Accès au contenu
Vautours

Le vautour, un équarrisseur naturel dans les Baronnies

Depuis des années, les éleveurs de bétail font appel à des entreprises pour l’évacuation et le traitement des carcasses d’animaux. Or un équarrisseur naturel et efficace est disponible dans le parc des Baronnies provençales, le vautour ! Petit à petit un réseau de placettes d’équarrissage se développe.
Le vautour, un équarrisseur naturel dans les Baronnies

Le 13 décembre, le parc naturel régional (PNR) des Baronnies provençales et l'association Vautours en Baronnies invitaient les éleveurs ovins et caprins de la région à la découverte du principe des placettes d'équarrissage naturel. Ils ont été reçus à la ferme-auberge Dagobert, à Rochebrune, où Patrick Resneau et son fils Dagobert élèvent quelque 350 ovins et une cinquantaine de porcs en plein air. Depuis plus d'un an et demi, ils disposent sur leur propriété d'une placette d'équarrissage sur laquelle ils se sont débarrassés d'une quinzaine de carcasses d'animaux grâce à l'intervention des vautours.

La placette d’équarrissage située à Rochebrune. La zone est clôturée pour être hermétique à la faune sauvage ou aux animaux errants.

Une zone clôturée

Eloignée des habitations, à l'écart d'un cours d'eau et située sur les hauteurs du relief, la placette permet la pose et l'envol des rapaces nécrophages. C'est une zone clôturée, de 20 à 50 mètres de côté, hermétique à la faune sauvage (essentiellement sangliers ou chiens errants), au milieu de laquelle l'éleveur dépose et attache les carcasses des animaux morts naturellement ou par accident. Selon la qualité et l'étanchéité des sols et sur appréciation des services vétérinaires, la placette peut être équipée d'une dalle en béton de cinq mètres de long sur deux de large et d'une quinzaine de centimètres d'épaisseur afin d' éviter aux « jus d'égouttages » issus des cadavres de pénétrer dans le sol. Les restes (squelettes et peaux) peuvent être incinérés dans un brasero ou enfouis avec de la chaux pour accélérer la disparition.

Un processus économique

Dans les Baronnies, les vautours participent efficacement à l'élimination des cadavres d'animaux. Ils épaulent ainsi la filière du service public de l'équarrissage, laquelle connaît des difficultés pour accéder à l'ensemble des exploitations. En effet, selon les saisons, des délais de récupération atteignent quatre ou cinq jours et enfreignent les 48 heures légales d'enlèvement.
L'équarrissage naturel permet ainsi d'économiser des transports dans les processus d'élimination des cadavres. De plus, la dispersion des placettes oblige les vautours à étendre leur domaine de prospection à la recherche de nourriture. Ils peuvent, de ce fait, découvrir d'autres cadavres (cheptel ou faune sauvage) inaccessibles à l'homme ou ayant pu passer inaperçus. Les vautours ont leur place de « recycleurs » efficaces et inoffensifs.

Trois placettes et deux autres en projet

Quiconque propose de se livrer au nourrissage des rapaces nécrophages est tenu d'en demander préalablement l'autorisation au préfet (via le directeur des services vétérinaires) du département où est implanté le charnier. Le PNR des Baronnies provençales a présenté à la préfecture le projet de Dagobert Resneau, à Rochebrune, et en a financé la mise en place pour un montant de quelque 3 000 euros. La Drôme compte deux autres placettes : à Bellegarde-en-Diois et à Saint-Ferréol-Trente-Pas. Une quatrième est en projet à Châteauneuf-de-Bordette et une cinquième à La-Roche-sur-le-Buis. 

J-M. P.

 

Vautours : une spécialisation alimentaire performante

Quatre espèces de vautours se chargent de ce système de « nettoyage naturel ». Le vautour fauve, spécialisé dans les viscères et les muscles, possède un long cou dénudé qui lui permet de sonder le cadavre pour en extraire les moindres morceaux. Le vautour moine, au bec fort et tranchant, affectionne les parties plus coriaces, comme la peau, les tendons et les cartilages. Le vautour percnoptère glane les menus morceaux tandis que le gypaète barbu a un régime essentiellement constitué d’os. L’appareil digestif des vautours est une arme redoutable (outil anti-infectieux) pouvant détruire la plupart des agents pathogènes. Dans leur jabot et leur estomac, les enzymes et une acidité extrême sont d’un effet virucide et bactéricide sans égal dans la nature !