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Visite de terrain

Le préfet à la rencontre de la filière caprine

A l’invitation de la chambre d'agriculture de la Drôme, le préfet a rencontré des acteurs de la filière caprine, dans un élevage de Portes-lès-Valence puis sur le site crestois d'Eurial.
Le préfet à la rencontre de la filière caprine

Le 19 mai, la chambre d'agriculture de la Drôme avait donné rendez-vous au préfet, Didier Lauga, à l'EARL de la Houppe à Portes-lès-Valence. S'y sont retrouvés des responsables professionnels, élus, représentants des services de l'État... Le préfet a ainsi pu faire mieux connaissance avec la filière caprine drômoise et ses problématiques. Au sein de cette ferme (présentée dans L'Agriculture Drômoise du 5 mars, page 27), Agnès et Jean-Marc Baternel élèvent des chèvres, dont le lait est collecté par Valsud (Crest), des poulets et cultivent 100 hectares. Jean-Marc a, en 1984, pris la suite de ses parents sur cette exploitation.

De 45 à 450 chèvres

Pendant la présentation de l'élevage de l'EARL de la Houppe.

Le troupeau caprin est passé de 45 chèvres à sa création (en 1994) à 450 aujourd'hui. La production annuelle de lait approche les 500 000 litres, soit une moyenne de 1 100 litres par chèvre. « Un haut niveau, a remarqué Jean-Pierre Royannez, premier vice-président de la chambre d'agriculture. La moyenne départementale est d'à peine 800 litres Ce résultat de l'EARL de la Houppe est à mettre en relation avec la génétique (élevage adhérant à Capgènes*), l'alimentation, le travail de ces producteurs... »

Un agrandissement en projet
Salarié sur l'exploitation depuis 2013, l'un des fils, Quentin, est en cours d'installation. Et, son frère Joris (en Bac professionnel productions animales à la MFR de Divajeu), envisage d'en faire autant. Etre plusieurs sur l'exploitation apporte du confort dans le travail. « On peut se remplacer, a dit l'éleveuse. En 20 ans, nous ne sommes jamais partis en vacances. »
L'agrandissement du troupeau et la construction d'un autre bâtiment sont en projet. « C'est un investissement lourd, entre 800 et 1 000 euros la place », a noté Jean-Pierre Royannez. « Une mise de fonds qui oblige à s'endetter », a constaté le préfet. En plus, « nous travaillons avec du vivant, donc nous ne sommes pas à l'abri d'un problème sanitaire », a ajouté Agnès Baternel.

Jean-Marc Baternel expliquant au préfet le fonctionnement de la salle de traite.

Les incertitudes du PCAE

Dans le financement d'un bâtiment d'élevage, le plan pour la compétitivité et l'adaptation des exploitations (PCAE) peut apporter une aide « intéressante », a souligné Jean-Pierre Royannez. Mais encore faut-il que le dossier « passe » la grille de sélection, complexe avec ses multiples critères. Et des questions sont encore sans réponse : un dossier non retenu lors du premier appel à projet aura-il une deuxième chance ? Si les travaux sont commencés, le dossier pourra-t-il être redéposé ? Cette incertitude freine les projets. La profession agricole demande la prise en compte de la date d'enregistrement du premier dépôt de dossier et une simplification de la grille de sélection.

Les tracasseries administratives

Agnès Baternel a aussi soulevé le problème de la partie administrative du métier. Pour la déclaration Pac, « nous avons fait appel à la chambre d'agriculture car c'est très compliqué », a-t-elle indiqué. « Le système administratif est trop lourd », a reconnu le préfet, avant que Jean-Pierre Royannez observe : « Les aides Pac sont importantes dans notre revenu. Les agriculteurs ont peur du contrôle, d'être suspectés d'avoir voulu frauder et que la sanction tombe. Ils le vivent mal ». Et Didier Beynet, président de la FDSEA, a appuyé : « Et c'est souvent sur des points mineurs ». Pour le préfet, « les agriculteurs ne sont pas des fraudeurs potentiels. Il faut trouver un juste équilibre et essayer de simplifier ». Il s'est aussi dit admiratif du travail d'Agnès et de Jean-Marc Baternel : « Votre ferme est un bel exemple. Il faut que ce type d'exploitations se maintienne. Les agriculteurs font vivre le pays, ils doivent être aidés. »

Annie Laurie

* Capgènes : schéma de sélection national.