de la conjoncture ». Les négociations en cours sur la répartition du transfert des aides Pac du premier vers le deuxième pilier, et notamment sur la part qui sera réservée aux aides bio, s'annoncent décisives.

C. Ledoux et Agrapresse

* Feader : fonds européen agricole pour le développement rural.