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Elections législatives

Législatives : faire entendre la voix de l'agriculture

Alors que la campagne des élections législatives bat son plein, les candidats ont été invités par la FDSEA et les JA à venir sur des fermes. Les syndicats ont présenté leurs propositions pour l'agriculture.
Législatives : faire entendre la voix de l'agriculture

Pour que la voix de l'agriculture soit entendue en amont des élections législatives, FDSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) de tous les départements ont invité les candidats sur des fermes. Dans la Drôme, quatre sites ont été choisis, un par circonscription électorale. Le 30 mai, deux rencontres ont été organisées simultanément de 10 à 12 heures : l'une à l'EARL de Marty, à La Roche-de-Glun ; l'autre à l'EARL Magnon, à Autichamp. Le lendemain, deux autres rendez-vous ont été fixés : à l'EARL Courtial à Etoile-sur-Rhône, et au Gaec de la Réserve à Margès. Sur les soixante-et-un candidats à la députation, douze sont venus et deux se sont excusés.
A bâton rompu, dans une cour de ferme ou sous un hangar, et même à l'intérieur d'un poulailler vide, les discussions ont été nourries. Il faut dire que les deux syndicats n'étaient pas venus les mains vides mais avec des propositions pour l'agriculture française (voir encadré). « Notre objectif est de vous sensibiliser à l'importance des décisions que vous prendrez si vous êtes élu(e) député(e) car elles auront des conséquences sur notre métier d'agriculteur », a dit Grégory Chardon, président de la FDSEA, en accueillant les candidats de la première circonscription à La Roche-de-Glun. Nous avons des idées et des solutions pour sauver, dynamiser et renforcer l'agriculture française et nous sommes là pour vous les présenter. » A ses côtés, Pierre-Henri Defrance, membre du bureau de JA, a évoqué « la voix des campagnes ».

Une agriculture de poids

A La Roche-de-Glun (à l'EARL de Marty), comme candidats de la première circonscription électorale de la Drôme, étaient présents Mireille Clapot (LREM), Pierre-Jean Veyret (PS), Bertrand Ract-Madoux (LR-UDI) et sa suppléante Marlène Mourier. Dans la salle de conditionnement de Philippe et Claudine Chirouze, les candidats à la députation ont pu apprécier la qualité des premiers abricots récoltés cette année en Drôme. A leur côtés également, Grégory Chardon (président de la FDSEA) et son père (venu témoigner sur le niveau des retraites agricoles), ainsi que Bruno Darnaud (président de l'AOP pêches et abricots de France).

Avant d'entrer dans le vif du sujet, les représentants syndicaux ont d'abord présenté les chiffres clés de l'agriculture drômoise. Une introduction bien utile car nombre de candidats ne sont pas familiarisés avec l'activité agricole et ont tout à découvrir. Ont été mis en avant, entre autres, la diversité des productions, le nombre (6 000) et la taille des exploitations (32 ha en moyenne) ainsi que le poids économique (700 millions d'euros) et social (12 à 13 000 équivalents temps plein) du secteur.
La pression foncière, la main-d'œuvre saisonnière, l'excès de normes, les entraves à l'investissement (comme les oppositions à toute construction de nouveaux bâtiment d'élevage...) ont été quelques-uns des sujets évoqués. Mais aussi les crises dans diverses filières, la complexité de la Pac et les retards de paiement, les dégâts de sangliers ou encore les difficultés liées à la présence du loup. Sur ce point, face à l'augmentation incessante de la prédation, FDSEA et JA réclament le déclassement du loup comme espèce protégée dans la convention de Berne et la directive Habitat. « Soyez sensibilisés à ce que vivent les éleveurs car c'est un véritable traumatisme », a fait comprendre Grégory Chardon aux candidats des élections législatives. Au-delà de ces problématiques, les responsables syndicaux ont également mis en avant la politique de l'installation ainsi que l'innovation et la forte diversification du secteur agricole drômois. Autant d'atouts pour une agriculture que les deux syndicats souhaitent « viable, vivable et transmissible ».

Europe, normes, investissements, coût du travail

A Autichamp (à l'EARL Magnon), Célia De Lavergne (LREM), Pascale Rochas (PS), Paul Bérard (LR) ainsi qu'Olivier Amos (FN, suppléant de Rachel Reygnier) ont participé à la rencontre organisée par la FDSEA et JA sur la troisième circonscription électorale. Une douzaine d'agriculteurs et représentants syndicaux FDSEA et JA étaient présents, parmi lesquels le président de JA26, Sébastien Richaud. Ils ont été accueillis par Alexandre et Bernard Magnon.A Margès (Gaec de la Réserve), étaient présents les candidats suivants au titre de la quatrième circonscription électorale : Emmanuelle Anthoine (LR), Latifa Chay (REM), Pierre Jouvet (PS). Ils ont été accueillis par une dizaine d'exploitants et responsables FDSEA et JA, parmi lesquels Jean-Pierre Royannez, Guy Péran et Corinne Deygas. Gilles Dumoulin avait choisi d'organiser la rencontre dans son bâtiment avicole actuellement en vide sanitaire. Une véritable immersion pour les candidats à la députation.

Dans leurs propositions, FDSEA et JA ont insisté sur le poids des politiques européennes. Lors de chacune des quatre rencontres, « nous voulons une Pac forte, un budget préservé et la fin des distorsions de concurrence intra-communautaire », ont dit les responsables syndicaux. Ils ont aussi dénoncé les surtranspositions de normes et réclamé de l'harmonisation au sein de l'Union européenne. En matière de compétitivité, « il faut remettre l'innovation et le progrès au cœur des politiques agricoles », a expliqué Grégory Chardon. Pour ce faire, les deux syndicats réclament un grand plan national d'investissements de six milliards d'euros sur cinq ans. De même, ils estiment nécessaire d'augmenter les capacités de stockage en eau, « facteur incontournable pour produire ». Sur ce point, « il faut agir sur le long terme, a insisté Bruno Darnaud, arboriculteur à La Roche-de-Glun. Si l'on irrigue aujourd'hui, c'est grâce aux grands travaux du Rhône réalisés il y a plus de soixante ans. »
En matière de coût du travail, le cheval de bataille de la FNSEA est la mise en œuvre de la TVA sociale afin de supprimer les cotisations famille et maladie. « Cela représente plus de huit points de cotisations sociales, de quoi redonner un souffle de compétitivité aux exploitations », a souligné Grégory Chardon. S'agissant de la suppression du CICE*, les syndicalistes ont mis en garde les candidats à la députation. « Ce dispositif, cumulable avec la "réduction travailleur occasionnel", est simple et efficace. Sa suppression entraînerait une augmentation du coût du travail », a mis en garde Bruno Darnaud. Un sujet qui a son importance dans un département comme la Drôme où sont recrutés chaque année entre 30 000 et 35 000 saisonniers.

Prix, installation, gestion des risques, retraites

A Etoile-sur-Rhône (à l'EARL Courtial), au titre de la deuxième circonscription, ont assisté à la rencontre Franck Reynier (UDI) et sa suppléante Françoise Chazal, ainsi qu'Isabelle Malric (PS). Alice Thourot (LREM) s'était excusée. Une quinzaine d'agriculteurs FDSEA et JA ont animé la rencontre.A Etoile-sur-Rhône (à l'EARL Courtial), au titre de la deuxième circonscription, ont assisté à la rencontre Franck Reynier (UDI) et sa suppléante Françoise Chazal, ainsi qu'Isabelle Malric (PS). Alice Thourot (LREM) s'était excusée. Une quinzaine d'agriculteurs FDSEA et JA ont animé la rencontre.

Face au déséquilibre des relations commerciales, « il faut arrêter la guerre des prix bas, a clamé ensuite le président de la FDSEA. L'État doit réformer la loi de modernisation économique (LME) et inverser la logique de construction des prix afin que les agriculteurs puissent vivre du prix de vente de leurs productions. » « Il faut faire évoluer le droit de la concurrence, a ajouté Bruno Darnaud. Nous demandons une exception agricole sur la fixation des prix planchers car le rapport de force en matière commerciale n'est pas chez les producteurs agricoles. »
La recherche et l'innovation font aussi partie des priorités présentées par la FDSEA et JA aux candidats à la députation. L'accent a été mis sur la nécessité de conforter les budgets de l'expérimentation agricole. Par ailleurs, les deux syndicats plaident pour la mise en place d'un statut de l'agriculteur professionnel, ceci afin de protéger le modèle d'exploitations familiales et doter les exploitants de droits et d'obligations concrètes.
La confortation de la politique de l'installation a été mise en avant, notamment pour améliorer la « professionnalisation » des jeunes et leur faciliter l'accès au foncier. S'agissant de la gestion des risques, l'amélioration du dispositif assurantiel est demandée ainsi que la création, sur le plan fiscal, d'une « réserve de précaution ». Une autre des propositions des deux syndicats porte sur la valorisation des retraites agricoles. Est demandée aux futur(e)s député(e)s une réforme structurelle avec un calcul sur les 25 meilleures années et non sur toute une carrière comme actuellement.
Attentifs, les candidats à la députation ont pris des notes, posé des questions. Ils se dont dits ouverts et réceptifs à la compréhension des problématiques du monde agricole. « N'oubliez pas que lorsque vous serez député(e), nous vous solliciterons souvent », leur a dit Grégory Chardon.

Christophe Ledoux

* CICE : crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi.

 

FNSEA - JA /

Les mesures proposées pour l'agriculture française

Préparer l'avenir dès à présent
- Un grand plan national d'investissement agricole 2017-2022 doté de 6 milliards d'euros.
- Une politique structurée de la ressource en eau et de son stockage.
- Un statut de l'agriculteur professionnel, avec un cadre protecteur.
- L'introduction dans la Charte de l'environnement d'un principe d'innovation pour équilibrer le principe de précaution.
- Un égal accès à la téléphonie et au très haut débit sur tout le territoire
Redonner des marges de manœuvre aux agriculteurs
- La TVA sociale afin de supprimer totalement les cotisations famille et maladie.
- Un coût du travail salarié abaissé par une augmentation du taux du CICE pour favoriser l'emploi.
- Une réserve de précaution sous la forme d'un outil fiscal moderne et souple pour faire face aux aléas.
- Des retraites décentes pour les agriculteurs avec un calcul sur les 25 meilleures années.
Remettre de l'équité dans les filières de la fourche à la fourchette
- Réformer le cadre réglementaire des relations commerciales pour un partage équitable de la valeur.
- Un projet agricole et agroalimentaire européen, protecteur et conquérant.
Sortir de l'enfermement français sur les normes.
- Arrêt immédiat de toute « sur-transposition » des normes européennes.
- Déclasser le loup comme espèce protégée dans la convention de Berne et la directive Habitat.
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Dans leur manifeste, JA ajoute notamment les propositions suivantes :

Favoriser le renouvellement des générations
- Promotion du plan de professionnalisation personnalisé (PPP) et de la dotation jeune agriculteur (DJA) avec un budget ambitieux.
- Renforcement de l'enseignement agricole et de la formation.
- Une politique foncière pour les jeunes.
- Mesures fiscales incitant à la transmission des exploitations.