En 1978, à l'âge de 17 ans et demi, Claude Brottes (59 ans aujourd'hui) entre dans la concession Jerphanion, à Saint-Marcel-lès-Valence, comme mécanicien. En juillet 1987, il rachète le fonds de commerce de Jean Darlay* (qui prend sa retraite) à Châteaudouble. « J'avais envie de voler de mes propres ailes en créant mon entreprise, explique-t-il. J'ai démarré seul avec ma femme, à l'arrivée des primes Pac, époque où l'agriculture était morose. On me disait que j'avais du courage de me lancer dans cette voie. Mais finalement, le travail et la persévérance ont été récompensés. Au début, je faisais beaucoup de réparations. Et j'ai commencé à vendre un peu du matériel acheté à des concessionnaires. »
En 1990, il embauche un premier mécanicien. A la fin de la décennie, il intègre la Scar (société coopérative des artisans ruraux), un groupement d'achat de matériels agricoles. Au fil du temps, les ventes et le chiffre d'affaires se développent.

Une montée en puissance progressive

Dans les années 2000, Claude rachète le bâtiment de Châteaudouble (auparavant en location) et recrute un deuxième mécanicien. « Notre entreprise est montée en puissance progressivement », précise-t-il. En 2011, il propose à sa fille, Caroline (30 ans actuellement) d'entrer (sitôt la fin de ses études) dans l'entreprise pour créer et développer une activité magasin. Une opportunité et un challenge, pour elle. La façade de tout le bâtiment est alors refaite. En janvier 2017, le fils, Séverin (35 ans à présent), les rejoint pour développer la partie commerciale. « Jusque-là, par manque de temps, il n'y avait pas de commercial qui allait prospecter, indique le jeune homme. Maintenant, je chapeaute une équipe de trois commerciaux dont un alternant. »

Des locaux mieux placés et plus fonctionnels

L'entreprise a été successivement concessionnaire Avto, puis Zetor et Kubota depuis janvier 2019 après en avoir été agent pendant deux ans. Toutes les évolutions font que les locaux de Châteaudouble deviennent trop étroits. Dans un premier temps, une extension du bâtiment est envisagée. Mais maintenir une activité pendant les travaux de construction paraît compliqué. Finalement, l'idée est abandonnée lorsque se présente l'opportunité d'acheter un terrain bien situé à Chabeuil (le long de la D538). Il est plus central par rapport au secteur géographique de l'EURL Brottes (agrandi depuis qu'elle est concessionnaire Kubota) et à seulement huit kilomètres de l'ancien emplacement.

Une dimension familiale

Ce qui plaît à Caroline dans ce métier, « c'est la diversité de l'activité liée à la variété des productions drômoises et ardéchoises ». Pour Séverin, « c'est un métier où l'on a un réel rôle de conseil auprès des agriculteurs dans le choix de matériels adaptés à leurs besoins ». Et Caroline appuie : « On a à cœur de bien les conseiller. Je conçois notre métier plus comme une relation de confiance et de proximité avec les clients. Notre entreprise est une petite concession comparée à d'autres. Nous avons envie de continuer à la développer mais en conservant sa dimension familiale ».

La relève assurée

Ayant une carrière longue, Claude peut prendre sa retraite en 2021, après 42 ans dans le métier dont 33 comme chef d'entreprise. Cependant, il devrait attendre l'arrivée d'un chef d'atelier opérationnel, pour le remplacer. Après, Caroline et Séverin - qui, adolescents, donnaient déjà un coup de main - devraient reprendre l'EURL Brottes. La relève est là, donc. Pour leur père, c'est une satisfaction, « un bel aboutissement de fin de carrière. J'ai la chance d'être en bonne santé pour continuer encore un peu, bien préparer la transition vis-à-vis des fournisseurs et clients. Maintenant, nous avons un nouvel outil de travail. Il faut que l'équipe se mette bien en place et que les bases soient bien stabilisées ». Et d'ajouter : « Ce que l'on tient à conserver, c'est la simplicité et le contact humain avec les clients, les salariés et les fournisseurs ».

Annie Laurie

* « Les premiers tracteurs Avto (marque soviétique) vendus par Jean Darley en 1968 étaient livrés avec une caisse à outils et un fusil ! », raconte Claude Brottes. C'était une autre époque.

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