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Prédation

Le ministre Marc Fesneau au contact d’éleveurs frappés par le loup

Invité par la députée de la circonscription, Célia de Lavergne, le ministre chargé des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, est venu échanger avec des éleveurs ovins confrontés à la prédation du loup dans les Baronnies.
Le ministre Marc Fesneau au contact d’éleveurs frappés par le loup

«Ce que nous désirons avant tout c'est continuer à exercer notre métier et de pouvoir en vivre ! Plus que les indemnisations pour compenser les lourdes pertes subies lors des attaques du loup sur nos troupeaux, ce sont des mesures nouvelles, rapides et déterminantes que nous attendons pour croire encore à l'avenir de notre profession ». Tel a été l'appel désespéré lancé par l'un des cinq éleveurs ovins présents chez Marc et Cécile Vidal, à La Roche-sur-le-Buis. Ils recevaient sur leur exploitation, le 6 février, le ministre Marc Fesneau, accompagné du préfet de la Drôme Hugues Moutouh, des sous-préfètes Christine Bonnard et Camille de Witasse Thézy respectivement en poste à Nyons et à Die, ainsi que les sénateurs Marie-Pierre Monier et Bernard Buis. Dans un premier temps, Cécile et Marc Vidal ont présenté les installations du domaine abritant 230 brebis et 60 chèvres, un cheptel disposant de 400 hectares de pâturage sous la surveillance de huit chiens de protection. Puis une grande table ronde a permis au ministre et aux élus d'échanger avec les éleveurs locaux.

« Ca m'a coûté 30 000 euros cette année »

Le loup sévit fortement dans la région. En novembre dernier, Marc Vidal a perdu onze bêtes. Son collègue, Jean-Pierre Guillaume, éleveur à La Charce, a confié : « On perd de 60 à 80 bêtes par an, ça m'a coûté 30 000 euros cette année. Je ne pourrai pas tenir encore longtemps ». Alexandre Majorel, éleveur à La Roche-sur-le-Buis, a complété : « Avec 60 000 euros de charges, je vis à 80 % des aides de la Pac, mon troupeau me rapportant seulement entre 12 000 et 15 000 euros ».
Sur le territoire des Baronnies, l'élevage ovin représente environ 8 600 brebis allaitantes sur plus de 12 500 hectares de surfaces pastorales avec un taux de reproduction de 0,8 agneau par brebis. Le bilan de la prédation révèle une augmentation de celle-ci de 10 % en 2019.

Des conséquences multiples

Les conséquences de la prédation ne sont pas que financières. Elles sont aussi physiologiques. Le stress chez les brebis modifie leur métabolisme, avec des pertes d'appétit, de fréquents avortements et une baisse de la reproduction. Pour garantir plus de sécurité aux animaux, l'agnelage est décalé vers l'été, mais c'est aussi la période de la sécheresse, pauvre en nourriture dans les pâturages. Une autre conséquence de la prédation lupine est l'intensification des élevages en bergerie, une démarche aux antipodes du plein air extensif, respectueux de l'environnement. C'est aussi la disparition de l'une des seules activités agricoles possibles en moyenne montagne qui préserve de l'ensauvagement du territoire en favorisant la biodiversité animale et végétale. « Sans le pâturage de nos animaux, de nombreuses parcelles seront à nouveau envahies par les broussailles avec la menace des incendies », déplore Jean-Pierre Guillaume.

Les chiens de protection, coût et efficacité

Un autre point a été abordé, celui des chiens de protection. En Drôme, on en dénombre plus de 600. Leur présence est une des conditions requises pour être indemnisés en cas d'attaque de loup. « Malgré les aides pour assurer les coûts d'achat, d'entretien, de nourriture et de frais vétérinaires, je suis plutôt mesuré sur l'efficacité des chiens de protection », a dit, circonspect, Marc Vidal. « Nos chiens de protection sont des animaux de combat. S'ils attaquent un randonneur, nous en sommes responsables », a ajouté Frédéric Gontard, éleveur à La Laupie et président de la FDO de la Drôme. La pose de panneaux de signalisation et une meilleure communication auprès du public pourrait alléger la responsabilité des éleveurs.
« Le bon sens et le discernement pourrait suffire à régler les situations, a indiqué le ministre en clôturant les échanges. Bien appréhender le loup et les problèmes qu'il soulève est une question de respect des gens et du métier d'éleveur. »
Le 6 février, à l'issue de quatre mois d'étude, les députés du groupe de travail chiens de troupeaux ont proposé de « structurer » une filière chien de troupeau, qui serait « garante de la sélection des chiens et de leur suivi » et encadrée par l'Institut de l'élevage. La deuxième proposition est de mieux former les éleveurs à l'utilisation des chiens de protection. Le groupe propose également un recensement national des incidents, une communication aux touristes sur les risques inhérents à la montagne et le rôle positif des chiens de protection. Enfin, il soulève la question de la responsabilité juridique lors des incidents impliquant des chiens, évoquant la possibilité « à approfondir » de la faire endosser non plus par l'éleveur, mais par l'État. 
J-M. P.