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Oléagineux

Les cours mondiaux du soja et du colza au plus bas

La crise du coronavirus rend les marchés mondiaux si nerveux que les cours évoluent brutalement en hausse et en baisse d'un jour sur l'autre, surtout pour le colza en Europe. Tandis qu'à Chicago, le soja est stable, mais les cours restent globalement très bas...
Les cours mondiaux du soja et du colza au plus bas

Nul ne sait si, avec la crise du coronavirus, les oléagineux vont venir à manquer ou si au contraire la demande va avoir tendance à s'effondrer. Au plus haut en janvier, la graine de colza valait environ 420 €/t. Elle a chuté à son plus bas mi-mars, à 350 €/t, tant sur les marchés physiques dit FOB Moselle et Rendu Rouen, que sur les marchés à terme sur Euronext, tout en connaissant rebonds et rechutes quotidiennement. Le 30 mars, les cours du colza se situaient aux alentours des 360 € pour les marchés physiques en France, et entre 360 et 370 € selon les mois d'échéance des contrats sur Euronext. Les marchés sont devenus très instables. Cette variation des cours est compréhensible, car les effets de la pandémie à terme sont loin d'être connus. Les entreprises de transformation doivent elles-mêmes choisir entre maintenir leur activité pour répondre à une demande, ou la suspendre temporairement pour éviter des pertes financières fatales. Inconnus également, les effets de la détérioration du fonctionnement de la logistique internationale alors que les frontières se ferment. Voilà pourquoi les marchés sont si volatiles : trop de facteurs de hausse ou de baisse s'accumulent en même temps, contradictoires les uns par rapport aux autres.

Chute du pétrole

La raison la plus criante de la chute des cours du colza est celle du pétrole. La guerre des prix lancée par l'Arabie saoudite a fait tomber le prix du Brent entre 20 et 25 $ le baril, du jamais vu. Or, ce prix rend le principal débouché du colza, le biodiesel, totalement hors compétition, et risque de frapper de plein fouet la moitié de la production de colza en France, et ce d'autant que plus personne ne roule. Avec la faible récolte de 2019 touchée par la sécheresse, et des perspectives réduites pour la récolte 2020, les importations en Europe de colza canadien, australien et de soja américain ont fortement augmenté, ce qui pèse sur les cours. Autre facteur déterminant, le prix des huiles de colza, de tournesol, mais aussi l'huile de palme dont les évolutions sont tout aussi erratiques. Après avoir connu des niveaux très bas, à date, les cours de l'huile de palme connaissent un petit rebond en raison de la limitation des exportations du premier producteur mondial, la Malaisie, qui vient d'annoncer son entrée en confinement et la fermeture de ses frontières, mais qui n'a pas d'effet sur les prix de l'huile de colza, l'écart de prix restant trop important.

Guerre commerciale

Enfin, les cours de colza en Europe sont aussi déterminés par ceux du soja, qu'il soit américain, brésilien et argentin. A Chicago, le cours de la graine de soja est stable à 325-330 $ la tonne (300 €/t), même depuis l'évolution de l'épidémie aux Etats Unis. En fait, il s'agit d'un cours très faible, qui résulte de la guerre commerciale que se livrent depuis deux ans les Etats-Unis et la Chine. Malgré l'accord signé entre Donald Trump et les autorités chinoises en janvier, les exportations vers la Chine, qui avaient chuté de 90 %, n'ont pas repris. En fait, comme la France et l'Europe, la Chine s'approvisionne au Brésil, devenu le premier producteur mondial avec 125 millions de tonnes, avec une monnaie qui se dévalue face au dollar. Reste qu'il y a aussi des problèmes logistiques avec le Brésil, où des grèves ont éclaté dans les ports, Si les importations devenaient plus compliquées sur le plan international, les cours du colza en Europe pourraient bien grimper à nouveau. C'est déjà le cas pour le marché des tourteaux - de colza et de soja - qui se tend, les éleveurs cherchant à couvrir leurs besoins pour les mois qui viennent. La situation est hors norme, et la filière devra être inventive pour éviter toute dislocation de la chaîne d'approvisionnement....