Le Royans-Vercors s'interroge sur sa capacité alimentaire

Composé de 18 communes incluses dans le périmètre du parc naturel régional du Vercors (PNRV), le territoire du Royans-Vercors compte près de 10 000 habitants. A proximité des bassins d'emplois romanais et grenoblois, c'est un territoire rural attractif pour les jeunes familles et dynamique en matière agricole. Sur plus de 8 500 hectares (soit 18 % de la SAU drômoise), 182 exploitations agricoles y développent une agriculture diversifiée et de qualité, dominée par l'élevage.
La communauté de communes du Royans-Vercors (CCRV) travaille depuis plusieurs années à l'amélioration de la qualité de l'alimentation en restauration collective, en partenariat avec les crèches et les Ehpad. Porteuse d'un projet alimentaire territorial (PAT) ambitieux, elle a souhaité avoir une vision précise des besoins alimentaires de son territoire et des productions agricoles en présence. Une étude a ainsi été conduite et ses résultats ont été présentés le 27 mai à Saint-Jean-en-Royans par Nina Croizet et Raphaël Maire, conseillers à la chambre d'agriculture, en collaboration avec Aurélie Gachon, du service agriculture et forêt au PNRV.
Une forte capacité locale à nourrir
Les conclusions s'appuient sur une série d'entretiens effectués au printemps avec 89 agriculteurs, 14 restaurants commerciaux, 14 commerçants, 3 coopératives, 2 entreprises agroalimentaires et 167 consommateurs responsables des courses de leur foyer. L'ensemble constitue des acteurs incontournables du système alimentaire local. Dans la limite des productions réalisables sur le territoire, l'étude montre que le Royans-Vercors pourrait nourrir en théorie huit fois sa population ! Cependant, pour répondre aux besoins, plusieurs productions sont à développer alors que les débouchés d'autres productions seraient simplement, pour partie, à relocaliser. Bien entendu, cela irait de pair avec la nécessité de relocaliser les dépenses alimentaires sur le territoire, et particulièrement les produits locaux. Autrement dit, inviter la population à repenser ses habitudes de consommation.
Après des échanges avec la salle, trois ateliers participatifs ont permis d'élaborer des propositions d'actions concrètes pour la communauté de communes. L'une d'elles porte sur la protection du foncier agricole et son accessibilité afin de développer des productions répondant aux besoins du territoire. D'autres ont trait à l'accroissement de la consommation de produits locaux, l'accompagnement des changements de pratiques de l'ensemble des acteurs du système alimentaire... Le cadre semble désormais bien tracé pour passer des propositions aux actions.
Point de vue / Bertrand Vaussenat, vice-président de communauté de communes du Royans-Vercors (CCRV).
« Un PAT pour mieux manger et mieux produire »

Bertrand Vaussenat : « Les prémices du projet remonte à 2015 avec un diagnostic sur la restauration collective porté par la communauté de communes du pays du Royans. En 2017, avec la création de la communauté de communes Royans-Vercors (CCVR), a été émise l'idée de déployer la réflexion et de la structurer en projet alimentaire territorial (PAT) avec un double enjeu : mieux manger et mieux produire. C'est la philosophie de ce PAT qui consiste à retisser du lien entre le territoire et l'agriculture, à maintenir l'emploi, dynamiser l'économie locale et améliorer la qualité de l'alimentation. Le projet est porté par le pôle social de la CCVR car la réflexion est très transversale. Nous avons beaucoup de partenaires avec lesquels nous avons conventionné comme la chambre d'agriculture, le parc naturel régional du Vercors, la caisse d'allocation familiale, l'Ireps*... Et nous sommes allés chercher des financements européens Leader mais aussi du Département et de l'Agence régionale de santé. »Qui a été associé à la réflexion et quelles orientations ont été prises ?
B. V. : « Le PAT a été construit lors de réunions avec des agriculteurs, des parents d'élèves, des responsables d'associations, des consommateurs... Cela a permis de formaliser six orientations principales : le soutien au développement de l'agriculture nourricière en circuit court ; la restauration collective des personnes âgées et handicapées ; la restauration collective des secteurs de l'enfance, de la jeunesse et des scolaires ; une sensibilisation et éducation alimentaire des jeunes publics ; l'organisation et la facilitation du transport des marchandises ; l'accompagnement des changements de modes de production et de consommation. »Quelle suite va être donnée à ces orientations ?
B. V. : L'ensemble a été décliné en plan d'actions sur trois ans (2018-2020). Sur le volet agricole, nous avons conventionné avec la chambre d'agriculture de la Drôme. Celle-ci, avec l'école d'ingénieurs de Lyon (Isara), a fait un travail d'analyse sur les capacités de production agricole du Royans-Vercors et les besoins alimentaires de ce territoire. Une présentation a été faite le 27 mai (lire ci-dessus). Cela a permis de débattre avec le public présent. L'étude va maintenant être synthétisée et présentée au conseil communautaire qui se réunira fin juin à Saint-Jean-en-Royans. Ensuite, pour ce volet agricole, seront mises en œuvre les préconisations de la chambre d'agriculture afin de valoriser le potentiel agricole du territoire et fournir une alimentation de qualité. »
Propos recueillis par Christophe Ledoux
* Ireps : instance régionale d'éducation et de promotion de la santé.