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Elevage de chèvres

Le syndicat caprin inquiet pour son avenir

Le Syndicat caprin de la Drôme manque de visibilité sur ses soutiens financiers. Ses responsables s'interrogent pour le futur...
Le syndicat caprin inquiet pour son avenir

Incertitude, ce mot est revenu à plusieurs reprises lors de l'assemblée générale du Syndicat caprin de la Drôme, le 18 avril à Divajeu. Le manque de lisibilité sur certains programmes d'action aidés est source d'inquiétude pour le syndicat. C'est le cas du nouveau Crof(1), démarré mi-octobre 2015. « Actuellement, nous n'avons aucune visibilité sur son devenir, avec la nouvelle Région, a regretté le président, Christian Nagearaffe. Nous ne savons pas s'il sera maintenu en l'état, modifié pour intégrer l'Auvergne ou supprimé. » Le Département, lui, maintient son soutien pour 2016. Mais à l'avenir, avec la loi Notre, il ne pourra plus accompagner financièrement le syndicat de la même façon. « Cela fait beaucoup d'incertitudes, a remarqué Christian Nagearaffe, avant de mettre en avant « le travail accompli (sur les aspects fromagerie, la mise en place d'une filière viande de chèvre, la conduite d'autres projets) qui démontre bien que nous avons notre place dans le département. Si rien ne bouge en termes de financement, nous devrons très vite prendre des décisions. 2016 risque de ne pas être évidente. Mais il ne faut pas voir tout en noir, la situation se débloquera peut-être au niveau du Crof ». Et Eliane Brès, ancienne présidente, a ajouté : « Les mois à venir seront cruciaux ».

La viande de chèvre

Le Syndicat caprin de la Drôme intervient dans l'accompagnement technique, l'information, la formation des éleveurs, la promotion des produits, des programmes d'action... Elina Harinck, coordinatrice chargée du développement de la filière, a rendu compte de l'activité 2015. C'était la dernière année du Pida(2) « valorisation de la viande de chèvre ». Dans le cadre de celui-ci, le syndicat a poursuivi ses actions pour développer l'approvisionnement de la restauration collective (collèges et écoles primaires). Il a aussi accompagné d'autres démarches individuelles ou collectives. Parmi elles, un projet d'abattoir collectif et celui d'un artisan dans les produits transformés, tous deux dans le Sud-Drôme, mais aussi un atelier collectif du Nord-Drôme voulant développer ses équipements.
Autres activités : des simulations économiques à la demande d'éleveurs, la sensibilisation de producteurs à la valorisation de leurs chèvres de réforme... En termes de promotion, un livre de recettes va paraître. Et une rubrique « Où trouver nos produits » a été créée sur le site internet du syndicat, répertoriant les éleveurs (22) vendant de la viande caprine. La communication passe aussi par la participation à différents évènements pour faire connaître cette viande.

Valoriser les chevreaux

Un programme de valorisation des chevreaux (légers et lourds) est en cours. Il s'agit d'un programme « filière émergente » sur deux ans financé par la Région, dont l'axe principal est la promotion du chevreau auprès des consommateurs.
Concernant la diffusion des travaux sur l'aromathérapie et la phytothérapie en élevage caprin (programme Biovallée lancé en 2012), le syndicat a finalisé le projet. Son site internet va prochainement s'enrichir d'une interface dédiée à la phytothérapie, avec un forum ouvert à tous les éleveurs caprins, ovins et bovins. Au sujet des soins avec les plantes et huiles essentielles, dont la réglementation a rendu l'usage plus restrictif, « le dossier suit son cours, a dit Christian Nagearaffe. C'est aux structures nationales de le porter pour le faire évoluer. » Quant au partenariat avec le Fibl, institut suisse de recherche sur l'agriculture biologique, il se poursuit. L'été dernier, le Syndicat caprin a participé à la réalisation d'essais pour tester l'efficacité vermifuge du sainfoin, a expliqué Amélie Lèbre, chargée de mission.

Actualité nationale

Frédéric Blanchard (Isérois) a évoqué l'Union nationale des producteurs laitiers fermiers (UNPLF), dont il est le président. Elle a été créée fin 2015 pour représenter et défendre les éleveurs de chèvres, brebis, vaches fabriquant des produits laitiers sur leur exploitation. Il a aussi abordé l'étiquetage nutritionnel des produits préemballés, obligatoire à partir du 13 décembre prochain. « Cet étiquetage est stupide sur nos fromages car il porte sur la matière brute, nos produits ne sont pas standardisés, le lait varie..., a-t-il confié. Nous nous battons contre. La réglementation européenne prévoit des dérogations pour la vente en circuits courts. Il reste huit mois pour en obtenir une. C'est l'un des grands thèmes de travail de la Fnec(3). »

Annie Laurie

(1) Crof : contrat régional d'objectif de filière.
(2) Pida : programme intégré de développement agricole.
(3) Fnec : Fédération nationale des éleveurs de chèvres.

 

Petits ruminants / A l'initiative d'éleveurs ovins et caprins, un abattoir de proximité devrait en principe ouvrir à Saint-Auban-sur-Ouvèze mi-2017.
Un projet d'abattoir dans le Sud-Drôme
Un abattoir de proximité pour les petits ruminants devrait voir le jour à Saint-Auban-sur-Ouvèze. Ce projet réunit douze éleveurs du Sud-Drôme (10 d'ovins et 2 de caprins) ayant des besoins d'abattage de l'ordre de 1 300 animaux par an. « Le projet est déjà bien engagé, explique l'un d'eux, Rémi Gorge. Nous avons fait des démarches auprès de la DDPP. Les demandes d'agrément et de permis de construire vont être déposées. Les éleveurs vont se former sur le bien-être animal, le transport, la maîtrise de l'hygiène dans l'abattoir. D'une surface inférieure à 200 m², l'abattoir devrait être finalisé en juin 2017. » Un atelier de découpe et transformation est aussi envisagé, à moyen terme.
Rémi Gorge y voit un intérêt pour valoriser ses chèvres de réforme (en charcuteries) et chevreaux (aujourd'hui vendus à un atelier d'engraissement). Il élève 40 chèvres (nubiennes et alpines) à Montfroc et vend ses fromages sur le marché d'Aix-en-Provence.
A. L.