Les coproduits végétaux pour pallier le manque de fourrage

Quelle est l'activité de la société Margaron de Roybon (Isère) ?
Gilles Lagneau : « La société Margaron est spécialisée dans les matières premières et les coproduits végétaux à destination de la nutrition animale. Elle propose une large gamme de coproduits issus de l'alimentation animale comme l'ensilage de maïs doux, le granulé de luzerne, la pulpe de pomme de terre, de betterave, la drêche de brasserie. Mais aussi des légumes provenant des écarts de tri de la consommation humaine comme les carottes ou les betteraves. »
Quelles solutions la société Margaron propose aux éleveurs qui manquent de fourrage suite à la sécheresse de cet été ?
G.L. : « Pour paraphraser une grande enseigne du bricolage, chez Margaron, il y a tout ce qu'il faut. Du maïs ensilage stocké en vrac dans des silos, en bottes enrubannées, de la récolte de maïs épis broyé, en vrac. Mais aussi de la pulpe de betterave, de la purée ou fécule de pomme de terre (24 % matière sèche), du corn gluten feed frais (humide) ou déshydraté. Ce produit remplace les compléments type VL, un kilo de corn produit 2 à 3 l de lait. Ramener à la matière sèche, il faut 2,2 kg de corn gluten frais pour faire 3 l de lait. Il y a les drêches de brasserie (orge), 22, 24 ou 26 % de matière sèche, et même à 28 % pour celle en provenance d'Allemagne avec 29 de protéine. La drêche de blé, énergétique et azotée, concurrence les tourteaux en termes de coût. Nous avons également des pommes de terre rondes, des carottes riches en bêtacarotène et oméga 3, c'est de l'écart de tri de consommation humaine, de la purée de pomme de terre déshydraté en bouchon. Grâce à l'huilerie, on propose du tourteau de colza gras, riche en oméga3, (12 à 40 % de matière grasse), ce qui évite d'apporter de l'huile de palme dans les rations pour atteindre les taux. Ainsi, l'éleveur qui est en appellation, comme le lait « Bleu blanc cœur » peut gagner jusqu'à 50 euros de plus à la tonne de lait. Pour les zones de lait en AOC, on a des betteraves rouges pour apporter des sucres. Nous proposons des produits qui ne rentrent pas dans la catégorie « concentré » mais dans celle de fourrage, comme la betterave fourragère entière. »
En termes de prix, comment se positionnent ces coproduits ?
G.L. : « Grâce à une nutritionniste exclusive, on optimise les rations aussi bien d'un point de vue technico-économique que métabolique. Voilà quelques exemples de prix : maïs ensilage 60 à 65 euros la tonne, le corn gluten frais coûte 80 euros la tonne, la drêche 60 à 73 euros la tonne. Il y a bien sûr des contraintes de livraison : pour le maïs ensilage, c'est 30 tonnes au minimum par exemple. Les éleveurs qui sont à proximité de Roybon peuvent venir s'approvisionner en produits déshydratés. Une étude a démontré qu'avec nos produits, un éleveur, qu'il soit en production de viande ou de lait, économise 30 % de surcoût alimentaire par rapport à une ration annuelle. Par exemple, trois kilos de bonne drêche permettent d'économiser un kilo de tourteau de soja. C'est une solution pour compresser les coûts d'une ration, c'est une bonne alternative économique et technique. »
Propos recueillis par Magdelaine Barralon