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Conférence

« Le monde a besoin d’associations comme 60 000 rebonds »

À l’occasion de la première Nuit de la résilience organisée par l’antenne régionale de l’association 60 000 rebonds, des entrepreneurs tel que Patrick Richard de l’Huilerie Richard, sont venus témoigner de leur expérience professionnelle.

Par M.E.
« Le monde a besoin d’associations comme 60 000 rebonds »
ME-AD26
Présentés comme des « entrepreneurs en rebond », Laure Vicat et Bernard Gouverneur ont témoigné de leur parcours devant les invités.

Salle comble jeudi soir pour l’événement organisé au sein des locaux du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, à Valence. L’antenne régionale de l’association 60 000 rebonds, qui œuvre à accompagner les entrepreneurs à reconstruire leur projet professionnel, a organisé sa première nuit de la résilience.

« Cette soirée est dédiée à celle et ceux qui sur les plans personnels et professionnels traversent des tourments, transportent des montagnes et arrivent à gagner en robustesse », a déclaré Sylvain Robinet, parrain de l’association en Drôme et en Ardèche en guise d’introduction. En 2024, le collectif a accompagné 290 entrepreneurs en Auvergne-Rhône-Alpes. Le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, partenaire de l’association depuis deux ans, a félicité le collectif avec qui il partage des valeurs de « solidarité, proximité et de responsabilité ».

Le témoignage de Patrick Richard

Pour démarrer la soirée, Patrick Richard, à la tête de l’entreprise Huilerie Richard est revenu sur une crise vécue en 2006 : un incendie avait ravagé l’huilerie. « Le plus important selon moi, c’est de briser la solitude du chef d’entreprise. C’est pour ça que j’avais créé un conseil d’administration qui m’a permis de me remettre en question, a-t-il témoigné. Avec du recul, j’ai cherché à trouver du sens à ce qui est arrivé, à retrouver un équilibre personnel et à essayer de savoir vers quoi aller ». Il conseille d’adresser « un petit mot, une attention aux personnes en difficulté pour leur redonner du carburant ».

Le chef d’entreprise met en avant l’importance de la sphère privée. « C’est une chance de pouvoir être soutenu par sa famille et ses proches. Le rebond, quand vous avez une entreprise, il est tous les jours, comme une balle de tennis. Il faut retrouver la notion de sens et se rappeler pourquoi on le fait. Nous travaillons en vente directe, avec des agriculteurs locaux et nous appartenons au territoire, au tissu social. J’ai cherché du positif pour me remettre les pieds sur terre ». Patrick Richard a souligné que ce type d’épreuve « ça n’est pas un échec, c’est une épreuve, une expérience ». À ce jour, l’Huilerie Richard dispose de onze magasins, d’un chiffre d’affaires d’une dizaine de millions d’euros et a reçu un prix d’excellence pour ses produits en 2024.

« Il faut retrouver la notion de sens et se rappeler pourquoi on le fait. Nous travaillons en vente directe, avec des agriculteurs locaux et nous appartenons au territoire, au tissu social », a témoigné Patrick Richard, gérant de L’Huilerie Richard. ©ME-AD26

Surmonter la liquidation judiciaire

Assise au troisième rang, Cécile se définit quant à elle comme une « entrepreneuse en rebond ». Après la liquidation de son entreprise, elle s’est retrouvée dans un « no man’s land ». L’ancienne cheffe d’entreprise déplore la « marginalisation des personnes qui se retrouvent dans cette situation. Grâce à l'association, j'ai retrouvé foi en mes capacités de cheffe d’entreprise ». Elle n’est pas la seule dans ce cas. Invités à monter sur scène, Laure Vicat et Bernard Gouverneur ont tous les deux vécu la liquidation judiciaire. « La liquidation a quelque chose de très inhumain. On met toutes nos tripes dans un projet, on se bat et en 30 minutes tout s’écroule. Personne ne nous écoute. Je me suis sentie comme un pion, a témoigné celle qui est aujourd’hui responsable adjointe dans une entreprise. Ma boutique était encore ouverte lorsque le liquidateur est venu. Il m’a demandé de sortir et je me suis retrouvée un genou à terre. »

« Le plus dur, ça a été après »

Bernard Gouverneur avait quant à lui rejoint son beau-père pour gérer son entreprise et avait même réussi à multiplier le chiffre d’affaires par cinq. « J’ai décidé d’anticiper la liquidation car c’était trop tard pour sauver l’entreprise. Le plus dur, ça a été après. Sur deux ans, j’ai réalisé 107 candidatures, passé 28 entretiens et j’étais désespéré de ne pas retrouver d’emploi. Quand je me suis décidé à appeler l’association, on m’a parlé des 4 D pour dépôt de bilan, dépression, divorce et décès. J’étais pas loin de tout perdre, a raconté le cinquantenaire aujourd’hui responsable dans une entreprise. Dès le premier entretien, je suis sorti de mon isolement. Je n’étais plus seul. Ça m’a redonné de l’espoir car l’équipe fait preuve d’une bienveillance énorme. Ça m’a aussi aidé de pouvoir échanger avec d’autres entrepreneurs qui vivaient la même chose ».

 

Pour Laure Vicat, « grâce à l’association, j’ai retrouvé le positif dans mon parcours professionnel. Le monde a besoin d’associations comme 60 000 rebonds. Je suis tellement tombée bas que maintenant je me sens armée. Il y a pire que l’échec : ne rien essayé ». La soirée s’est finalement clôturée avec l’intervention de professionnels de la santé mentale et de la santé au travail.