Le Picodon, prêt pour un nouveau cahier des charges

Avec plus de 516 tonnes vendues en 2016, la production de Picodon a fortement progressé. C'est presque 29 t de plus que l'année précédente. Cette bonne nouvelle n'est pas la seule. En effet, après la publication du nouveau cahier des charges de l'appellation au journal officiel, le 26 février 2016, l'Union européenne a pris le relais le 25 janvier dernier. Si aucun pays ne dépose d'opposition d'ici le 26 avril, ce qui semble très probable, il entrera en application à la fin du premier semestre. Seront alors obligatoires une transformation au lait cru exclusivement, une alimentation du troupeau (fourrages et céréales) provenant entièrement de la zone d'appellation avec une diversité des fourrages (douze espèces), ainsi qu'un seuil de 390 kilos par chèvre et par an de compléments (sans OGM). De plus, il sera possible de faire du Picodon lavé en dehors de la méthode Dieulefit. A la sortie du décret, l'ensemble des points de contrôle du cahier des charges se fera avec un logiciel spécifique (LactiQO) et son programme embarqué (Lactenpoche).
« 2017 verra enfin la reconnaissance de notre cahier des charges, s'est enthousiasmé Olivier Moyersoen, lors de l'assemblée générale du syndicat du Picodon, le 23 mars à Vaunaveys-la-Rochette. Cela renforcera l'image et la dynamique de notre Picodon et fera oublier les tensions du passé », a ajouté le vice-président. Ouverte en 1999, la procédure de révision avait donné lieu à de multiples rebondissements, notamment sur la question de la redéfinition de la zone d'appellation.
Combattre l'usurpation
En présentant le bilan d'activité, Olivier Moyersoen (qui officiait à la place du président Philippe Benezet, absent pour raison personnelle) a insisté sur la nécessité d'une surveillance pour lutter contre l'utilisation frauduleuse du terme Picodon. Trente-cinq marchés ont été visités et trois cas litigieux signalés. Au final, les services des fraudes ont dressé deux procès-verbaux. L'un en Drôme pour délit d'usurpation d'AOP entraîne une action en justice. L'autre, en Ardèche, s'est soldé par une contravention. Les services de l'État procèdent aussi à des contrôles dans les restaurants et les magasins de la distribution. En outre, le syndicat procède à des relevés de prix et des études de pénétration des marchés locaux.
Pour entretenir la notoriété du Picodon, ses membres ont participé à diverses opérations de communication tout au long de l'année dernière (Tour de France cycliste, Salon de l'agriculture, Valence en gastronomie...). Et un projet de signalétique « Route du Picodon » est désormais engagé. Des fiches de recettes de cuisine, un livre « Irrésistible Picodon » ainsi qu'une présence sur les réseaux sociaux et internet valorisent l'image du Picodon auprès du public. « La contribution de tous fera la réussite de nos actions de communication », a insisté Olivier Moyersoen.
Appui technique
S'agissant de la qualité des fromages, la commission organoleptique a testé l'an dernier 77 lots de Picodons. Trois ont été jugés non conformes. Par ailleurs, les appuis techniques sur l'acidification et les flores de surface - « les deux nerfs de la réussite d'un Picodon » - ont été poursuivis. De même que les assistances téléphoniques ou par mail, qui ont concerné 21 exploitations. A noter, au dernier concours général agricole, l'appellation a décroché deux médailles d'or.
Afin de répondre aux nouvelles obligations d'étiquetage nutritionnel, le syndicat a également participé au plan d'échantillonnage mis en place par le Cnaol*. Et les travaux de création d'une « souchothèque Picodon » - destinée à analyser, isoler et conserver des ferments spécifiques aux territoires drômois et ardéchois - ont débuté l'an dernier.
Quant aux comptes du syndicat, après deux exercices déficitaires (2015 et 2016), un budget pour 2017 table sur un retour à l'équilibre. Les adhérents ont par ailleurs approuvé une augmentation de 1 % du montant de la cotisation pour 2018, « sans changement de la méthode de calcul », a-t-il été précisé. Patrick Labaune, président du conseil départemental de la Drôme, a suivi les débats, « pour écouter et connaître les besoins du syndicat », a-t-il indiqué. « Nous avons besoin de votre soutien », lui a répondu Olivier Moyersoen.
Après l'assemblée générale, les administrateurs du syndicat du Picodon ont renouvelé les membres du bureau. Olivier Moyersoen a été élu nouveau président (voir ci-dessous).
Christophe Ledoux
* Cnaol : Conseil national des appellations d'origine laitières.
Syndicat du Picodon AOP /
Olivier Moyersoen, nouveau président

« Je baigne dans le Picodon depuis ma plus tendre enfance, confie Olivier Moyersoen. Je me présente en fervent défenseur de ce petit fromage extraordinaire. » Dans ses priorités, figure le nouveau cahier des charges (voir ci-....). « Nous sommes dans la dernière ligne droite pour la mise en œuvre. Et nous accompagnerons les producteurs qui en auront besoin », annonce-t-il. Il ajoute : « Le lait cru obligatoire pour tous est un ancrage très fort à l'origine de l'AOP Picodon. Tout comme la production de la totalité des fourrages sur la zone d'appellation. » Il met aussi l'accent sur le développement des volumes de production et l'amplification de la communication autour du Picodon. « Ce fromage mérite d'être encore plus connu et mangé par plus de gens », estime-t-il.* Le capital de la SARL Les fromagers fermiers du Peytot est détenu à parts égales par les éleveurs (50%) et les salariés de la société (50%).
Un nouveau bureau :
- président : Olivier Moyersoen, collège entreprise d'affinage (en Ardèche) ;- vice-président : Hervé Barnier, collège fermier (en Drôme) ;
- Trésorier : Sébastien Danger, collège entreprise de transformation (en Drôme) ;
- Secrétaire : Karine Mourier, collège laitier (en Ardèche).