Accès au contenu
ÉTUDE

Le monde selon Solagro : du bio et des légumes

Selon le rapport Afterres, en 2050 les Français consommeront davantage de fruits et légumes et moins de viande. Le monde agricole supportera cette évolution en s’appuyant sur l’agriculture bio et la diminution du cheptel allaitant.

Le monde selon Solagro : du bio et des légumes

«Nous avons retravaillé l'assiette du consommateur », a expliqué Christian Couturier, directeur du pôle énergie de Solagro, lors de la présentation du rapport Afterres 2050 à Paris cet automne. Ce rapport de prospective sur l'agriculture de demain part de l'assiette du consommateur français en 2050. Ainsi, les experts misent sur une assiette « plus saine et équilibrée mais tout aussi goûteuse ». La consommation de viande n'en est pas absente. « Nous mangerons moins de viande mais elle sera de meilleure qualité », explique Christian Couturier. Divisée par près de trois, la consommation de lait est la plus à la peine dans ce scénario élaboré par Solagro. D'un autre côté, l'assiette sera plus riche en céréales et fruits et légumes. Pour atteindre la composition moyenne de cette assiette, les experts de Solagro ont imaginé le monde agricole qui permettrait de la remplir. En revanche, le rapport n'a pas vocation à analyser les leviers (politiques, financiers...) pour y parvenir.

Plus d'agriculture bio, moins d'intrants

En production végétale, le scénario 2050 de Solagro mise sur un niveau de production voisin de celui d'aujourd'hui, « mais avec une forte réduction des intrants (azote, énergie, phytosanitaires) et des impacts (pollutions azotées, qualité de l'eau, santé publique) ».
Ainsi, Philippe Pointereau, directeur du pôle agriculture de Solagro, développe : « Il y aura 50 % des surfaces agricoles en bio ». Pour les apports azotés, les cultures intermédiaires seraient une substitution majeure aux apports d'engrais. Les couverts entre deux cultures seraient « systématiquement » déployés. L'association des cultures couvrirait 20 % de la SAU nationale. Ces associations se baseraient sur les céréales avec les légumineuses, « particulièrement efficientes dans des systèmes à bas niveaux d'intrants ».

De l'élevage intensif à l'élevage labellisé

Côté élevage, la moitié des monogastriques (poulets, porcs) passerait sous label de qualité. Cela supposerait un allongement de la durée d'élevage et notamment un doublement de l'indice de consommation. L'autre moitié du cheptel national resterait dans le système actuel. Globalement, les experts de Solagro misent sur un cheptel de 5,5 millions de places de porcs à l'engraissement (contre 8 400 en 2010). Concernant les ruminants, « la laitière à 9 000 litres disparaît », lit-on dans le rapport. Au contraire, Solagro table sur une montée en puissance des élevages extensifs, avec un cheptel « tout herbe ». Ainsi en 2050, les prévisions misent sur une baisse de la consommation de concentrés passant de 189 g/l de lait produits en 2010 à 79 g/l en 2050. En nombre d'animaux, le troupeau de laitières serait divisé par deux pour atteindre 1,9 million de têtes en 2050. En troupeau allaitant, les experts écrivent : « Les consommations de lait et de viande laissent au final peu de place aux systèmes bovins viandes ». En outre, ils prennent en compte la viande qui provient du troupeau laitier. « Les calculs aboutiraient à une division par six du troupeau actuel bovin viande ».
Des prix plus élevés, mais moins de dépenses
La qualité de la production tous secteurs confondus se traduira sur les prix unitaires au consommateur. Mais Philippe Pointereau poursuit : « Le prix global diminuera car nous consommerons moins ». Il rappelle qu'en divisant le gaspillage alimentaire par deux, nous pouvons économiser 10 milliards d'euros par an. Par ailleurs, en utilisant moins d'intrants chimiques, les coûts de santé publique peuvent être diminués de 5 milliards d'euros chaque année et ceux de la protection de l'environnement de 10 milliards d'euros. 
D. B.

 

Prospective  : 10 000 méthaniseurs agricoles en France en 2050
« Notre scénario de prospective table sur 10 000 méthaniseurs agricoles en 2050 en France », a expliqué Christian Couturier, responsable du pôle énergie de Solagro, lors de la présentation du rapport Afterres 2050 à Nanterre. Ce scénario mise sur des projets collectifs plutôt qu’individuels. Mais pour y parvenir, les experts rappellent que les politiques doivent davantage appuyer les collectifs. Par ailleurs, l’alimentation des digesteurs se ferait pour deux tiers par des cultures intermédiaires, les cultures alimentaires étant exclues du scénario.