Les horticulteurs saluent la réactivité du préfet

« Ces quatre ou cinq dernières années sont plus compliquées pour l'horticulture. » C'est ce qu'a confié Stéphanie Guillaume, la gérante de la SARL Guichard Végétaux, au préfet Hugues Moutouh lors de sa venue dans ses serres, à Chavannes, le 2 juillet. Des années plus compliquées car « les ménages achètent moins de plantes ornementales. Avec la sécheresse, ils se démobilisent ». La filière souffre aussi des importations à prix moindres.
Et cette année quand la nouvelle du confinement Covid-19 est tombée, « toutes les réservations de marchandises ont été annulées, nos produits n'étaient plus élus à la vente », a expliqué Stéphanie Guillaume. Elle a dû congédier ses saisonniers et jeter une grande quantité de plants (perte de production constatée par un huissier). Cet arrêt d'activité à une période cruciale a aussi touché les pépinières ornementales (« du stock est aujourd'hui à retravailler ») et la production de plantes vivaces (« du stock non détruit risque de l'être ultérieurement »), a-t-il été signalé lors de cette rencontre.
Le fruit d'un travail d'équipe
Face au problème, Stéphanie Guillaume et ses confrères se sont concertés et ont alerté élus, responsables professionnels, préfet. Ce dernier a rapidement donné son accord pour la commercialisation des plants potagers, sous certaines conditions. « Nous avons été les premiers à le faire en France », a-t-il précisé. Puis la vente des plants horticoles a été à nouveau autorisée. « Sans cela, nous aurions été parterre, a commenté l'horticultrice. Trois semaines sans vente, c'est une perte de 10 % de mon chiffre d'affaires. Après, la "machine" s'est remise en marche. » Elle a exprimé sa reconnaissance au préfet : « Sans votre appui et votre réactivité, on n'en serait pas là aujourd'hui ». Celui-ci a répondu : « Si on a été réactifs, c'est parce que la profession, la chambre d'agriculture et son président Jean-Pierre Royannez, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs, les élus dont la députée Emmanuelle Anthoine ont joué leur rôle de relais. C'est le fruit d'un travail d'équipe. Dès le début de la crise, avec Jean-Pierre Royannez, on a essayé de maintenir le plus possible l'activité. Le ministre de l'Agriculture nous a laissé prendre les devants. Notre décision a d'ailleurs été longuement commentée à Paris mais c'était important de faire vite ».
Un plan d'aide de 25 millions d'euros
Le gouvernement a annoncé un plan de 25 millions d'euros pour les horticulteurs touchés par la crise du Covid-19. Concernant la répartition des aides, « les modalités sont en cours de définition », a indiqué la directrice de la DDT, Isabelle Nuti. « Des exonérations viendront sans doute en complément, a repris le préfet. Il y a aussi le dispositif de droit commun pour les PME et TPE. On a toute une batterie de mesures (la dernière en date, ce sont les avances remboursables) pour essayer redonner un peu d'oxygène. [...] Vous supportez les aléas avec une détermination sans faille, c'est impressionnant. C'est normal que l'État vous donne un coup de main. Mon honneur, c'est de tout faire pour vous aider car on a besoin que le secteur horticole reparte. »
Jean-Pierre Royannez a rappelé : « Notre priorité a été, dès le début, d'aller au plus urgent et de traiter les problèmes au fur et à mesure où on les décelait. On a travaillé pour la réouverture des marchés de plein air ». Des réunions téléphoniques ont été organisées avec les services de l'État, au niveau du département, pour essayer de régler des problèmes. En tant que président de la chambre d'agriculture, il a écrit aux maires ayant un marché de plein vent sur leur commune pour leur proposer une aide dans la mise en place des mesures sanitaires. Et les directeurs de GMS ont été contactés afin d'essayer de trouver des solutions pour les producteurs.
Un effet « boule de neige »
Concernant l'horticulture, « il nous paraissait injuste que les producteurs livrant les grandes surfaces puissent continuer leur activité mais pas ceux qui vendent aux jardineries, sur les marchés, a noté Jean-Pierre Royannez. On s'est débrouillé pour trouver des solutions ». Et il a dit « grand merci » à Hugues Moutouh, « qui a su trouver ce qui est acceptable » pour la réouverture des marchés et le redémarrage de l'activité horticole. L'arrêté du préfet de la Drôme a d'ailleurs fait « boule de neige », a signalé Jean-Pierre Royannez, qui a reçu des appels de présidents d'autres chambres d'agriculture à ce sujet. Emmanuelle Anthoine s'est également félicitée de la décision « avant-gardiste » prise par le préfet. Elle a eu aussi l'écho de collègues députés qui se sont « servis » de l'arrêté du préfet de la Drôme pour tenter d'obtenir la même « décision bienveillante » auprès du leur. L'intégration de l'horticulture dans le plan de finances numéro trois « permettra de débloquer des aides, des exonérations », a ajouté le président de la FDSEA, Grégory Chardon. Quand l'enveloppe descendra au niveau du département, il faudra tenir compte des spécificités drômoises, a-t-il dit au préfet. On vous interpellera sur les points qui nous semblent importants ».
Annie Laurie
La SARL Guichard Végétaux

- Cinq hectares de serres installées sur trois sites (deux à Chavannes, un à Peyrins) et un demi-hectare de cultures horticoles en extérieur.
- Production de plantes à massifs, potées fleuries, plants potagers, aromatiques et petits fruits.
- Commercialisation uniquement auprès de jardineries.
- Une vingtaine de permanents et autant de saisonniers.
En 2019, la SARL Guichard Végétaux a vécu une année « abominable » : une météo « exécrable » en avril (temps pluvieux), la grêle le 15 juin (1,5 hectare de serres détruites) et la neige le 15 novembre (six jours sans électricité, « une galère sans nom » pour sauver les plantes).