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Alimentation hivernale

Les différentes options face au manque de fourrage

Face au manque de fourrage qui touche certaines exploitations du fait de la sécheresse, plusieurs stratégies sont possibles.
Les différentes options  face au manque de fourrage

Depuis le mois d'août, le marché des fourrages s'est emballé. Anticipant le déficit, certains éleveurs ont acheté du fourrage pour compléter leur stock diminué par la sécheresse. À l'automne, il est trop tard pour acheter le fourrage manquant, les stocks à vendre sont plus rares, les qualités peuvent être aléatoires et les prix élevés. Il convient d'envisager d'autres stratégies. Les acteurs du marché de la nutrition animale constatent, comme en 2003, un regain d'intérêt de la part des éleveurs pour la ration sèche avec une base de fourrage et des concentrés pour remplacer l'ensilage.

Première étape, le bilan fourrager

Derrière les évidences peut parfois se cacher des surprises. Le bilan fourrager permet d'établir avec certitude les stocks de fourrage de l'exploitation, le niveau de remplissage des silos d'ensilage ou des céréales produits sur l'exploitation. Ce bilan doit aussi porter sur la qualité des fourrages, très hétérogènes cette année. Il sert de base et, associé à la connaissance de son coût rendu auge, permet de définir une stratégie pour l'hiver. Après quoi, si l'écart entre les ressources en fourrage et les besoins est vraiment important, le tarissement ou la réforme de certains animaux les moins performants s'imposera naturellement. Il vaut mieux bien nourrir les animaux qui restent que mal nourrir tout le troupeau.
Ensuite, il est plutôt conseillé de trouver une solution d'alimentation pour tout l'hiver plutôt que de démarrer les premiers mois tout en sachant qu'il y aura un manque à la fin. « L'idéal est d'éviter de faire subir une transition alimentaire au troupeau pendant l'hiver, souligne Gérard Thomé, responsable commercial nutrition animale chez Le Père François. Certains éleveurs consomment tout leur fourrage et changent ensuite les rations. C'est source de complication au niveau de la production et de la santé du troupeau. Nous conseillons plutôt de partir du fourrage disponible et de compléter les rations pour tenir jusqu'à la mise à l'herbe. » Il convient pour les ruminants de conserver une base minimum de fibre dans la ration (du foin par exemple) et d'y ajouter des concentrés à base de co-produits ou de céréales pour apporter les éléments nécessaires (énergie, protéine, calcium, phosphore, etc.) au maintien de la production. En cas de manque de foin, la paille de maïs ou la pulpe de betterave peuvent apporter les fibres.

Différents fournisseurs

Sur le marché, il est possible de s'adresser à des fabricants d'aliments ou à des vendeurs de co-produits. Chacun à ses avantages et ses inconvénients. « Nous commercialisons des coproduits issus de l'industrie agroalimentaire, de la fabrication de la bière avec les drèches, en passant par la pulpe de betterave sucrière ou le corn gluten qui est le déchet des amidonneries, explique Baptiste Deschatrette de Bonda nutrition animale. Le prix du produit est fortement lié au transport entre son lieu de production et l'exploitation. En Rhône-Alpes, la farine de biscuit ou le « bondanut » est un co-produit intéressant issu d'un mélange entre les différents biscuits disponibles produits sur un site à proximité de Mâcon. C'est un aliment riche en énergie (UFL de 1,26) qui est vendu autour de 250 € la tonne, livraison à la ferme incluse. » À noter, la farine de biscuit est un aliment gras (13 % de matière grasse). Il peut être livré en granulé pour un surcoût de 20 € la tonne. Les fournisseurs de coproduits sont nombreux et livrent par camion complet en voie sèche ou humide. Il convient de construire une ration équilibrée avant de s'approvisionner. Les fabricants d'aliments sont également des interlocuteurs possibles. « Les coproduits peuvent être intéressants, mais il y a une variabilité entre les camions, souligne Gérard Thomé du Père François. Nous, fabricants d'aliments, nous contrôlons nos produits et certifions la recette pour garantir des taux identiques de protéine, d'énergie ou de matière sèche. » Revers de la médaille, le prix du granulé varie de 200 à 500 euros /tonne en fonction des ingrédients. « Nous avons une gamme d'aliments mais nous pouvons également livrer des aliments à la carte pour coller aux besoins des éleveurs », poursuit le responsable commercial. 
C. P.