Les Foyers de charité fêtent leurs 80 ans

Cela semble si loin ! Et pourtant, les premières élèves se rappellent encore très bien de ce chemin qu'elles empruntaient chaque jour pour se rendre à l'école libre de Châteauneuf-de-Galaure. Les termes « foyer de charité » n'étaient pas encore employés. En ce 12 octobre 1934, elles n'étaient alors que sept à s'asseoir sur les bancs de l'école. Les deux classes étaient installées dans l'ancien château féodal. « Nous étions dans la véranda. Les deux classes étaient séparées par une cloison. Au milieu, un poêle. Je me rappelle aussi du mot "bière" inscrit sur l'une des vitres. Avant, c'était le bar du dancing "Le pistol". Quelques années plus tard, la première chapelle du foyer sera installée à cet endroit. », se rémmémore l'une d'entre elles. L'édifice accueillait également le dortoir des élèves. « Il y avait l'eau courante. Chez nous, à la campagne, c'était l'eau du puits. Le soir, nous mettions nos bouillotes sur le fourneau de la cuisine car il n'y avait pas encore le chauffage central », se rappelle-t-elle aussi.
Ces jeunes filles n'étaient pas toutes originaires de Châteauneuf-de-Galaure. Si trois d'entre elles l'étaient, les autres venaient de Tersanne, Mureils ou encore de La Motte-de-Galaure. « Le village avait peu répondu. La peur que cela ne tienne pas aussi. Quand nous passions à pied près de l'école laïque, on nous lançait des gravillons et on nous traitait de cafards », poursuit-elle. Une époque aujourd'hui révolue.
Tous les sujets de société étaient abordés
« C'est Marthe Robin qui avait demandé au père Léon Faure de créer une école chrétienne », explique Sophie Guex, chargée de l'édition des cahiers de Marthe Robin. Parmi ces derniers, des écrits font d'ailleurs référence à la fondation de l'établissement, notamment en mai 1934.
Née en 1902, dans une famille d'agriculteurs, Marthe Robin est la dernière d'une fratrie de six enfants. En décembre 1918, elle tombe gravement malade. Impossible de mettre un nom sur cette maladie. Durant dix ans, beaucoup se détourneront d'elle. En 1928, des capucins, de passage pour une mission paroissiale au village, viennent la visiter. Sa vie bascule alors. Elle choisit de donner sa vie au Christ. Un don qui passera par la souffrance, Marthe Robin étant quasiment paralysée, ne quittant jamais sa chambre. Le père Faure, curé de la paroisse, acceptera à cette époque de devenir son père spirituel. C'est d'ailleurs avec lui qu'elle fondera l'école de filles, première étape avant la naissance des Foyers de charité. Le 10 février 1936, elle rencontrera le père Georges Finet, originaire de Lyon. Une rencontre qui marquera véritablement le lancement des Foyers de charité. La première retraite se déroulera lors du mois de septembre de la même année. « Un Foyer de charité, c'est une maison, une communauté où sont prêchées des retraites de formation chrétienne, afin que les chrétiens puissent vivre et témoigner de leur foi dans leur milieu de vie, dans la société où ils vivent », précise Sophie Guex. Tous les sujets de société étaient abordés. « Je me rappelle d'une retraite sur le thème des années communistes, donnée par le père Finet. Des cars entiers venaient », se souvient encore l'ancienne élève. Aujourd'hui, 80 ans après leur création, les retraites attirent toujours.
79 foyers à travers le monde
Dans la vallée, certaines familles souhaitaient la création de nouveaux établissements scolaires, arguant qu'elles avaient aussi des garçons. C'est dans ce contexte que l'école de Saint-Bonnet-de-Galaure sera créée en 1953. « Ce sont les parents qui ont organisé le transport scolaire. Un covoiturage avant l'heure », raconte Sophie Guex. Un cours ménager sera également dispensé à Claveyson lors de l'année scolaire 1954-1955. Dès 1956, celui-ci vient s'installer aux Mandailles. Voilà les débuts du lycée éponyme.
Aujourd'hui, il existe 79 foyers de charité à travers le monde. D'autres établissements scolaires ont également vu le jour. Marthe Robin, quant à elle, a été déclarée vénérable par le pape François le 7 novembre 2014. Le processus en vue de sa béatification est en cours...
Aurélien Tournier
À la rencontre de Marthe Robin

Dans le cadre des 80 ans des foyers, des conférences sont proposées dans tout le département pour découvrir Marthe Robin et l'œuvre des Foyers de charité.
- Mardi 15 mars à Pierrelatte, à l’église, 20 h.
- Jeudi 31 mars à Montvendre, salle paroissiale, 20 h 30.
- Samedi 2 avril à Nyons, salle Saint-Vincent,
14 h 30.
TRANSPORTS : Vers un nouvel échangeur sur l'autouroute A7 ?
En attendant la béatification de Marthe Robin, on se prépare en coulisses. Les éditions de l'Emmanuel - qui comptent déjà plusieurs ouvrages sur Marthe Robin - préparent une nouvelle biographie pour l'occasion. Les Foyers de charité ont quant à eux mis en place des commissions « communication » et recruté du personnel à cet effet. Ces dernières années, de nouveaux bâtiments ont été aménagés à La Plaine, près de la ferme où résidait Marthe Robin. Le site est également d'ailleurs prêt à accueillir des hordes de cars touristiques, des terres agricoles ayant déjà été louées pour rendre l'organisation d'un tel événement possible. « C'est un processus où l'on ne connaît ni l'issue, ni la date », précise Honorine Grasset, porte-parole des Foyers de charité. Le Vatican aurait toutefois admis que le dossier déposé par le postulateur était solide.
La béatification de Marthe Robin s'est même invitée lors de la séance du débat d'orientations budgétaires du Conseil départemental de la Drôme, le 25 janvier dernier. Dans son discours d'introduction, le président Patrick Labaune (LR) revenait en effet sur l'importance de créer une sortie autoroutière à Saint-Uze, « vu l'éloignement des deux sorties de Chanas et de Tain-l'Hermitage ». Soit près de 31 kilomètres. L'élu soulignait aussi « une nécessité économique pour permettre d'irriguer le territoire de la Galaure par cette sortie, sortie qui devrait servir également au tourisme cultuel de Châteauneuf-de-Galaure avec la béatification de Marthe Robin ». L'idée n'est pas nouvelle. Les élus en parlent en effet depuis déjà 30 ans, afin de désenclaver le territoire et renforcer son attractivité. « Il fallait qu'une collectivité porte ce projet et arrive à fédérer les élus. C'est ce qu'à fait la communauté de communes Porte de DrômArdèche », indique son président Pierre Jouvet (PS). En décembre dernier, il se rendait d'ailleurs à Paris pour convaincre l'Etat - à travers le ministère des Transports - de réaliser une étude d'opportunités et de faisabilité. Cette dernière sera officiellement lancée lors des prochains jours et devrait durer entre six et huit mois. Les élus communautaires ont accepté de la cofinancer à hauteur de 100 000 euros. « Cette étude permettra notamment de définir quel sera le meilleur lieu pour cet échangeur. Elle prendra en compte les difficultés, les nœuds de raccordement, etc. Aujourd'hui, les pistes évoquées sont situées sur tout le territoire de l'intercommunalité. Par ailleurs, nous resterons sensibles aux terres agricoles et cultivées. Nous ne pouvons pas affirmer aujourd'hui qu'il n'y aura pas d'expropriation. Nous allons échanger avec les agriculteurs qui seront concernés », poursuit-il.
A. T.