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Visite d’exploitations

Le préfet en soutien aux agriculteurs

Le 25 juin à Montségur-sur-Lauzon puis à Châteauneuf-du-Rhône, le préfet de la Drôme a rencontré des acteurs du monde agricole qui lui ont fait part des problématiques professionnelles actuelles.
Le préfet  en soutien  aux agriculteurs

A son arrivée dans la Drôme le 4 mars dernier, Hugues Moutouh avait promis d'être un « préfet très agricole, tout terrain ». Et il l'a confirmé une nouvelle fois ce mardi 25 juin lors d'une tournée organisée par la FDSEA de la Drôme dans trois exploitations, à Mirabel-aux-Baronnies, Montségur-sur-Lauzon et Châteauneuf-du-Rhône. La fédération avait pour objectif de présenter au représentant de l'Etat la diversité de l'agriculture, en mettant en avant les atouts et les difficultés des différentes productions drômoises dans leurs territoires. En présence de la sous-préfète de l'arrondissement de Nyons, Christine Bonnard, de Grégory Chardon, président de la FDSEA de la Drôme, d'élus de la chambre d'agriculture et de représentants des Jeunes Agriculteurs, le préfet a été accueilli au domaine des Arches (lire ci-dessous). Il s'est ensuite rendu au Gaec de Saint-Amans à Montségur-sur-Lauzon. Eleveur de 300 brebis, Vincent Feydy a alerté le haut fonctionnaire sur les ravages du loup, de plus en plus forts. « J'ai dû cesser d'emmener mes troupeaux en montagne. Cela me donne non seulement un surcroît de travail mais aussi un surcoût alimentaire. »

Léa Lauzier, jeune exploitante agricole de 30 ans, expliquant au préfet le métier de pépiniériste.

Le loup, un traumatisme pour les éleveurs

« Faire de l'élevage avec la présence du loup, ce n'est plus possible. C'est un drame humain pour notre département. Ce métier devient un cauchemar », a poursuivi son père, Yves, ancien président de la fédération départementale ovine. Père et fils ont tous deux des chiens de protection (patous). Leur seule arme aujourd'hui pour éventuellement se défendre contre l'attaque du loup. Mais ils sont récemment passés au tribunal correctionnel suite à une plainte pour morsure déposée par un marcheur. Les éleveurs dénoncent le mauvais comportement de certains promeneurs face à ces chiens et réclament, auprès des autorités, un plan de communication et des actions plus larges.
Devant le désarroi des éleveurs, Hugues Moutouh a pris conscience de la situation dramatique : « Aujourd'hui, nous avons conscience que, même si vous êtes dédommagés suite à des attaques de loups, ce n'est pas suffisant pour vous enlever le traumatisme vécu. Quand on sait que la population du loup augmente chaque année de 30 %, on se doit de le faire abattre dans des conditions légales. C'est la seule façon de réguler l'espèce. »

Devant Hugues Moutouh, préfet de la Drôme, Vincent Feydy, éleveur à Montségur-sur-Lauzon, expose ses problèmes face au loup. A ses côtés, notamment, Grégory Chardon, président de la FDSEA de la Drôme.

Des réserves de vie sauvage qui inquiètent

Autre thème abordé, l'implication de l'association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) sur la montagne du Miélandre, à Vesc. Après avoir investi Léoncel, les bénévoles de l'association ont déjà récolté plus de 900 000 euros pour acheter un domaine de près de 300 hectares et en faire une réserve de vie sauvage. Une catastrophe pour les éleveurs des alentours qui estiment que les conséquences d'une réserve naturelle seraient considérables, notamment en termes de présence des prédateurs. A ce jour, le dossier est en attente, l'Aspas travaillant sur un nouveau compromis de vente. « Je crois aux vertus du pastoralisme, a souligné le préfet de la Drôme. Je suis donc tout à fait contre ce genre de projets et suis prêt à réfléchir pour éviter la contagion. »

L'eau, un problème récurrent

Pour assurer l'équilibre économique de son exploitation, Vincent Feydy s'est engagé dans la filière des plantes à parfums, aromatiques et médicinales (Ppam). Cette alternative était l'une des seules possibles pour lui puisqu'il ne bénéficie pas de l'irrigation. « Il est urgent de régler le problème de l'eau sur le territoire français, et en particulier pour le monde agricole. Il faut mettre en place une politique publique de l'eau dictatoriale, a annoncé Hugues Moutouh. Quitte à se faire critiquer, être impopulaire, on se doit de réagir. »

Le foncier toujours plus onéreux

La dernière visite de la journée s'est déroulée chez Léa Lauzier, pépiniériste de Ppam à Châteauneuf-du-Rhône. Installée depuis deux ans et demi, la jeune femme compte 600 m² de serres et 1  000 m² de terres pour les boutures en racines nues. Secrétaire adjointe des Jeunes Agriculteurs de la Drôme, elle a sensibilisé le préfet sur le prix du foncier de plus en plus exorbitant : la surface agricole peut atteindre plus de 13 500 euros par hectare. Un sujet qui n'a pas manqué d'interpeller Hugues Moutouh : « Le foncier sert aujourd'hui de spéculation », a-t-il relevé avec stupéfaction. Le haut fonctionnaire a également entendu les inquiétudes des Jeunes Agriculteurs mais aussi d'Hervé Lauzier, amandiculteur, quant à la concurrence étrangère et au manque de considération de l'IGP Nougat de Montélimar pour les produits du terroir. Il faut savoir que les amandes françaises ont un coût de revient presque deux fois plus élevé que les amandes de Californie ou d'Espagne.
En fin de journée, Hugues Moutouh a réaffirmé tout son soutien à la filière agricole. Une nouvelle journée sur le terrain sera prochainement organisée par la FDSEA. 
Amandine Priolet

 

Rencontre de terrain / Ressource en eau, protection contre le gel et les ravageurs, prédation sont les principaux sujets abordés lors de la visite du préfet au domaine des Arches à Mirabel-aux-Baronnies.

Des préoccupations exprimées au préfet

C’est au Gaec des Arches, à Mirabel-aux-Baronnies, qu’a débuté le tournée de visites organisée le 25 juin par la FDSEA de la Drôme. Le préfet Hugues Moutouh a été reçu par les frères Alain et Daniel Ravoux. Le fils de ce dernier, Rodolphe, était également présent puisque c’est lui qui, récemment, a pris les rênes de cette importante exploitation agricole spécialisée dans la production de fruits et légumes, de vins des Côtes-du-Rhône, d’olives et d’huile de Nyons ainsi que de produits du terroir (jus de fruits, confitures et tapenades). Un éventail symbolisant la diversité de la production drômoise.
Quarante ans de vente directe
Situé entre l’Eygues et la route reliant Nyons à Vaison-la-Romaine, le domaine s’étend sur 26 hectares dont 13 consacrés à la vigne, 7 à l’arboriculture, et 6 au maraîchage (dont presque 1 ha sous serre). « Nous cultivons tout au long de l’année en fonction de la demande au magasin, a expliqué Daniel Ravoux. La production est commercialisée en vente directe depuis plus de quarante ans. Fruits et légumes sont ramassés puis vendus dans les deux jours à une clientèle allant de 200 à 300 personnes par jour. Notre gamme est étendue. Au printemps : asperges, petits pois, oignons, artichauts, bettes, salades, radis, fraises, cerises... En été : courgettes, poivrons, aubergines, tomates, haricots, carottes, abricots, pêches, melons, prunes... A l’automne et en hiver : poireaux, choux, potirons, betteraves, raisins, poires, pommes, noix, coings... »
« J’attends de vous un discours franc »
« Je suis un préfet agricole, votre activité est mon sujet de prédilection, a assuré Hugues Moutouh. Je sais que vous préférez être plutôt accompagnés que dirigés. J’attends de vous un discours franc et des projets pertinents que je soutiendrai. » Parmi les sujets évoqués, la prédation du loup et les épisodes de gel récurrents. « Le seul moyen efficace dans les Baronnies, ce sont les bougies, a souligné un jeune producteur. Mais vu le coût et leur non-éligibilité aux aides - car considérées comme un consommable - on ne peut pas faire face alors qu’on nous achète nos abricots à 50 centimes d’euro le kilo. » Autre sujet, l’eau pour laquelle est demandée une politique départementale encourageant la création de petites retenues proches et adaptées aux exploitations.
Avant de terminer par la visite du magasin, un tour dans les vergers de cerisiers protégés par d’imposants filets contre drosophila suzukii a permis au préfet de mesurer le coût de telles installations, variant de 6 000 à 10 000 euros l’hectare. 
J-M. P
 « Nous sommes dans une culture raisonnée et pratiquons la lutte intégrée avec des insectes auxiliaires (chrysopes, nématodes, coccinelles...) », a indiqué le jeune exploitant.