Les bâtiments d’élevage adoptent les diodes électroluminescentes

Depuis 2012, l'EARL de la Vallée, implantée au hameau de Reculais (commune d'Arthemonay), au nord du département de la Drôme, fait la part belle aux diodes électroluminescentes. Emmanuel Dochier, 39 ans, est éleveur de volailles de chair, en intégration avec la société Duc. Et celui qui a repris les rênes de l'affaire familiale en 2000 le reconnaît volontiers : il a préféré cette solution afin de réduire sa consommation d'énergie. Et, de fait, faire également quelques économies. En 2013 et 2015, il a d'ailleurs équipé ses deux autres bâtiments avicoles. « Notre bâtiment situé à l'entrée du village a été un véritable bâtiment pilote. Nous avons même fait des portes ouvertes. Avant 2012, il n'était pas configuré comme cela. Nous avons mis une double isolation à la toiture, ainsi que trois échangeurs de chaleur. Puis, nous avons ajouté des ampoules led (9 watts). Il y en a 140 au total ; quatre lignes de 35 dans un espace de 1 350 m2. Dans mes deux autres bâtiments, ce sont des néons à led (21 watts) », explique l'éleveur. Les trois bâtiments abritent au total quelque 97 000 poulets standards.
Si l'éleveur est conscient que cette installation présente plusieurs intérêts, difficile de communiquer des données précises quant aux économies réalisées. « Il n'y a pas de compteur sur les différents outils utilisés, on ne peut donc pas donner des chiffres », note-t-il. Mais cela est sûr, pour une puissance lumineuse équivalente, les sources led consomment beaucoup moins d'énergie. Du point de vue de l'utilisation de l'équipement, il avoue ne pas toucher à l'intensité. Il peut être amené, en revanche, à régler la hauteur des luminaires. « Ils sont montés sur câbles. Je les rapproche des animaux pour augmenter la puissance de l'éclairage. Ils ont en effet besoin de plus de lumière lorsqu'ils sont jeunes. Ils doivent être actifs et consommer les aliments. Quand ils grandissent, on remonte la lumière et l'intensité est diminuée », poursuit-il.
Des technologies pour avancer
L'équipement compte également une rangée de lumières bleues pour l'enlèvement des volailles en fin de bande. « Cela les calme », ajoute-t-il. Une rangée de lumières vertes permet au contraire de les stimuler. Bref, l'éclairage ne semble pas avoir d'effet négatif sur la productivité.
Un équipement qui a un coût. Emmanuel Dochier estime son prix à 30 % supérieur à celui d'un éclairage classique. Mais il le sait, cet argent sera amorti rapidement. Son installation durera d'autre part bien plus longtemps qu'un éclairage traditionnel. Cet éleveur est d'ailleurs encouragé dans ses choix par la société Duc. « Nous avons une volonté d'accompagner nos éleveurs. Nous suivons la technique et ses évolutions, pour continuer à être performants. La problématique de l'énergie est importante, on ne peut pas produire plus de mégawatts. Il faut utiliser les technologies pour se développer et éviter la surconsommation. En plus, les leds correspondent davantage à de la lumière naturelle », explique Frédéric Beilliard, technicien chez Duc depuis neuf ans.
Une vision qui est également partagée par Frédéric Sourd, conseiller bâtiment à la chambre d'agriculture de la Drôme. Le technicien admet d'ailleurs que les leds doivent être développées davantage dans les exploitations. Et ce, pour plusieurs aspects : la consommation d'énergie bien sûr, la qualité d'éclairage ainsi que la sécurité. « Cette solution est aussi pertinente qu'une autre. La lumière est mieux dirigée et dégage moins de chaleur que des lampes à incandescence halogène qui sont encore parfois utilisées. Les leds réduisent également les risques d'incendies liés à la poussière qui auraient pu s'y déposer », indique-t-il.
Aurélien Tournier