Accès au contenu
Tournée préfectorale

Le nouveau préfet sur une exploitation ovine

Lors d'une visite de l'arrondissement de Die, le nouveau préfet de la Drôme a fait étape dans une exploitation ovine. Les difficultés des élevages pastoraux ont été largement évoquées.
Le nouveau préfet sur une exploitation ovine

En arrivant dans la Drôme il y a moins de trois semaines, le nouveau préfet, Eric Spitz, affichait sa volonté d'aller au contact du terrain. Le 26 janvier, il s'est rendu dans l'arrondissement de Die pour des visites le conduisant à Chalancon, Die et jusque dans les Grands goulets. « J'ai souhaité montrer au nouveau préfet des réussites économiques comme Jaillance et Nateva(1), mais aussi l'agriculture et plus particulièrement l'élevage ovin confronté à la prédation, a expliqué Clara Thomas, sous-préfète. Quant aux Grands goulets, dont la route est actuellement fermée, une réflexion est en cours au niveau du Département pour envisager un grand site touristique. »

« Un système d'élevage sensible »

Première étape de cette tournée préfectorale, le Gaec de la Grange Neuve, à Chalancon. Là, Didier Beynet et son épouse Sandrine ont fait visiter leur élevage, qui compte 700 brebis préalpes-du-sud. Les agneaux sont produits sous label rouge. Organisée pour assurer son autonomie fourragère, l'exploitation compte 630 hectares de parcours auxquels s'en ajoutent 70 de prairies et céréales. « En faisant en sorte que les brebis aillent chercher l'herbe, notre système d'élevage est des plus économes, a expliqué Didier Beynet. De plus, les élevages comme le nôtre participent à l'entretien des paysages, à la lutte contre les incendies. Mais les prix de vente des agneaux, même si ça va mieux actuellement, sont restés trop bas. Aussi, et malgré les aides (qui représentent aujourd'hui deux tiers du revenu), c'est un système d'élevage sensible. »

Le loup, « un calvaire de chaque jour »

Une autre difficulté provient de la nouvelle Pac. Les dossiers de demande d'aides en 2015 se sont complexifiés. Les éleveurs attendent toujours leur lettre de fin d'enregistrement. « Nous vivons une situation d'incertitude dont chacun se serait bien passé », a fait remarquer Didier Beynet, également président de FDSEA de la Drôme.
Mais c'est bien sûr le loup qui génère le plus d'angoisse. « C'est un calvaire de chaque jour », a-t-il confié. Le Gaec est confronté au prédateur depuis six ans. La surveillance nuit et jour des animaux est nécessaire pendant les périodes d'estive, et ce malgré les clôtures, les patous... « On ne pourra pas continuer longtemps dans ces conditions qui menacent notre élevage mais aussi notre vie de famille », a expliqué Didier Beynet. Outre les pertes d'animaux, le prédateur induit aussi une baisse de la fertilité du troupeau et, globalement, nuit au développement technique de la filière.

« La Drôme est devenue un exemple »

Autour du préfet Eric Spitz, de la sous-préfète Clara Thomas et de Didier Beynet, on notait la présence des maires de Saint-Nazaire-le-Désert et Chalancon, des conseillers régionaux Claude Aurias et Didier-Claude Blanc ainsi que du conseiller départemental Bernard Buis.

Conscient des difficultés des éleveurs, « nous sommes là pour vous soutenir dans la mesure de nos possibilités et dans le respect des lois », a déclaré le nouveau préfet. De son côté, Clara Thomas a rappelé le travail engagé par les services de l'Etat. « Nous avons gagné une grosse bataille juridique afin que les arrêtés de tirs de prélèvement ne soient plus déboutés au tribunal administratif, a-t-elle souligné. Les choses se sont inversées, c'est une très forte avancée obtenue grâce au travail d'équipe de l'État, des éleveurs et de leurs organisations professionnelles, de l'ONCFS(2), des louvetiers, des chasseurs... Cela a permis une prise de conscience pour que les points de vue évoluent tant au niveau de l'Etat que dans les décisions de justice ou encore dans les médias comme on a pu le voir dimanche dernier dans l'émission Sept à huit. La Drôme est devenue un exemple. »

« Plus loin, plus vite »

Cependant, avec une population de loups en croissance de 10 à 15 % par an, la problématique de la prédation est récurrente. Actuellement, 34 loups sur un quota national de 36 ont été prélevés à ce jour. Selon Clara Thomas, l'État serait en réflexion pour augmenter ce quota en 2016.
Pour Didier Beynet, « le soutien de l'Etat doit se poursuivre car beaucoup d'éleveurs sont dans la difficulté ». Considérant le loup comme étant une « problématique majeure », Didier-Claude Blanc, conseiller régional, a souhaité que le législateur et l'État aillent « encore plus loin et plus vite pour contrer une probable désertification rurale. » Par ailleurs, « nous allons voir à la Région quel soutien il est possible d'apporter », a-t-il ajouté. Claude Aurias, également conseiller régional, a évoqué le « grand désarroi et découragement » qui règne dans les campagnes. « Il y a incompatibilité entre le pastoralisme et le loup », a martelé l'ancien président de la chambre d'agriculture. Pour Bernard Buis, conseiller départemental, « la bataille est en train d'être gagnée. On désacralise le loup et les arrêtés de tir sont validés. »

Christophe Ledoux

(1) Nateva : société développant plusieurs activités de transformation autours des plantes aromatiques et médicinales.
(2) ONCFS : office national de la chasse et de la faune sauvage.

Clara Thomas a souhaité montrer au nouveau préfet des réussites économiques du Diois comme ici la cave coopérative Jaillance.