Les écolos à « Comté » de la plaque
Un militant écologiste, antispéciste et animaliste, Pierre Rigaux, a récemment appelé à cesser de manger du Comté. Pas sûr que cette sortie réconcilie les agriculteurs et les écologistes.
La polémique est née à bas bruit avant de prendre un peu plus d’ampleur. Intervenant sur France Inter le 24 avril dernier, Pierre Rigaux, a expliqué dans l’émission, La Lutte enchantée, en quoi la production du Comté pose de nombreux problèmes liés à l'exploitation animale et à la protection de l’environnement. « C’est un très bon fromage sur le plan gustatif mais c’est semble-t-il devenu un mauvais produit sur le plan écologique. Ça fait des années que la filière de production est pointée du doigt pour les dégâts qu’elle cause aux sols et aux rivières », a-t-il affirmé. S’appuyant sur une « étude récente », il fustige « les déjections bovines (qui) chargent les sols en azote et en phosphore », « l’intensification des pratiques depuis plusieurs décennies » et insiste sur le fait que « le fromage tue les animaux tout autant que la viande ». En résumé, le militant qui ne représente que lui-même, incite les consommateurs à arrêter d'acheter du fromage, de la viande et tout autre produit d’origine animale, et donc à végétaliser les assiettes. Ce n’est pas la première fois que le Comté est attaqué de la sorte. Déjà en février 2020, des associations de défense de l’environnement accusaient l'élevage laitier de polluer les rivières de Franche-Comté.
« Restons sérieux »
La polémique lancée par cet écologiste en mal et en quête de notoriété a provoqué un véritable tollé au sein de la profession et des défenseur du terroir. Les réseaux sociaux ont fleuri de hashtag #TouchePasAuComté. Même le préfet du Jura, Pierre-Édouard Colliex, y est allé de son commentaire sur le compte X officiel de la préfecture : « Le comté, c’est du Jura, du goût, du calcium, des protéines… et zéro culpabilité. Un savoir-faire, des éleveurs engagés, une filière exemplaire. L’interdire ? Autant interdire les couchers de soleil sur le Jura. Restons sérieux ! ».
Pierre Rigaux oublie que depuis 2015 la production laitière est limitée par hectare, ce qui est unique dans une AOP et que le cahier des charges* intègre plusieurs points sur la qualité de l’eau : limitation de la taille des exploitations, réduction des excès de fertilisation.
Comme le rappelle notre confrère Jean-Paul Pelras dans sa chronique du Point**, la filière Comté ce sont 2 400 exploitations familiales ou sociétaires, 140 fromageries de villages ou fruitières, 14 maisons d’affinage et 7 000 emplois directs. Il souligne à juste titre que les écologistes, « Torquemada de nos traditions et de nos saveurs » cultivent cette propension à « déconstruire la quasi-totalité des productions agroalimentaires françaises ». Qui sera le prochain sur la liste ? Et jusqu’où cette incurable et effroyable dénigrement ira-t-il ? Jusqu’à interdire l’agriculture ?
Christophe Soulard
Les écolos de Franche-Comté persistent et signent
C’est ce qu’on appelle ramer à contre-courant et tenter de se refaire une virginité politique à pas cher mais ça ne trompe personne. Dans un communiqué du 12 mai cosigné par la secrétaire nationale, Marine Tondelier et quatre deuxièmes couteux locaux, les Ecologistes de France-Comté affirment leur amour pour le Comté : « Nous l’aimons, ensemble améliorons-le » titre ledit communiqué. Après avoir encensé ce fromage aux multiples vertus (revenus agricoles, création d’emplois, interdiction OGM, valeurs coopératives…), les écologistes le descendent en flèche, persistant sur « l’impact environnemental » de la production de ce fromage d’exception. « La pression de la production et de la transformation (…) pèse lourd sur nos prairies et nos cours d’eaux » dont « la situation reste critique », indiquent-ils. Les écologistes exigent un cahier des charges « plus renforcé, ambitieux et exemplaire (…) Car aimer le Comté, c’est vouloir qu’il soit toujours meilleurs, pour nous comme pour nos rivières », conclut le communiqué qui loin de condamner les propos de Pierre Rigaux, les amplifie. C’est ce qu’on appelle persister et signer.