Le travail intercep en démonstration

Sept constructeurs différents et une soixantaine de viticulteurs se sont donnés rendez-vous le 31 mars dernier sur une parcelle du Domaine de Vigier à Lagorce (07), lors d'une démonstration organisée par la chambre d'agriculture de l'Ardèche et le réseau bio des chambres d'agriculture de Rhône-Alpes. Ce réseau coordonne chaque année un événement de ce type. En 2016, c'est la pulvérisation confinée qui était à l'honneur. « Compte-tenu des pressions réglementaires sur la diminution des herbicides, les vignerons sont amenés à se poser la question des alternatives au désherbage chimique, explique Amandine Fauriat, référente technique régionale en viticulture bio. Nous prenons donc contact avec des marques qui distribuent des outils de travail du sol, surtout lors de salons, puis ces constructeurs contactent des concessionnaires en local. »
Et les viticulteurs ont répondu à l'appel, à l'image de Sébastien Vigne, venu en voisin puisque son domaine se trouve aussi à Lagorce : « On a des terres similaires, c'est pratique. Nous sommes déjà équipés d'intercep avec un disque qui travaille entre les pieds, car nous sommes en conversion bio. On aimerait s'équiper d'un système différent et complémentaire, en fonction des besoins, des époques de l'année. »
Stéphane Dupré, du Domaine de Vigier, n'est pas en bio mais n'utilise plus de désherbant depuis plus de dix ans sur ses terres de Lagorce. « Ce sont des terres faciles à travailler. Par contre, sur nos parcelles de Saint-Remèze, il y a plus de cailloux, on a besoin d'outils », explique-t-il. Lesquels sont les plus adaptés ? « Plus ou moins tous. Il faut en avoir plusieurs pour travailler à différentes profondeurs, en fonction des saisons. J'utilise des lames et on vient d'investir dans des brosses. On monte aussi des disques pour buter l'hiver. On effectue trois à quatre passages par an, les années où ça se passe bien. Si on ne passe pas assez souvent, la terre se durcit. »
Des machines aux propriétés multiples
Après une description des machines, chaque concessionnaire effectue un aller-retour dans les rangs, suivi de près et commenté par les viticulteurs présents. « Ce sont des outils que les viticulteurs connaissent et qui sont améliorés chaque année », précise Béatrice Renoud-Lyat, conseillère viticole à la chambre d'agriculture de l'Ardèche. Bineuse à doigts, décavailloneuse, soc sarcleur, outil rotatif... Des outils aux vertus différentes, aux combinaisons multiples, à utiliser avec ou sans système d'effacement devant le pied. « Il y a deux types d'outils : ceux qui nettoient l'herbe et ceux qui enlèvent la racine de l'herbe », explique Pierre Ébène, commercial pour la marque Egretier. Dans la première catégorie, on trouve les lames bineuses. Elles coupent les racines des herbes en place, qui vont ensuite se dessécher. Les outils rotatifs « broient mais ne vont pas chercher la racine ». Les décavaillonneuses « cherchent en profondeur ». Elles découpent une bande de terre pour la retourner, grâce à un soc. La bineuse à doigts présentée le 31 mars utilise encore un autre système. Ses disques de chaussage, utilisés à grande vitesse, projettent la terre de part et d'autre du rang pour désherber grâce au déplacement de terre.
Une autre façon de désherber
Chacun de ces équipements a un coût : autour de 15 000 euros pour la plupart. « Tout nous intéresse mais le matériel est cher, fait remarquer un couple venu de Berrias. On ne sait pas si on va s'y mettre, on vient aux renseignements pour se tenir au courant des autres façons de travailler. » En général, « les viticulteurs n'achètent pas sur le coup, constate Amandine Fauriat. Mais après ils vont voir chez les voisins qui ont ce type de matériel. » Un autre viticulteur note qu'il est difficile de mettre ces outils en commun, « car tout le monde en a besoin au même moment ».
L'autre frein à l'achat, c'est le temps passé dans les vignes quand on travaille le sol sous le rang. Deux heures par hectare pour certaines parcelles, selon Béatrice Renoud-Lyat. Les machines peinent donc à concurrencer les herbicides, mais « l'intercep, on y revient de plus en plus », confie le commercial, Pierre Ébène : « Les usines tournent à fond, la production augmente d'années en années depuis quatre à cinq ans ».
Marie-Charlotte Laudier