Le ministre de l’Agriculture chahuté au Sommet

Semblant imperturbable devant l'adversité, Stéphane le Foll a répété à l'envi : « Mais qu'est-ce que vous croyez, je fais tout ce que je peux pour redresser les prix et en même temps aider les agriculteurs ». Sur la question cruciale de l'export, il a indiqué « tout faire pour obtenir des certificats sanitaires pour ouvrir de nouveaux marchés, mais j'ai aussi à faire à des pays qui sont souverains ». Et d'incriminer la FCO, « qui nous a torpillés dans l'élan que nous avions su créer avec la Turquie. Aujourd'hui on renégocie avec ce pays pour que les certificats sanitaires soient signés sachant que nous respectons totalement les réglementations internationales sur la question de la FCO ».
Explications un peu courtes pour les professionnels qui estiment que Stéphane le Foll « n'a pas fait le job » : « L'ouverture attendue de marchés à l'export sur la viande bovine est au point mort. Aucun nouveau certificat sanitaire pour de l'export d'animaux vifs ouvert sur de nouveaux pays tiers n'a abouti. Le dégagement du marché des vaches laitières qui affluent suite aux mesures de réduction de la production n'est pas acté », résume un responsable professionnel de la FRSEA et de la FNB, qui avec une trentaine de collègues avait ressorti les tee-shirts rouges « éleveurs de viande bovine en colère » au passage du ministre sur le stand Interbev.
« Non seulement ça piétine sur l'export mais, en plus, le retard de paiement du solde ICHN 2015 est confirmé pour fin octobre. La non-fiscalisation de ces indemnités dans le régime fiscal des " micros BIC ", n'est pas encore acceptée... alors que ce dossier doit être traité d'urgence », s'emporte Jean-Paul Thénot, éleveur dans le Puy-de-Dôme. Comble du mépris pour les responsables professionnels : « Le seul constat du surplus de normes imposées aux agriculteurs Français n'est même pas partagé ! « Allez voir en Allemagne », nous a répondu le ministre. Avec ce genre de posture, Stéphane Le Foll ne s'est pas fait que des amis.
Sophie Chatenet
Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes s’est plié, vendredi matin, à la traditionnelle dégustation de la tête de veau sur le stand Interbev. Entre deux bouchées, il a avancé plusieurs pistes d’actions jugées intéressantes par les éleveurs.
Laurent Wauquiez : “ On ne fera pas des miracles mais on va vous aider ”
« J’irai en Turquie, s’il le faut »
« Les marchés sur l’export sont bloqués. Si les certificats sanitaires avaient été négociés correctement, la filière ne devrait pas être en crise aujourd’hui. On envisage de demander le soutien de la Région pour débloquer ces marchés », a témoigné Patrick Bénézit. Pour avancer sur ce sujet, Laurent Wauquiez souhaite disposer de plus d’informations : « Nous devons caler une réunion avec les exportateurs du secteur dans les prochaines semaines. On cible les marchés turcs et chinois. Pour la Chine, cela tombe bien car j’ai un déplacement prévu là-bas en février. J’irai en Turquie, s’il le faut ». Annoncé par Phil Hogan, lors de sa visite au Sommet de l’élevage, le fonds européen en faveur de la promotion de la viande de 15 millions d’euros pourrait être abondé par l’exécutif régional. C’est en tout cas l’un des souhaits de la profession.
La carotte des produits régionaux
Plus globalement, Laurent Wauquiez a rappelé qu’en 2016, le budget agricole de la Région était un des seules en hausse ; que la simplification d’instruction des dossiers était en cours et que la relocalisation des produits dans les cantines était bien engagée. « Nous allons attribuer une prime aux cuisiniers qui jouent le jeu, en fonction du pourcentage de produits régionaux incorporés dans les menus », a-t-il expliqué. Aujourd’hui, seuls 15 % des produits consommés dans les lycées sont issus de la région. Autant dire qu’il y a de la marge, quitte à revoir un peu les tarifs : « Il faut absolument casser la spirale à la baisse de l’achat des produits ». Enfin sur le dossier du loup, le président a confirmé l’achat de matériel pour des louveteries.
Sophie Chatenet