Les ambitions agricoles et forestières de Valence Romans Agglo

Près de 1 000 exploitations sont recensées sur le territoire de l'agglomération Valence Romans Agglo. Un territoire dont la moitié de la surface est agricole (40 000 hectares). La forêt, elle, occupe 24 000 ha. En avril dernier, la collectivité signait une charte co-construite avec différents partenaires, parmi lesquels la chambre d'agriculture et le CRPF(1). Son objet, sur la période 2016-2020, est de favoriser le développement agricole et forestier. Pour en débattre, agriculteurs et forestiers ont été conviés à l'une des trois réunions d'information organisées le 8 février à Bourg-lès-Valence, le 13 à Triors et le 14 à Montvendre. « Nous sommes sur un territoire très différencié avec des zones urbaines, périurbaines et rurales, a indiqué Fabrice Larue, vice-président de Valence Romans Agglo, en débutant la première rencontre devant un public clairsemé. Notre objectif est d'en accroître l'attractivité et de favoriser le "vivre ensemble". L'agglo est un acteur incontournable de l'aménagement et du développement territorial. Nous sommes dans une logique d'impulsion des projets et d'accompagnement. »
Pression foncière
Trois ambitions et sept objectifs forment la trame de la charte de développement agricole et forestier de Valence Romans Agglo. Gaelle Watel, en charge de ce dossier à l'agglomération, en a fait une présentation. La première ambition vise à renforcer l'activité agricole et forestière dans l'économie de proximité. Les objectifs sont vastes. Y figurent l'installation et la transmission des exploitations, l'organisation des filières locales, le soutien à la diversification, la production d'énergie, l'aménagement de l'espace... Des exemples d'actions ont été cités : cerner les besoins en main-d'œuvre locale, faire de la veille foncière, être en vigilance sur la révision des PLU... Dans la salle, Philippe Chirouze, représentant de la FDSEA et du Cap(2), a mis l'accent sur la forte pression foncière dans ce territoire. « La faire baisser est un enjeu, que comptez-vous faire ? », a-t-il questionné. Fabrice Larue a répondu qu'une convention a été signée avec la Safer. Elle porte sur la veille foncière, l'installation et la transmission. « A l'Agglo, a-t-il ajouté, nous partageons l'idée de moins consommer de foncier mais des élus communaux restent encore à convaincre. »
Autonomie alimentaire
La charte prévoit aussi de renforcer la qualité et l'autonomie alimentaire du territoire, lequel compte 225 000 habitants répartis sur 56 communes. « C'est une ambition phare de l'agglomération », a souligné Fabrice Larue. Sont prévus, entre autres, de développer et promouvoir les circuits courts, sensibiliser les consommateurs à acheter local, renforcer la présence et l'identification des producteurs locaux sur les marchés de plein air. « Nous allons aussi sensibiliser les restaurateurs et les traiteurs à s'approvisionner localement », a complété Gaelle Watel. L'agglomération va également inciter la restauration collective publique à faire de même, ce secteur servant quelque 5 000 repas chaque jour de la semaine. Un projet de légumerie, en concertation avec d'autres territoires, apparaît nécessaire.
Enfin, Valence Romans Agglo, qui compte sept captages d'eau prioritaires, ambitionne de renforcer la protection de la ressource en eau. A d'ores et déjà été lancé un programme en faveur de l'agriculture biologique. Le soutien à la recherche, l'expérimentation ainsi qu'à l'innovation environnementale et climatique fait aussi partie de ses objectifs.
« Nous balayons très large »
A l'issue de la présentation des actions, Fabrice Larue a confié : « Nous balayons très large ». Dans la salle, Christian Nagearaffe, agriculteur à Montmiral, a critiqué ce qui lui semble une trop forte inclinaison vers les seuls circuits courts. « On n'est pas là pour faire du jardinage ou de l'entretien de l'espace mais bien pour maintenir une activité économique à l'instar de la noix de Grenoble qui s'exporte », a-t-il fait observer. Ce même producteur a aussi fait part de la dramatique situation de l'élevage laitier en Drôme des collines, regrettant de ne rien trouver à ce sujet dans le document de l'agglomération. « Je partage votre constat, a répondu Fabrice Larue. L'enjeu économique est de travailler sur les filières. Mais on ne pourra pas aller sur tous les fronts. »
Représentant la forêt privée, André Aubanel a souhaité que le travail à engager pour réduire le morcellement se fasse avec les outils déjà existants. « Attention à ne pas seulement enfoncer des portes ouvertes », a-t-il mis en garde.
Reste que les moyens financiers mobilisés détermineront l'ampleur et la réussite des actions de cette charte. A la question de Paul Despesse, vice-président de la chambre d'agriculture, Fabrice Larue a répondu que « le budget est en préparation ».
Christophe Ledoux
(1) CRPF : centre régional de la propriété forestière.
(2) Cap : comité d'actions et de projets.