Accès au contenu
Vandalisme

Les abattoirs Gesler, victimes d’un incendie criminel !

Dans la nuit du 27 au 28 septembre, l’entreprise Gesler située à Haut-Valromey dans l’Ain a été victime d’un incendie dont la piste criminelle a été avérée. Après le choc et la stupeur, la solidarité s’organise.
Les abattoirs Gesler, victimes d’un incendie criminel !

Dans la nuit de jeudi à vendredi 28 septembre à Haut-Valromey dans l'Ain, l'abattoir Gesler a été gravement touché par les flammes. L'incendie s'est déclaré vers minuit et demie, détruisant une partie des bureaux, la salle de salaison et la salle de découpe. La salle d'abattage, bien qu'indemne des flammes, est momentanément inutilisable en raison des poussières et de la destruction du réseau électrique. Très vite, les éléments de l'enquête ont permis de conclure à la piste criminelle : six départs de feu ont été identifiés. Des remorques et des camions, stationnés à proximité des bâtiments, incendiés à l'aide d'hydrocarbures et une brèche dans la clôture du site témoignent de la méthode utilisée par les malfaiteurs. Le feu s'est ensuite propagé aux bâtiments. La nuit même, aussitôt la nouvelle ébruitée, les solidarités se sont organisées. Les éleveurs se sont relayés pour extraire une cinquantaine de bovins parqués dans la bouverie et les emmener dans les fermes. Lundi, certains s'affairaient encore à sortir les carcasses calcinées des ruines de l'abattoir. Beaucoup ont aussitôt témoigné de leur soutien et leur affection à Myriam Gesler, patronne emblématique de l'établissement et à son équipe.

 

Myriam Gesler.

« Gesler, c'est la famille »

La stupeur a laissé place à un mélange de colère et de tristesse. Car dans ce petit village enclavé, Gesler, c'est bien plus qu'un abatteur. Avec 80 salariés, des centaines de fournisseurs et prestataires, des dizaines d'exploitations partenaires, l'entreprise fait figure de poumon économique local depuis plus de soixante ans. L'abatteur a toujours entretenu des liens très étroits avec les éleveurs du secteur. « Gesler, c'est la famille. Là-bas, on n'est pas que des numéros. Chacun s'appelle par son prénom et on sait que notre vache sera payée le prix qu'elle vaut », résume Nicolas Conty, éleveurs de 240 bovins allaitants avec son frère Sébastien. L'acte criminel paraît d'autant plus absurde qu'on est très loin de l'image d'Épinal des gros abattoirs industriels. « Ces criminels s'en sont pris à une entreprise familiale. Un outil de proximité qui a mis en place depuis de nombreuses années des démarches de qualité, qui a établi des partenariats avec les éleveurs, les bouchers et les restaurateurs du secteur, soulignaient, vendredi dernier, Adrien Bourlez et Gaëtan Richard, respectivement président de la FDSEA et de JA de l'Ain. Par la réalisation de travail à façon pour les éleveurs, ils ont aussi permis l'essor des filières courtes et de la vente directe, répondant ainsi aux attentes sociétales et mettant ainsi en valeur le savoir-faire des éleveurs du département. »

Un abattoir pionnier du bien-être animal

L'entreprise, pionnière du bien-être animal, n'a pas attendu que cela devienne obligatoire pour installer des caméras de surveillance à l'intérieur des locaux, sonoriser la bouverie pour tranquilliser les bêtes et refuse l'abattage sans étourdissement préalable. L'écho de l'indignation a dépassé les frontières de l'Ain. Une fois n'est pas coutume, tous les syndicats agricoles ont cosigné un texte dénonçant cet acte criminel et plus généralement la multiplication d'actions militantes violentes contre l'élevage au sens large.

Étienne Grosjean

Le 30 septembre, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, s’est rendu sur place pour mesurer l’ampleur des dégâts et rencontrer gérants, salariés et éleveurs.

La Région débloque 200 000 euros

Dimanche 30 septembre, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, s’est rendu sur place pour mesurer l’ampleur des dégâts et rencontrer gérants, salariés et éleveurs qui travaillent en lien avec l’entreprise Gesler.
Il a annoncé le déblocage immédiat de 200 000 euros, pour faciliter le redémarrage de l’abattoir et a promis que la Région soutiendra, si besoin, la trésorerie de l’entreprise.


Christiane Lambert solidaire et sur place ce vendredi

La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, se rendra aux abattoirs Gesler, à Haut-Valromey, ce vendredi 5 octobre. Elle rencontrera ensuite les agriculteurs à la fruitière de Saint-Martin-du-Mont. Tous les agriculteurs sont invités à participer à cette mobilisation solidaire autour des établissements Gesler. Pour les organisations syndicales, il s’agira aussi de témoigner du ras-le-bol de la profession face aux attaques dont elle est l’objet de la part de militants anti-élevage. La FDSEA de l’Ain a décidé de se porter partie civile. Une plainte a ainsi été déposée lundi. Son président, Adrien Bourlez, dénonce un acte « inadmissible », réitère le soutien de la profession à la famille Gesler et à ses 80 salariés.  Il appelle les éleveurs à communiquer sur la réalité de leur métier. « Aujourd’hui, c’est ce qui nous manque : communiquer sur notre métier et pas laisser la place à des associations qui veulent nous nuire tous les jours ». Jonathan Janichon, responsable de la section bovine de la FDSEA de l’Ain, appelle les pouvoirs publics et Emmanuel Macron  « à prendre des mesures fortes pour punir les comportements d’antiviande qui appellent à la haine ».

Myriam Gesler : « Ils ne gagneront pas »  

 

C’est dans la tempête que l’on reconnaît les grands capitaines. Bien que profondément affectée par « cet attentat commis par des gens sans courage », la patronne des abattoirs Gesler tient la barre ferme. « Nous avons été victimes d’un acte lâche perpétré par des gens très organisés, a-t-elle déclaré. Six départs de feu. Des gens encagoulés, vêtus de combinaisons d’après ce que l’on voit sur les vidéos : il ne peut pas s’agir d’un individu isolé qui aurait pété les plombs. » Jamais elle n’avait reçu de menaces. « Ces gens-là ne gagneront pas, a-t-elle confié. Nous ne nous laisserons pas faire et nous allons reconstruire cet abattoir. En s’attaquant à cet outil, ils se sont attaqués à tout un territoire. Une entreprise, c’est aussi des salariés qui vont au Proxi du village ou au restaurant, mes représentants qui dorment à l’hôtel... C’est toute une économie locale. » La mobilisation rapide des élus de la région, et du département l’a touchée. Plus encore celle des éleveurs et des habitants du secteur, venus à la rescousse sitôt l’alerte donnée.  « Nous avons assisté à un élan phénoménal de solidarité de la part des éleveurs. Je savais qu’on pouvait compter sur eux mais ça dépasse tout ce que j’avais imaginé. »