Le petit épeautre de Haute-Provence a vingt ans

A Mévouillon, sur la ferme expérimentale de l'Ardema, Patrice Maronnier, président du syndicat du petit épeautre de Haute-Provence, a rappelé avec une fierté légitime « l'énergie qu'il a fallu dépenser pour parvenir administrativement à enregistrer les deux IGP », l'une concernant le petit épeautre de cette région et l'autre la farine issue de ce dernier. Le 7 mars, à l'occasion de l'assemblée générale, le président a aussi exprimé sa satisfaction, vingt ans plus tard, de compter aux côtés des membres fondateurs plusieurs de leurs enfants. Rappelons que le syndicat regroupe des producteurs installés sur quatre départements : la Drôme, les Hautes-Alpes, les Alpes-de-Haute-Provence et le Vaucluse.
Une année 2016 encourageante
Le suivi technique des 73 opérateurs de la filière s'est accompagné de résultats satisfaisants, confirmés par une bonne maîtrise des cahiers des charges. La récolte 2016 a été plutôt abondante grâce à un volume estimé à 650 tonnes brutes, soit environ 350 tonnes de grain sur les 333 hectares que couvre le petit épeautre de Haute-Provence. Une progression due aussi aux adhésions de cinq nouveaux producteurs, dont trois en Drôme installés sur les communes de Montlaur-en-Diois, Miscon et Reilhanette et deux dans les Hautes-Alpes, à Savournon et Les Omergues. Les volumes récoltés ont permis d'approvisionner correctement la filière malgré une demande soutenue, pérenne et toujours supérieure à l'offre. La Région Auvergne-Rhône-Alpes, conformément au projet sur la période 2015-2017, a attribué les subventions attendues permettant d'assurer la fiabilité et la durabilité d'une filière que sont invités à rejoindre et à renforcer les agriculteurs produisant du petit épeautre non IGP.
A noter, dans le cadre du renouvellement d'une partie du conseil d'administration, un nouveau membre est entré. Il s'agit de Remi Blanc, producteur bio à Ferrassières.
Développer les surfaces
Lors de la réunion, a été annoncé le lancement d'une réflexion pour assurer la pérennité du syndicat à travers les financements, ainsi que pour développer les surfaces de production et la recherche de nouveaux producteurs (trois vont récolter en IGP pour la première fois en 2017). En partenariat avec les producteurs, les transformateurs et les meuniers, une action sera menée pour « caractériser » le petit épeautre de Haute-Provence, notamment l'élément gluten, objet de controverses chez les nutritionnistes. En perspective aussi, des modifications mais sans incidence sur la qualité du produit s'imposent sur les cahiers des charges, telles que dates de fertilisation et de récolte, délimitation et élargissement de la zone de production...
La bonne santé de l'association
Prolongement du syndicat et interface entre les producteurs et la clientèle, l'association des producteurs du petit épeautre de Haute-Provence défend, promeut et commercialise le petit épeautre et ses produits associés. Elle réalise aussi des achats groupés d'emballages et d'étiquettes. A d'ailleurs été présentée à l'assistance une boîte cartonnée offrant de nets avantages pratiques et esthétiques sur le sachet polypropylène. Le projet a été soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. L'association participera prochainement à des animations et dégustations favorisant les ventes du petit épeautre. Elle projette l'impression sur supports de type carte postale de recettes déclinant l'emploi de cette céréale millénaire, entité végétale d'une valeur historique hautement respectable.
Repères /
La société Bioengrain
Créée en 2016, la société Bioengrain commercialise plants, arbres et arbustes, fleurs, plantes, graines, engrais et aliments pour animaux de compagnie. Elle va désormais reprendre l'activité de décorticage de la SARL Tofagne et installer un nouvel atelier dans un bâtiment industriel situé sur la commune de Montguers, dans la vallée de la Haute-Ouvèze. L'objectif étant de commencer à décortiquer en janvier 2018. Cette entreprise résulte d'un projet collectif prévoyant une répartition équitable du capital entre les producteurs et les entreprises Moulin Pichard et Ekibio.
Recrutement : une nouvelle technicienne
Devant présider à partir de janvier 2018 sur Montguers la nouvelle structure collective de décorticage Bioengrain, Vincent Clary a annoncé qu'il quitterait ses fonctions de technicien et animateur du syndicat du petit épeautre de Haute-Provence à la fin de l'année. Depuis le 1er mars, il assure le tuilage et la formation de Sandie Verdon, recrutée pour lui succéder à ce poste. Domiciliée à Montauban-sur-l'Ouvèze, elle est ingénieure agronome de formation, spécialisée en développement agricole. Après un cursus à AgroParisTech, elle a enseigné l'agronomie auprès de jeunes en formation initiale et en apprentissage pendant plus de deux ans au sein de l'établissement Le Valentin, à Bourg-lès-Valence.
