Les bonnes pratiques pour protéger les abeilles

En butinant de fleur en fleur, les insectes pollinisateurs participent à la production de nombreuses cultures et contribuent aussi à la qualité des récoltes. Les causes de dépérissement des abeilles sont multiples et la préservation de la santé du cheptel apicole implique la mise en place de bonnes pratiques à plusieurs niveaux : gestion des ressources alimentaires des abeilles ; maîtrise des risques sanitaires du cheptel et utilisation raisonnée des produits phytopharmaceutiques en protection des cultures.
Période de floraison et de production d'exsudats
Des intoxications d'insectes pollinisateurs peuvent se produire particulièrement quand les produits phytopharmaceutiques sont appliqués pendant la période de floraison ou lors de la production d'exsudats, car c'est dans ces situations que les butineuses sont les plus actives, tant sur les plantes cultivées que sur les adventices. La contamination peut avoir lieu à deux moments (pendant et après le traitement phytosanitaire), par deux voies d'intoxication différentes : contact ou ingestion.
La réglementation
L'arrêté du 28 novembre 2003 prévoit que, pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, les traitements réalisés au moyen d'insecticides et d'acaricides sont interdits durant la période de floraison et pendant la période de production d'exsudats sur toutes les cultures visitées par ces insectes. Par dérogation, certains produits sont autorisés durant ces périodes si l'étiquetage porte une des mentions suivantes : emploi autorisé en floraison ; emploi autorisé au cours des périodes de production d'exsudats ; emploi autorisé durant la floraison et au cours des périodes de production d'exsudats. Dans les 3 cas, l'application doit se faire en dehors de la présence d'abeilles. Ces mentions sont attribuées pour un usage et avec une dose déterminée. Pour vérifier si un produit dispose d'une de ces mentions, reportez-vous à l'étiquette du bidon qui précise la décision d'autorisation de mise sur le marché (AMM). Les applications d'insecticide ou d'acaricide en présence d'abeilles sont à proscrire. L'activité des abeilles dans les parcelles est fortement réduite au lever du jour et à la tombée de la nuit. En effet, la faible luminosité diminue leurs facultés d'orientation et les températures fraîches limitent leurs capacités de vol. Pour les abeilles domestiques, les données disponibles montrent que 12 °C est un seuil au-delà duquel l'activité commence à devenir significative. En effet, dans une expérimentation de plein champ conduite par Terres Inovia en 2013, sur 2 690 abeilles identifiées par radio-fréquences (41 350 sorties au total) seulement 2,3 % de sorties par des températures inférieures à 12 °C ont été comptabilisées. Si cette limite de température est associée à une faible luminosité la fréquentation est d'autant plus réduite. Par conséquent, nous recommandons fortement de traiter à la tombée de la nuit car la plupart des butineuses ont quitté les parcelles et le délai entre l'application et le contact des abeilles avec le produit est supérieur à celui obtenu avec une application réalisée le matin. Les périodes de traitements à privilégier sont après l'heure du coucher du soleil telle que définie par l'éphéméride ou dans les 3 heures précédant l'heure du coucher du soleil telle que définie par l'éphéméride si la température est inférieure à 12 °C.
Attention aux mélanges de produits
Les mélanges de produits phytopharmaceutiques sont dangereux pour les abeilles. L'association de certaines molécules à visée phytopharmaceutique peut faire courir un risque important aux pollinisateurs (effets possibles de synergies). Pour cette raison, il convient d'être extrêmement vigilant en matière de mélanges et de respecter l'arrêté ministériel du 7 avril 2010. Ce dernier prévoit dans son article 8 : que « durant la floraison ou au cours des périodes de production d'exsudats, au sens de l'article 1er de l'arrêté du 28 novembre 2003 susvisé, un délai de 24 heures soit respecté entre l'application d'un produit contenant une substance active appartenant à la famille chimique des pyréthrinoïdes et l'application d'un produit contenant une substance active appartenant aux familles chimiques des triazoles ou des imidazoles. Dans ce cas, le produit de la famille des pyréthrinoïdes est obligatoirement appliqué en premier ». Les mélanges extemporanés de pyréthrinoïdes avec triazoles/imidazoles sont donc interdits en période de floraison et d'exsudation de miellat par les pucerons.
À partir de la Note BSV « Les abeilles, des alliées pour nos cultures : protégeons-les ! » et de la Fiche colza « Les bonnes pratiques de traitement en floraison pour protéger les abeilles »
Recommandations /
- Dans tous les cas, observez vos cultures avant de traiter !
- Ne traiter que si nécessaire. Pour cela, observez vos parcelles et tenez compte pour chaque ravageur des seuils d’intervention qui sont indiqués sur le site de Terres Inovia www.terresinovia.fr ou bien sur les guides cultures téléchargeables en ligne sur ce même site.
- Il est interdit de traiter en présence des abeilles, même si le produit comporte la mention « abeilles ».
- Respectez les doses et les précautions d’emploi mentionnées sur l’étiquette des produits.
- Les traitements de bordure de parcelles en début d’infestation du charançon des siliques ou de colonies de pucerons peuvent souvent être suffisants.
- Par ailleurs, un temps frais et couvert est défavorable à l’activité de butinage des pollinisateurs.
- En cas de traitement, veillez à la compatibilité avec la réglementation.
Pour en savoir plus
• « e-phy » : catalogue des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages autorisés en France.
• Note nationale BSV 2012 : Les abeilles, des alliées pour nos cultures : protégeons-les !
• Fiche colza : les bonnes pratiques de traitement en floraison pour protéger les abeilles -Terres Inovia, FOP, FNSEA – 2016 - terresinovia.fr - Fiches à télécharger