Le tensiomètre un atout pour la gestion de l’eau

«Les agriculteurs doivent trouver les moyens et les indicateurs nécessaires pour utiliser, au plus juste, la ressource eau », explique Yves Pousset d'Arvalis Auvergne-Rhône-Alpes. « Grâce aux sondes tensiométriques, il est possible de mesurer le niveau de sécheresse du sol. Au travers d'expérimentations sur les types de sol et par rapport aux différentes cultures, des seuils ont été mis en place au-delà desquels il y a nécessité d'irriguer. Ces références agronomiques guident les agriculteurs pour installer leurs sondes tensiométriques. Grâce aux mesures, ils répondent aisément aux trois questions essentielles qu'ils se posent en matière d'irrigation, à savoir : quand est-ce que je commence ? Comment je réagis quand il pleut ? Et quand est-ce que j'arrête ? »
Des économies d'eau et d'argent
Supervisé par Éric Farré, conseiller agro-environnement à la chambre d'agriculture du Rhône, le groupement d'étude et de développement agricole (Geda) de l'Ozon comptabilise 48 agriculteurs adhérents. Depuis 2006, ils sont engagés dans une démarche de suivi de sondes tensiométriques soutenue par le syndicat mixte d'hydraulique agricole du Rhône (SMHAR) et le syndicat des producteurs de maïs semences. « Les informations récoltées auprès des agriculteurs font l'objet d'un flash irrigation qui s'appuie sur la méthode Irrinov1 développée par Arvalis. Il est envoyé aux 160 irrigants de l'Est lyonnais », indique Éric Farré. « La nouvelle génération de sondes permet d'apporter un conseil encore plus précis2 ». Une étude des consommations d'eau pour l'irrigation dans l'Est lyonnais depuis 1989 a mis en évidence « une efficience croissante en eau du maïs via l'augmentation des rendements (+ 12 q/ha, soit + 10 %) et la diminution de la quantité d'eau apportée, soit une irrigation en moins (30 à 40 ml). À cela, nous rajoutons l'augmentation de l'ETP qui entraîne une perte totale de 105 mm (trois irrigations). La quantité d'eau nécessaire pour produire 1 kg de matière sèche diminue (- 18 %) ».
Témoignage
Christian Suiffet est céréalier sur la commune de Saint-Priest où il exploite 120 ha de blé, d'orge et de maïs. Il dispose de deux boîtiers équipés de six sondes implantés sur deux sites. « Le flash info hebdomadaire offre des informations de plus en plus pointues. C'est une aide à la décision et à la gestion formidable en particulier pour démarrer le premier tour d'eau, explique-t-il. On sait ce qu'il faut faire quand il pleut. S'il n'y a pas besoin d'eau, je n'en mets pas et, de fait, je réalise de vraies économies. Enfin, on arrête l'irrigation en toute sérénité. » Il n'hésite pas à affirmer que « c'est l'idéal, d'autant plus que les nouveaux équipements sont encore plus simples à utiliser ». Christian Suiffet adhère au Geda de l'Ozon depuis le début. « Je me suis décidé après avoir testé les premières stations. J'ai ainsi pu me faire une idée précise de l'intérêt de cet équipement. Les suivants ont été financés en partie par le Geda. ».
1 - Irrinov d'Arvalis est une méthode de pilotage de l'irrigation par culture et par région, impulsée en 2006 par le Pep de Rhône-Alpes grandes cultures. Arvalis-infos.fr
2 - Le renouvellement des sondes tensiométriques représente 46 000 euros : financé à 50 % par l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, 30 % dans le cadre du Psader-Penap de l'agglomération lyonnaise (Région Auvergne-Rhône-Alpes, Département du Rhône, Grand Lyon, communautés de communes de l'Est lyonnais et du Pays de l'Ozon) et 20 % par la chambre d'agriculture du Rhône.