Les couverts végétaux en noyeraies et leur semis

Le 9 novembre, rendez-vous avait été donné dans un verger de noyers de l'EARL Les Ariennes (Alexandre et David Faure), à Saint-Donat-sur-l'Herbasse. Une matinée sur le semis de couverts végétaux en vergers de noyers organisée par Ghislain Bouvet, conseiller en production noix au sein des chambres d'agriculture de la Drôme et de l'Isère. Au programme : un point sur les couverts végétaux et trois matériels de semis direct en démonstration.
Objectifs et conseils
Redynamiser le sol, favoriser son aération, booster sa vie biologique, récupérer des éléments nutritifs pouvant être lessivés sont les effets attendus des couverts végétaux, a souligné Ghislain Bouvet. Des tests mettent aussi en évidence une infiltration plus rapide de l'eau dans le sol.
Le conseiller recommande de semer ces couverts après la récolte des noix et, idéalement, après broyage des feuilles pour éviter des problèmes d'anthracnose. Il préconise de semer 100 à 150 kilos de graines à l'hectare pour avoir un maximum de levée. Une astuce : en mélangeant trois ou quatre espèces (pois, féverole, vesce, céréales à paille...), les grosses graines et les petites ne se trient pas avec les secousses dans la trémie du semoir. Ainsi, le semis reste homogène du début à la fin. En plus, c'est « assurer le coup » si l'hiver n'est pas propice à une espèce ou une autre. Côté coût, Ghislain Bouvet a donné un ordre de grandeur : 150 euros à l'hectare en semences conventionnelles et 180 en bio. « Des semences fermières, issues de méteils par exemple, permettraient de limiter le coût », remarque-t-il. Autre conseil : broyer les couverts le plus tard possible (courant mai), afin d'obtenir le maximum de matières fraîches pour relancer la vie du sol. Toutefois, cela dépend des conditions climatiques du printemps car les noyers ne doivent pas être concurrencés, notamment en eau au moment où le calibre des noix se fait.
Un Vredo
Côté semoirs, il y avait un Vredo (constructeur néerlandais) appartenant à la SAS Payre, négociant en agrofournitures installé à Moirans (Isère), et présenté par son responsable productions végétales grandes cultures, André Durand. Il s'agit d'un semoir mécanique de 2,5 mètres de large, à disques (écartement de 7,5 centimètres) et avec un rouleau lisse (rempli d'eau). Le semoir pèse 2 tonnes et la charge totale (avec le rouleau) est de 2,5 tonnes. Ce semoir, uniquement adapté aux graines de petite taille, convient pour le regarnissage de vergers de noyers denses où l'herbe ne pousse plus.
Un Aurensan
Le deuxième semoir en démonstration est celui de l'EARL Les Ariennes (acheté 25 000 euros cette année) : un Aurensan à disques (fabricant gersois), avec 13 éléments (réglage de la profondeur sur chacun d'eux), une trémie APV de 300 litres composée de deux compartiments (un pour les graines, l'autre pour l'engrais). Sur ce matériel, une soufflerie répartit les graines sur les descentes. A l'avant, un disque incliné ouvre le sillon. Le sabot, placé contre, dépose la graine. Derrière, une roue inclinée en caoutchouc ramène la terre sur le sillon et le rappuie. Les frères Faure ont utilisé un mélange commercial (seigle, vesce, trèfle). Il l'ont semé à la dose de 26 kilos à l'hectare, à 3-4 centimètres de profondeur après la récolte des noix dans un sol sec puis ont irrigué. Ils ont aussi semé un couvert « chasseurs » en septembre (25 kilos à l'hectare) sur sol travaillé.
Un Aïtchison
Le troisième semoir est un Aïtchison (constructeur néo-zélandais) tout mécanique. Sur ce matériel, devant chaque dent, un disque ouvre le sol. Les semences sont distribuées par des disques en mousse synthétique tolérant différentes tailles de graines. La pression exercée sur celles-ci étant faible, elle ne les brise pas. Les socs en T inversé montés sur des dents à ressort creusent une petite cavité dans le sol. Les dents vibrent et recouvrent les graines de terre fine juste après leur dépose dans le fond du sillon. Si des débris végétaux s'accumulent, ils sont dégagés de la ligne de semis avec les vibrations de l'étançon. Derrière, un rouleau rappuie le sol de part et d'autre du sillon. Et, pour finir, des chaînes nivellent sommairement le sol. « Les pièces qui s'usent le plus, ce sont les socs en T », a expliqué Olivier Gamet, nuciculteur à Chatte (en Isère), qui a assuré la démonstration avec son semoir. Il a été le premier du Sud-Grésivaudan à semer des couverts végétaux en vergers de noyers. C'était en 2012. Le comité de territoire du Sud-Grésivaudan a d'ailleurs conduit des suivis depuis lors. Ghislain Bouvet l'a rappelé. Et, au sujet des couverts végétaux, le conseiller a encore remarqué : « Il n'y a pas de recette toute faite. On teste différentes solutions. Les mélanges sont un compromis entre coût et effets recherchés ».
Annie Laurie
L'EARL Les Ariennes

- Une soixantaine d'hectares : environ 40 de noyers (variétés Lara et Franquette) dont 1 dans la zone de l'AOP Noix de Grenoble, 20 d'abricotiers et 1,5 de cerisiers.
- Producteurs-expéditeurs.
- L'EARL Les Ariennes est l'une des 14 fermes du réseau Déphy Ecophyto noix (lancé en 2016). Il s'agit d'un réseau de démonstration et production de références sur les systèmes économes en intrants phytosanitaires. Les trois autres exploitations drômoises sont celle de Christian Nagearaffe à Montmiral, l'EARL Octavéon (Jean-Baptiste Vye) à Châtillon-Saint-Jean et l'EARL Be'noix (Benoît Villard) à Hostun.