Accès au contenu
Calamité agricole

Les dégâts du gel évalués  dans le Sud-Drôme

L’évaluation des dégâts du gel de la nuit du 7 au 8 avril se poursuit. Une mission d’enquête s’est déplacée en Tricastin puis dans les Baronnies pour constater les pertes afin d’activer le processus d’indemnisation.

Les dégâts du gel évalués  dans le Sud-Drôme
« Sur 8 hectares, j’aurai à peine 300 kg d’abricots sur les 150 tonnes récoltées les années fastes », explique Séverine Teste à Dominique Chatillon, en présence des membres de la mission d’enquête.

Le 26 mai, une troisième mission d’enquête « gel » s’est déplacée dans le Sud-Drôme. Menée par Dominique Chatillon, chef du service agriculture à la direction départementale des territoires (DDT), la délégation comprenait son adjointe, Manon Courias, ainsi que Catherine Davin, représentant le président de la chambre d’agriculture, et deux agriculteurs non concernés par le sinistre : Jean-Philippe Brechet de Piégon et Elizabeth Lauzier de Châteauneuf-du-Rhône.
La première visite s’est déroulée à Saint-Paul-Trois-Châteaux sur l’exploitation de Pierre Gleize dont les vergers d’abricots et de nectarines ont été relativement protégés du gel grâce à l’aspersion pratiquée sur les arbres. A Montségur-sur-Jabron, les membres de la délégation ont constaté l’anéantissement total de la production sur les grenadiers de Damien Mura, les arbres eux-mêmes ayant été lourdement touchés. A Saint-Pantaléon-les-Vignes, chez M. Eydoux, la totalité des abricotiers (7 à 8 ha) de l’exploitation ont été touchés par le gel, tout autant que ceux de Jérôme Roux à La Roche-Saint-Secret sur une superficie identique. Le déplacement s’est poursuivi à Sainte-Jalle chez Laurent Bonifacy puis à Bésignan chez Olivier Arnaud, qui ont perdu leur récolte de prunes et d’abricots à plus de 95 %, le gel ayant été particulièrement fort et à répétition dans ce secteur des Baronnies.

« Le gel m’a tout grillé »

La mission d’enquête s’est terminée à l’EARL de Lauriouze à Vercoiran chez Severine Teste qui, depuis plusieurs 
année, s diversifie sa production entre 8 ha d’abricotiers, 20 de lavandin, 19 de blé, 5 de vigne, 0,5 de cerisiers et 2 d’origan. « Dans l’optique de la diversification, j’ai essayé aussi de produire du colza cette année. Le gel m’a tout grillé, j’ai passé la machine pour broyer et enfouir tout ça, un mauvais souvenir », raconte-t-elle. Impactée pour la cinquième année consécutive et sans trésorerie suffisante, elle a combattu le gel du 7 au 8 avril avec de petits moyens. « Pas de bougies, pas d’aspersion, pas de tour à vent, j’ai brûlé des bottes de paille pour gagner un petit degré ou deux mais en vain, les températures négatives ont anéanti mes espoirs de récolte. »
A raison de 12 à 15 tonnes d’abricots à l’hectare les bonnes années, c’est à peine 350 kg qui seront récoltés cette année sur les 150 tonnes attendues. Quant aux cerises, il en reste à peine 20 %. La vigne a aussi pâti des gels. « On est à 3 ou 4 feuilles au lieu des 12 habituellement, les grappillons sont peu nombreux. »

En deux étapes

L’ensemble des constats faits lors des trois missions d’enquête gel sera examiné dès le 7 juillet pour les productions de fruits à noyau. Dans un deuxième temps, d’autres missions d’enquête examineront les autres productions sinistrées telles que le maraîchage, les fruits à pépins, la vigne et les cultures fourragères. A noter, l’indemnisation au titre du fonds des calamités n’est possible que si les pertes sont d’au moins 30 % et dépassent 13 % de la valeur du produit brut. « Devant cet épisode de gel exceptionnel, massif et dévastateur, la reconnaissance du sinistre devrait se faire facilement au titre des aléas climatiques exceptionnels », a conclu Dominique Chatillon.
J-M. P.