Le Poulet de Mon Enfance, « une autre conception de l’élevage »
En partenariat avec Valsoleil, Bernard Royal Dauphiné lance une nouveauté : « Le Poulet de Mon Enfance ». Il se caractérise par un mode de production conventionnel de qualité supérieure. L’élevage de Damien Bénézet, à Châtillon-Saint-Jean, sert de terrain d’essai.

« “Le Poulet de Mon Enfance” est un produit auquel nous avons commencé à penser il y a environ trois ans pour répondre aux attentes des consommateurs », explique Amandine Steiner, responsable recherche et développement de la SAS Bernard Royal Dauphiné (BRD). Il s’agit d’une démarche de filière et, de surcroît, drômoise. Le modèle d’élevage de cette volaille, BRD l’a conçu en collaboration avec la coopérative Valsoleil. « Il s’inspire de ce qui se fait en Europe du Nord, notamment aux Pays-Bas, avec les jardins d’hiver, poursuit Amandine Steiner. Et, plutôt que de partir tout azimut, nous avons préféré avancer pas à pas en partenariat avec un éleveur, Damien Bénezet. Un bâtiment témoin a été mis en place sur son exploitation. »
Jardin d’hiver, fenêtres, densité réduite...
Damien Bénézet teste « Le poulet de mon enfance » depuis un an et demi. « Le premier lot est arrivé le 14 juin 2019 », se souvient-t-il. Son poulailler a une surface de 1 000 m², dont 20 % en jardin d’hiver (200 m2) sur toute la longueur. Et, pour que les volailles profitent encore plus de la lumière naturelle, des fenêtres ont été installées. Y sont élevées (pendant 50 jours) des bandes de 16 000 poulets « de souche à croissance lente », indique Amandine Steiner. Les poussins proviennent du couvoir de Crest ou de celui de Saint Marcellin. La densité est réduite de 20 % : « elle ne dépasse pas 20 animaux au mètre carré », précise Benjamin Dumoulin, technicien avicole au sein de Valsoleil. L’accès au jardin d’hiver dépend de la température extérieure et de l’âge des poulets (ils doivent avoir suffisamment de plumes).
Damien Bénézet dans le jardin d’hiver de son poulailler.
Les volailles sont nourries avec des céréales non OGM produites dans la Drôme. Leur litière est composée de bouchons de paille. « C’est un produit thermisé et il n’y a pas de poussière, fait remarquer Benjamin Dumoulin. L’ambiance est moins humide qu’avec de la paille broyée. Il y a moins de dermatites et les animaux sont plus propres. » L’environnement intérieur du bâtiment est enrichi avec des perchoirs, blocs à gratter. Le but est d’occuper les poulets car, plus vifs que dans un élevage conventionnel classique, ils ont tendance à davantage se piquer, griffer.
« Au cours de la première année, nous avons fait varier les différentes modalités lot après lot, signale Amandine Steiner. A chaque fois, nous demandions à l’éleveur comment cela se passait, qu’est-ce qu’il constatait. Et, à l’abattoir, nous mesurions les performances. »
Chacun doit y trouver son compte
Construit en 1976 par le grand-père de Damien Bénézet puis utilisé par son père et rénové à plusieurs reprises, ce bâtiment avicole était vacant depuis 2005 mais sain. Début 2019, il a été rénové : seules la charpente et la toiture ont été gardées, tout le reste a été changé (de la dalle au sol à l’isolant des parois et du plafond) et des fenêtres ainsi qu’un jardin d’hiver ont été installés.
Le bâtiment est pourvu de fenêtres (équipées de rideaux électriques) et de perchoirs.
« L’investissement est conséquent - notamment avec les fenêtres (équipées de rideaux électriques), qui n’apportent rien de plus en termes de performances techniques - mais c’est du bien-être pour les animaux et nous, confie Damien Bénézet. Travailler dans ces conditions, avec la lumière naturelle est très agréable. C’est une autre conception de l’élevage, pour moi plus intéressante. Elle me convient très bien. » Si bien qu’il a décidé de rénover, pour le même type de production, un deuxième bâtiment, « copie conforme » du premier et situé juste à côté.
Un contrat tripartite lie l’éleveur, Valsoleil et BRD. Valsoleil garantit une rémunération minimale à tous les éleveurs engagés dans la production « Le Poulet de Mon Enfance ». Damien Bénézet commente : « Tout ce qui est mis en place doit être valorisé, pour dégager le même revenu qu’en production conventionnelle standard. Je veux bien faire des efforts pour le bien-être des animaux mais il faut que tout le monde y trouve son compte. »
BRD a fait visiter le bâtiment de Damien Bénézet à des clients et d’autres éleveurs « pour savoir comment ils percevaient la démarche. Les retours ont été positifs », note Amandine Steiner. Alors, ce modèle d’élevage a été déployé chez quatre autres agriculteurs et le sera chez trois de plus courant 2021, ce qui portera le nombre de bâtiments à neuf. L’objectif de BRD est d’abattre les volailles d’un bâtiment par semaine. « Il faut que tout fonctionne en élevage et en commercialisation, résume Benjamin Dumoulin. Nous sommes partis sur la rénovation de bâtiments, pour limiter les coûts, et testons différentes modalités d’élevage. »
Annie Laurie
L’exploitation Bénézet
- EARL Ben et Fils à Châtillon-Saint-Jean.
- Deux associés : Damien Bénézet (37 ans) et son père, Gilles (62 ans).
- 105 hectares dont 85 en propriété (céréales, semences, noyers).
- Une entreprise de travaux agricoles (SARL).
- Un élevage « Le Poulet de Mon Enfance » dans un bâtiment rénové.
« Le poulet de Mon Enfance » : une gamme lancée en septembre
BRD avait prévu de lancer « Le Poulet de Mon Enfance » en GMS au printemps dernier. Mais, en raison de la crise sanitaire Covid-19, la commercialisation n’a démarré qu’en début septembre, d’abord dans une enseigne. « Ce nouveau produit a été bien accueilli par les distributeurs et les consommateurs », assure Amandine Steiner, responsable recherche et développement chez BRD. « Car la démarche repose sur quatre piliers : le bien-être des animaux et des éleveurs, une filière drômoise (céréales, élevages, abattoir) et une distribution uniquement dans le Sud-Est. Elle s’inscrit dans le développement durable, avec un impact carbone réduit ; tous les élevages sont à moins de 60 kilomètres de l’abattoir ».
Sept références et un emballage éco-conçu
La gamme « Le Poulet de Mon Enfance » comporte sept références : volaille entière, hauts de cuisse, cuisses, sauté (hauts de cuisse sans os ni peau), pilons, ailes, filets. Pour les morceaux découpés, « nous avons voulu associer à cette démarche un emballage éco-conçu, fabriqué par une entreprise iséroise (Eybens), Virgin Bio Pack », signale Amandine Steiner. Il s’agit d’une barquette hybride constituée à 60 % de carton issu de forêts certifiées PEFC (filière gestion durable), recouverte d’un liner (quantité de plastique grandement réduite) et des textes imprimés avec des encres végétales. Sur le dessus, est apposée une étiquette « minimaliste » pour rendre le produit bien visible : « Nous jouons la carte de la transparence, note Amandine Steiner. Et les éleveurs sont mis en avant : leur photo figure sur l’étiquette. Cette barquette, qui est “raccord” avec l’amont, plaît beaucoup ».
A. L.