Les filières avicoles dévoilent leur plan d’actions
de l’assemblée générale de l’association Afivol(1).

C'est à Clermont-Ferrand, dans l'antre du rugby clermontois, au stade Marcel Michelin, que les éleveurs et les entreprises avicoles de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont tenu l'assemblée générale de leur association, Afivol. Un lieu idéal pour renforcer « l'action collective » en faveur du développement de la production avicole régionale.
Un plan filière d'1,3 million d'euros
« Note réorganisation à l'échelle de la grande région en 2017 nous a conduit à travailler tous ensemble, à nous connaître et à porter des projets communs pour nos filières avicoles régionales », s'est exprimé le président Gilles Lassus à l'occasion de l'assemblée générale de l'Afivol. Cet engagement collectif s'est concrétisé très rapidement par un « plan ambition avicole », élaboré avec la chambre régionale d'agriculture et le soutien du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes. Ce plan repose sur trois axes : renforcer la compétitivité des exploitations et des entreprises de la filière avicole (consolider la compétitivité des exploitations agricoles et des couvoirs régionaux, gérer des parcours de volailles, aider à l'aménagement des plantations) ; accompagner la performance des élevages pour réduire les charges, créer plus de valeur ajoutée (accompagner les projets de volaille chair et ponte ) et développer la communication et la promotion des productions avicoles régionales (améliorer l'acceptabilité sociétale des élevages avicoles). « Ce plan, dont la gestion et l'animation sont confiées à l'Afivol, est engagé pour une durée de trois ans à compter de 2018, et sur la base d'un accompagnement financier de 1 335 000 euros du conseil régional », précise Gilles Lassus. voir tableau en cliquant ici
Identifier les productions régionales
Cette stratégie de développement triennale s'est construite en 2017 alors que le déficit commercial des filières avicoles s'est accru au niveau national, et que les importations de viande et d'œufs en provenance de l'Europe et des pays tiers se sont multipliées. « Nous devons réagir ! », a clamé le président avant d'inviter les éleveurs et les entreprises avicoles à poursuivre le travail engagé et mettre en œuvre les actions du plan filière avicole. « Nous devons reconquérir le marché intérieur, surtout au niveau de la restauration hors domicile ». L'implication de l'Afivol dans les travaux du conseil régional sur le déploiement de la marque régionale « la Région du goût » et la différenciation entre « Produit ici » et « Fabriqué ici » va dans ce sens. « Cette marque peut nous permettre de développer la notoriété des viandes de volailles, des œufs et ovoproduits de la région Aura, poursuit le président. C'est une démarche intéressante qui, à terme, peut être source de valeur ajoutée pour les producteurs ». C'est d'ailleurs la vision partagée par les intervenants de la table ronde organisée sur ce sujet, en marge de l'assemblée générale de l'Afivol. Face à une demande croissante de produits régionaux de la part des consommateurs et de la RHD, la filière volaille doit s'engager davantage dans la différenciation et l'identification locale. « La marque " la Région du goût " est une chance pour les éleveurs et les entreprises avicoles de la région », selon Carlo Caschetta, directeur de l'agriculture au conseil régional Aura. L'entreprise Bernard Royal, spécialiste de la volaille dans la Drôme, s'est engagée dans la démarche très rapidement : « Nous ne regrettons pas ce choix qui nous a permis de décrocher de nouveaux marchés », a indiqué Amandine Steiner, responsable projets R&D marketing communication chez Bernard Royal Dauphiné.
C. Rolle
(1) Afivol est une association loi 1901, regroupant les éleveurs et les entreprises avicoles (couvoirs, fabricants d'aliment, abattoirs) de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle a pour objet le développement de la production avicole régionale
Zoom sur la filière avicole Auvergne-Rhône Alpes
• Filière chair :
- 4e région productrice avec 8 % de la surface nationale, derrière les pays de la Loire (29 %), la Bretagne (29 %) et la région Nouvelle Aquitaine (10 %);
- 1e région de production du quart Sud-Est de la France ;
- 1 262 exploitations dont 64 % en parc label et bio, 24 % en parc conventionnel certifié, 7 % en AOP-AOC, 3 % en parc canard à rôtir et
2 % en canard PAG ;
- 899 655 m2 de surface bâtiment ;
- 60 sites (abattoirs, couvoirs, fabricants d’aliment) sur 10 départements.
• Filière œuf :
- 3e région productrice soit 11 % de la production nationale derrière la Bretagne (43 %) et Pays de la Loire (13 %) ;
- 5,3 millions de poules pondeuses ;
- 259 exploitations dont 59 % cage ; 22 % plein air, 13 % bio et 6 % sol
- 43 sites (couvoirs, abattoirs et fabricants d’aliment) sur 10 départements.
APOSE / L’association des producteurs d’œufs du Sud-Est, l’Apose, réunie en assemblée générale le 28 juin cherche à tout prix
à maintenir le potentiel de production de la zone Sud-Est.
Répondre aux attentes sociétales nécessite des moyens financiers
Dans la zone Sud-Est, près de 50 % des élevages de poules pondeuses suivent des modes de production alternatifs. « Nous avons commencé très tôt à travailler sur les attentes des consommateurs, explique Philippe Juven, le président de l’Apose. Il nous faut maintenant accompagner les producteurs d’œufs en cages vers des systèmes plus en lien avec les attentes des consommateurs. Cela prendra du temps, et surtout, des aides à l’investissement pour les producteurs qui devront réinvestir dans leur outil de production pour s’adapter aux critères de production d’œufs alternatifs. » Pour le président de l’association des producteurs d’œufs, « nous sommes à un moment important pour la filière. Dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation (EGA), les débats et le travail demandé aux filières, notamment dans les régions, ont permis d’identifier des solutions pour permettre aux éleveurs cages d’aller vers les systèmes alternatifs. Il nous faut trouver des lignes budgétaires pour accompagner ces éleveurs. » À noter qu’aujourd’hui, toutes les constructions neuves se font en bio ou en plein air sur le Centre-Est. Au cours de l’assemblée générale de l’Apose qui s’est tenue à Lyon le 28 juin, les producteurs d’œufs du Sud-Est ont passé en revue les faits marquants de l’année et dressé quelques perspectives. « Nous avons consacré une partie de notre temps cette année à la préparation du cahier des charges de la marque : la Région du goût », a souligné Philippe Juven. Cette marque est un plus car, parmi les critères d’achat des consommateurs, l’origine de l’œuf a un rôle important en plus des modes d’élevage. »Présent lors de cette assemblée générale, Gilles Lassus, le président de l’interprofession avicole régionale, Afivol, a rappelé qu’il y avait trois dossiers importants à travailler au niveau régional pour la production d’œufs. « Le plan de compétitivité et d’adaptation des élevages d’abord, sur lequel il va falloir défendre le budget avicole. L’aviculture représente que 11 % de l’enveloppe alors que nous sommes la 3e production régionale. Par ailleurs, je souhaiterais arriver à une enveloppe dédiée à la filière œuf. Enfin, nous devons faire un vrai atout de la marque régionale. »

Vers un CNPO élargi
L’association qui adhère au Cervose, le comité économique régional de la volaille du Sud-Est, participe également au comité œuf d’Afivol, l’association de la filière volailles de Rhône-Alpes. Elle est également membre de l’interprofession pour la promotion de l’œuf, le CNPO, et peut ainsi participer aux débats nationaux et européens. Maxime Chaumet, secrétaire général du CNPO, était ainsi présent à l’AG pour évoquer le plan de filière pour l’œuf français et faire un point sur le travail du CNPO pendant la première phase de la loi sur les EGA. « Dans le plan de filière national, trois objectifs ont été définis : dépasser 50 % de production alternative d’ici 2022, poursuivre les améliorations engagées en faveur du bien-être, et renforcer la segmentation des produits pour augmenter encore la traçabilité et la crédibilité de la filière. »
Pendant l’examen du projet de loi suite aux États généraux de l’alimentation, le CNPO a effectué un travail intense d’explication auprès des parlementaires et du cabinet du ministre. « Nous souhaitions éviter qu’une mesure cible la filière avicole, mais nous n’avons pas été entendus, souligne Maxime Chaumet.
Il faut dire qu’en face, certaines associations sont très bien organisées et financées. Nous avons par exemple appris que le rapporteur du projet de loi a reçu plus de 5 000 mails demandant l’interdiction immédiate de l’élevage en cages. »
Afin de renforcer les relations tout au long de la filière, le CNPO souhaite élargir les membres y participant par l’ouverture à l’aval (distributeur, restauration hors domicile, etc.). Une réflexion est également menée pour travailler plus en concertation avec les associations de défense des consommateurs, de l’environnement et du bien-être animal, a indiqué Maxime Chaumet du CNPO.
Camille Peyrache