Le vent en poupe pour les ingénieurs agronomes

Une vingtaine de places pour plus de cent candidatures. C'est ce à quoi est confronté depuis quelques années Jean-Paul Malleval, responsable des formations en alternance à la direction du développement de l'Isara. Depuis quelques années, il constate un intérêt grandissant pour le cursus en apprentissage proposé dans cette école lyonnaise située à Gerland. Cette année, 24 élèves ont pu être employés par des entreprises. « Je reçois environ 50 à 60 offres tous les ans », précise-t-il. L'engouement se manifeste du côté des élèves, des professionnels du secteur mais le nombre de places est trop réduit pour permettre de satisfaire la demande de plus en plus importante. « Aujourd'hui, on pense que l'enseignement supérieur a moins besoin de contrats en apprentissage. Pourtant, nous avons des élèves qui, après un Bac pro ou techno, souhaitent se perfectionner en entreprise », reprend-il.
Dépasser l’expertise scientifique
La profession d'ingénieur agronome évolue avec le temps. De nouveaux métiers se profilent face à de nouvelles méthodes de travail. L'école a donc dû adapter ses cours pour former les ingénieurs agronomes de demain. « On observe l'agronomie sous un angle pionnier. Un ingénieur qui faisait du conseil en exploitation agricole il y a quelques années était formé aux fondements scientifiques. Aujourd'hui, nous tenons davantage compte du marché financier, du volet commercial du métier », ajoute Jean-Paul Mellaval. Dans les cours de production animale, le bien-être animal fait désormais partie intégrante de l'enseignement, le numérique aussi a pris une place très importante. Autre point primordial enseigné : le savoir-être. « Un ingénieur, ce n'est pas seulement celui qui fait des beaux schémas, qui est reconnu par sa hiérarchie. C'est celui qui va au-delà de l'expertise scientifique et qui accompagne », précise le responsable des formations en alternance. Sur le modèle lyonnais, Isara Paca devrait voir le jour à la rentrée 2018. De bonnes perspectives pour une profession qui n'a pas l'air de souffrir sur le marché du travail. Six mois après l'obtention de leur diplôme, 90 % des étudiants en recherche d'emploi sont embauchés, la majorité d'entre eux en CDD.
A. Pelotier
INGÉNIEUR EN APPRENTISSAGE / Édouard Coquatrix suit la formation ingénieur par apprentissage proposée par l’Isara Lyon. En alternance, il partage son temps entre l’école lyonnaise et son employeur normand.
« Travailler dans une startup ? Je m’y verrais bien… »
«Après mon bac, je voulais devenir vétérinaire ». Depuis Édouard Coquatrix en a décidé autrement. À 22 ans, il est aujourd’hui en alternance au service financement de l’agriculture dans une banque à quelques kilomètres de Rouen. « Tous les jours, je suis plongé dans les chiffres et les calculs », explique-t-il. Son quotidien : le financement de dossiers de rachat de ferme, d’exploitation ou encore de terres agricoles de la Haute-Normandie. Ce jeune normand originaire de La Crique en Seine-Maritime est inscrit en quatrième année de la formation ingénieur par apprentissage à l’Isara Lyon.Analyse et idéesDiplômé du DUT en génie biologique en option environnement de Caen, il est arrivé à Lyon en septembre 2015. « J’avais envie de mettre un pied à l’étrier dans le conseil agricole, reprend Edouard. L’année dernière, il était en alternance dans une entreprise d’affinage de fromage à Montmélian (Savoie). J’étais chargé d’améliorer les outils de la chaîne de production ». Trouver des solutions, c’est ce qui le passionne le plus dans son métier. « Mon travail, c’est beaucoup d’analyse. Il m’est arrivé de rester planté trois à quatre heures à regarder les machines pour comprendre leur fonctionnement. Parfois le tapis de sortie était mal réglé. Mon rôle était d’apporter des idées pour résoudre les problèmes », explique l’étudiant. Plus sensible au milieu agricole qu’agroalimentaire, il souhaite avant tout être au contact des professionnels, « pouvoir rencontrer de nouvelles personnes, échanger avec elles ». Il rajoute : « Je m’intéresse à l’environnement, j’ai vécu toute mon enfance et adolescence à la campagne. L’agriculture a toujours fait partie de ma vie ». Pendant ses études supérieures, Edouard a pu faire ses preuves dans le négoce, travaillant au contact direct des agriculteurs, notamment à la réception de bennes de céréales en tant que saisonnier. « Cela m’a motivé à être présent auprès des agriculteurs en tant que support », ajoute-t-il. Une expérience qui lui a donné une approche terrain du métier lui apportant des connaissances pratiques.