Le tourisme fluvial prend de l'essor

À Tain-l’Hermitage (Drôme), on se rappelle très bien des premiers aménagements construits pour permettre aux bateaux de s’amarrer. Gilbert Bouchet, l’actuel maire et sénateur de la cité drômoise se souvient d’ailleurs des démarches effectuées auprès des différents armateurs « En 1995, il fallait les convaincre qu’il n’y avait pas que le Rhin », raconte-t-il. Aujourd’hui, les croisiéristes sont beaucoup plus nombreux. En 2015, 118 000 passagers ont voyagé sur le Rhône à bord de paquebots fluviaux. Un chiffre en constante progression et de véritables bols d’air pour les territoires traversés.
Des retombées directes sur les territoires
En 2014, 64 % des retombées économiques du tourisme fluvial provenait en effet de l’activité de ces bâtiments. Les paquebots fluviaux sont des bateaux à passagers dont la qualité des prestations équivaut à celles d’un hôtel 3 ou 4 étoiles. Ceux-ci permettent en moyenne l’accueil de 135 passagers (50 à 190). Et aujourd’hui, ce sont 26 paquebots qui sillonnent le bassin Rhône Saône (contre 7 en 2000). Ce bassin, qui s’étend de Saint-Jean-de-Losne (Côte-d’Or) à Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône), est d’ailleurs considéré comme le premier bassin français pour cette activité en termes de nombre d’unité. Des chiffres et une tendance qui profitent en tout cas aux différentes communes qui accueillent les escales. Il en existe pour l’heure 31. Bientôt 32, la ville de Valence ayant annoncé aménager une halte fluviale fin 2017. « Ces escales sont capitales pour les professionnels. Cela leur permet de développer leur activité et leur chiffre d’affaires », explique Christophe Bonin, directeur de l’office de tourisme Hermitage Tournonais. Cette structure se veut par ailleurs être un facilitateur, tant auprès des compagnies de croisières que des professionnels du territoire. « Nous sommes des relais, des intermédiaires. Nous pouvons guider des groupes par exemple. Tout au long de l’année, nous organisons aussi des "Éductour", des visites sur le terrain à destination des agences et tour-opérateurs pour leur montrer les sites touristiques à visiter. Il y a également des échanges tout au long de l’année pour leur faire part des évolutions », poursuit-il. « Nous faisons connaître à nos clients les richesses patrimoiniales, nous voulons montrer des choses extraordinaires avec un vrai attrait touristique », confirme Axel Araszkiewicz, responsable relations extérieures chez CroisiEurope.
Des visites clés en main
Didier Chol, viticulteur à Chavanay (Loire), accueille parfois quelques croisiéristes. « Cela fait une dizaine d’années que nous en accueillons car il y a une halte fluviale à Chavanay. Nous en recevons peu car les arrêts ne sont pas fréquents. Mais nous ne vendons pas grand-chose », affirme-t-il. Les croisiéristes préfèrent, semble-t-il, déguster sur place. « C’est difficile de voyager par la suite en avion avec des bouteilles de vin », indique-t-on à l’office de tourisme intercommunal de Viviers. Lorsque les croisiéristes font escale à Tain-l’Hermitage ou Tournon-sur-Rhône, ceux-ci se dirigent vers la Cité du chocolat Valrhona, le château de Tournon, le village de Boucieu-le-Roi ou encore les domaines viticoles. À Viviers, les vacanciers apprécient davantage les vieilles pierres. « Nous organisons aussi des marchés de producteurs afin que ces derniers aient accès à cette clientèle », souligne Christophe Bonin.
Des vacanciers étrangers
Il faut dire que ces vacanciers ont un fort pouvoir d’achat. Ceux-ci sont principalement américains, germanophones ou encore britanniques. Les seuls 25 % de croisiéristes français sont exclusivement transportés par la seule compagnie française qui exploite le bassin Rhône Saône, à savoir CroisiEurope.
Aurélien Tournier
Les principales escales (chiffres 2015, source VNF)
Lyon 1 003Avignon 849
Viviers 710
Arles 555
Mâcon 539
Tournon-sur-Rhône 473
Châlon-sur-Saône 406
Les autres produits du tourisme fluvial /
- Outre les paquebots fluviaux, il convient de préciser qu’il existe d’autres produits, à l’instar des péniches hôtels. Ceux-ci circulent surtout en Bourgogne ainsi qu’en Languedoc-Roussillon. En Rhône Saône, on les retrouve sur le canal du Rhône à Sète et la Saône, entre le canal de Bourgogne et le canal du Centre. Nombre de passagers * : 3 800.- Les bateaux promenades se développent quant à eux à proximité des sites touristiques (Lyon, lac du Bourget, Vienne, etc.). Nombre de passagers * : 414 000.
- Il existe aussi la location de bateaux habitables. Ceux-ci circulent sur les rivières et canaux à petit gabarit, et notamment sur la petite Saône, la partie amont de la Saône ainsi que sur le canal du Rhône à Sète. La navigation sans permis est interdite sur le Rhône. Nombre de passagers * : 34 000.
- Enfin, notons aussi la plaisance privée. Toutes les voies d’eau sont concernées. Le trafic est important à proximité des ports. Le bassin Rhône Saône est emprunté comme un axe de transit, pour se rendre par exemple vers la Méditerranée. La plaisance résidente concerne toutes les voies d’eau. Le trafic est plus important à proximité des ports. Le bassin Rhône Saône est un axe très emprunté par les plaisanciers en transit (pour se rendre dans une autre région ou vers la Méditerranée). Flotte : 4 300 bateaux dans les ports du bassin.
*Chiffres 2015. Source : VNF.