Les aléas climatiques, un critère à intégrer dans la conception d’un bâtiment

Si les bâtiments d'élevage doivent d'abord être conçus pour répondre à certains critères de fonctionnalité, ils doivent permettre de protéger au mieux des aléas climatiques l'ensemble des animaux, produits et autres matériels qu'ils abritent. Alors que le monde fait face à un dérèglement climatique qui n'est plus à démontrer, les constructeurs de bâtiments agricoles doivent, plus que jamais, respecter les normes pour pallier les phénomènes de vent, de chutes de neige parfois plus importantes, de grêle, etc. « Le bâtiment doit résister aux différents phénomènes auxquels il risque d'être soumis pendant sa durée de vie. Ainsi, à la construction d'un bâtiment, nous devons répondre à certaines normes. Nous devons par exemple respecter les règles "neige et vent" (NV65-84-2010-Euro1) », explique Laurent Colomp, agent commercial chez TechnicBois Moulin. Ces règles ont pour objectif de fixer les valeurs des charges climatiques (neige et vent) et de donner les méthodes d'évaluation des efforts correspondants.
Respecter les normes de construction
Pour des raisons pratiques et simples d'application, le territoire national français a été découpé en diverses zones en fonction de données statistiques fournies par les instances nationales sur les différentes zones d'enneigement (hauteur de neige et/ou charge de neige). En termes de charges de neige sur les couvertures, l'Eurocode 1 stipule des zones de A à E, représentant les risques, du moins élevé au plus élevé. Les Savoie et Haute-Savoie disposent d'un code C2/E selon les cantons définis, tandis que la Loire et le Rhône figurent en A2. L'Ardèche, la Drôme et l'Isère sont en C2, et l'Ain en A2/C2 en fonction des cantons. « On considère que les charges de neige évoluent en fonction de la latitude, de l'altitude et des conditions météorologiques », poursuit le commercial. Ainsi, pour que le bâtiment agricole résiste au manteau neigeux, « les pièces et assemblages de pièces, que ce soit métallique ou bois, doivent être dimensionnées en fonction pour reprendre les efforts. »
Spécialisée dans les constructions bois, la société TechnicBois Moulin réalise ainsi, par le biais des ingénieurs, des calculs sur le poids de neige que pourrait supporter le bâtiment en fonction de la qualité du bois utilisé, de son taux d'humidité, et du classement du département en question figurant sur l'Eurocode 1. « À partir de toutes ces données, nous pouvons voir s'il est nécessaire de passer sur une section de bois supérieure et un assemblage plus efficace », explique Laurent Colomp.
Adapter les matériaux aux conditions météorologiques
Autre aléa à prendre en compte, les fortes bourrasques, propres à la vallée du Rhône. Là aussi, les règles « neige et vent » divisent la France en quatre zones de vent. Les constructeurs utilisent des contreventements, dispositifs conçus pour reprendre les efforts du vent dans la structure et les descendre au sol.
Ils sont disposés de sorte à ce que le bâtiment résiste au vent, de manière longitudinale et latérale. La triangulation est le type de contreventement le plus fréquemment utilisé. « Le bâtiment peut également être orienté de différentes façons, en fonction des contraintes liées aux animaux, au stockage de matériel ou encore aux panneaux photovoltaïques. Tout en prenant en compte ces critères, le choix de l'orientation du bâtiment peut aussi être imposé par la réglementation et les services de l'urbanisme (l'orientation des faîtages des bâtiments existants) », souligne le commercial de TechnicBois Moulin. Finalement, ces normes et ces matériaux de construction sont destinés, depuis plusieurs décennies, à construire des bâtiments agricoles durables et fonctionnels.
Vers des bâtiments durables
« Nous n'avons pas de contraintes supplémentaires particulières liées au dérèglement climatique pour l'instant. Cela arrivera certainement dans les années à venir », souligne Laurent Colomp. Avant de poursuivre : « Aujourd'hui, les préoccupations majeures des éleveurs ne reposent pas sur l'adaptation au changement climatique mais plutôt sur la fonctionnalité du bâtiment, le coût, etc. Certes, ils veulent un bâtiment solide et durable mais il n'y a pas de sensibilité particulière quant au climat. »
Quoi qu'il en soit, les contraintes en termes d'assurance des bâtiments d'élevage ne changent pas : « L'éleveur assure son bâtiment contre les dégâts liés aux intempéries, et les entreprises de gros œuvre, à savoir la maçonnerie et la charpente, disposent d'une garantie décennale. »
Pour autant, le commercial met en garde contre la recherche d'économie : « Je me souviens des grosses chutes de neige qui avaient mis à terre 26 bâtiments à Millau en 2006. À l'époque, les constructeurs n'avaient pas forcément respecté les règles et normes de construction, sinon les bâtiments ne se seraient pas écroulés ainsi ».
Il assure aujourd'hui que les normes neige et vent ont été retravaillées et durcies, obligeant les constructeurs à réaliser des bâtiments plus solides et parfois, donc, un peu plus onéreux : « Dans une problématique agricole, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. Mais les normes de construction doivent être respectées », conclut Laurent Colomp.
Amandine Priolet