Le commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis, a rappelé à l'ordre les États membres sur les conditions de transport des animaux, notamment pour l'exportation, par forte chaleur. « L'an dernier, je vous avais déjà alertés sur ce problème » et pourtant plus de 530 camions, provenant de 15 États membres, transportant des animaux ont encore traversé la frontière avec la Turquie par plus de 30 °C dans des conditions « inacceptables », a-t-il regretté lors de la réunion des ministres de l'agriculture de l'UE le 15 juillet à Bruxelles. « Une honte », selon le commissaire européen, qui a prévenu qu'il « n'excluait pas l'ouverture de procédures d'infraction contre certains États membres ». Premier pays visé, la Roumanie. Dans une lettre adressée le 10 juillet au ministre roumain de l'Agriculture Petre Daea, Vytenis Andriukaitis lui demande de bloquer l'exportation de 70 000 moutons prévue depuis son pays vers le golfe Persique où la température devrait atteindre 46 °C au cours du mois de juillet. « Je regrette que mon appel n'ait pas reçu de réponse positive. Je veillerai à ce que mes services enquêtent sur les conditions et les raisons de cette situation », a ajouté le commissaire européen à l'occasion du Conseil agricole. Il a également déploré que « de nombreux ports du sud de l'Europe manquent d'installations pour protéger les animaux des températures élevées en attendant d'être chargés sur des bateaux ». Une situation qui doit cesser, selon lui.

Une révision de la législation nécessaire

La plupart des ministres de l'Agriculture qui sont intervenus lors du débat sur ce point ont estimé qu'au-delà de 30 °C, le transport d'animaux n'était pas acceptable. La Slovaquie, le Luxembourg, la Hongrie ou la France ont indiqué avoir pris des dispositions pour interdire ces pratiques sur leur territoire. Pour les Pays-Bas, il ne faut tout simplement pas transporter d'animaux vivants sur de longues distances et préférer dans ce cas l'envoi de carcasses. Seule la Roumanie s'est montrée plus réticente, soulignant qu'il fallait éviter les distorsions de concurrence avec les pays tiers qui ne se préoccupent pas de ces questions. Mais pour le commissaire européen, la prochaine Commission devra présenter des propositions pour réviser la réglementation européenne sur le bien-être des animaux pendant leur transport.
La majorité des États membres y semble favorable. Même si certains - Pays-Bas et Danemark en particulier - demandent une limitation stricte, à 8 heures au maximum, du temps de transport des animaux alors que les autres se contentent d'appeler à une amélioration de la réglementation pour la rendre plus précise et imposer les mêmes règles à tous.
En attendant, Vytenis Andriukaitis a appelé les États membres à agir « maintenant » en prenant des mesures concrètes au niveau national.
La Commission a lancé en juin 2017 une plateforme européenne sur le bien-être animal qui travaille notamment sur cette question des conditions de transport. Et le Parlement européen a adopté au mois de février un rapport demandant une application stricte et harmonisée de la directive de 2005 sur la protection des animaux durant le transport et des sanctions plus dures contre les contrevenants. 

A. G.