Le risque de carence en soufre est important
Avec un mois de décembre très pluvieux et un mois de janvier sec, le cumul de pluviométrie hivernale est dans une moyenne basse. Les pertes en soufre sont donc dans la moyenne. Voici les conseils d’Arvalis-Institut du végétal pour raisonner la fertilisation soufrée sur blé et orge.

Pour produire 80 q/ha, le blé mobilise de l’ordre de 60 kg/ha de soufre (SO3). L’absorption devient significative au début de la montaison. En cas de non-satisfaction des besoins, le nombre d’épis au m² est la composante principalement affectée.
Le soufre dans le sol et sa disponibilité
Le soufre est présent dans le sol principalement sous forme organique. Il subit une évolution très comparable à celle de l’azote. La minéralisation de la matière organique et des résidus de récolte aboutit à la forme sulfate, seule forme absorbée par voie racinaire. Cette forme sulfate est sensible au lessivage. Les risques de carence se rencontrent dans les sols où la minéralisation est faible : sols calcaires ou acides avec un faible taux de matière organique et dans les sols superficiels, filtrants, où le lessivage peut être important. L’excès d’eau et un état structural dégradé ont également un effet négatif. Les fortes pluies de la fin de l’automne et du début de l’hiver sont le premier facteur de risque cette année. Par ailleurs, toutes les parcelles qui souffrent d’hydromorphie sont particulièrement exposées. Enfin, pour les parcelles qui ont bénéficié de semis dans de bonnes conditions en octobre, les développements végétatifs actuels limitent les besoins pour le moment. Mais dès que les talles se développeront significativement (autour du stade épi 1 cm), les signes de carence pourront être visibles.
Raisonner la fertilisation soufrée sur blé et orge
Sur la base d’essais sur la fertilisation soufrée, Arvalis-Institut du végétal propose un raisonnement à la parcelle à partir de deux grilles de préconisations d’apports de soufre pour les situations avec ou sans apports réguliers d’effluents d’élevage (voir tableaux). Ce raisonnement est basé sur trois critères : le type de sol, la pluviométrie entre le 1er octobre et le 20 février (voir cartes) et les précédents, en distinguant ceux qui ont reçu une quantité de soufre minéral importante comme le colza.
Stratégie d’apport
L’apport de soufre est à faire entre la mi-tallage et le stade épi 1cm, pour que la culture en dispose dès le début de la montaison, stade où la déficience peut apparaître. Une intervention plus précoce expose le soufre sulfate apporté au risque de lessivage en cas de pluies importantes entre le passage et le stade épi 1cm, surtout en sols superficiels.
Thibaut Ray - Arvalis-Institut du végétal