Le moulin de Haute Provence en pleine mutation

Créé à la fin des années 1970, le moulin de Haute Provence est désormais le dernier à exister sur la commune de Buis-les-Baronnies. S'il est difficile de se faire une place aux côtés des autres moulins situés dans l'hypercentre de l'olive, à Nyons, Michel et Olivier Fayant exercent avec passion leur métier d'artisans mouliniers. Depuis la reprise de l'entreprise en 2004, Michel Fayant n'a de cesse de faire évoluer son moulin. Après quelques années d'activité, il réalise une extension de son bâtiment et procède au renouvellement total des machines, devenues obsolètes. « Pour rester dans l'ère du temps et augmenter notre production, cet investissement était nécessaire. Grâce à la modernisation du moulin à huile, nous sommes passés de 600 à 1 500 kg d'olives par heure », souligne Olivier Fayant, le fils âgé de 26 ans. Après sept ans passés comme salarié, ce dernier vient tout juste de reprendre la gérance du moulin de Haute Provence. Des centaines de producteurs du sud de la Drôme et du nord du Vaucluse viennent, chaque année, apporter entre 200 et 350 tonnes d'olives. « Lors des bonnes années, nous comptons entre 500 et 600 producteurs apporteurs, professionnels ou particuliers », annonce Olivier Fayant.
Un stock bienvenu pour les années creuses
Mais après une récolte exceptionnelle l'an passé, le volume de l'année 2019 sera des moindres. « L'automne chaud et pluvieux a eu une incidence énorme sur les arbres. Malgré tout, il ne faut pas oublier que l'olive est un marché qui fonctionne bien. Il faut donc s'adapter et ne pas rester sur nos acquis. Il faut se servir d'une année comme celle-ci pour prendre des leçons », prévient le jeune repreneur. Avant de poursuivre : « Avec la grosse récolte de la saison dernière, nous avons fait le pari de garder du stock, justement pour pallier à l'alternance. Certes, c'est une perte financière sur le moment mais cela nous permet aujourd'hui de pouvoir s'assurer deux tiers du marché actuel ».
Car, outre le service de prestation, l'entreprise Fayant s'occupe de la commercialisation de l'huile d'olives et embauche d'ailleurs un commercial sur Paris. « Auparavant, nous travaillions beaucoup avec des grossistes. Malheureusement, nous en avons de moins en moins. Nous nous dirigeons donc vers le commerce de demi-gros ou de détail. Notre commercialisation se fait également par le biais d'épiceries fines ou de magasins de producteurs », précise Michel Fayant. « Le moulin de Haute Provence dispose aussi d'une boutique en ligne », renchérit son fils. L'avenir est sur internet.
Une activité agricole diversifiée
Pour agrandir son carnet d'adresses, le moulin de Haute Provence envisage d'exporter ses produits vers l'Allemagne. « Nous sommes en discussion. Seulement, nous devons faire face à la concurrence des huiles d'olive d'Espagne et de Grèce avec des bouteilles vendues à 2,50 euros. C'est bien loin des tarifs de l'huile d'olive AOP de Nyons. »
Pour contrebalancer, la famille Fayant a d'autres atouts à jouer : « Mon père est issu d'une famille d'agriculteurs basée à Plaisians. Après avoir longtemps produit des abricots, nous cultivons aujourd'hui un hectare d'oliviers en coteaux, soit environ 150 arbres. Nous produisons également près de 1,5 tonne de miel de lavande et 800 kg de miel toutes fleurs, pour une capacité de 200 ruches. C'est aussi un produit à la mode », conclut Olivier Fayant.
Amandine Priolet
Repères / Le moulin de Haute Provence
Date de création : 1977.Moulin avec extension : 500 m².Personnel : 1 salarié à temps plein, 2 saisonniers.Chiffre d’affaires : 140 000 €.Producteurs apporteurs : entre 500 et 600.Récolte moyenne : 300 tonnes d’olives, soit 15 000 l d’huile.Cuves de stockage : 8 de 3 000 l.