Les JA demandent au préfet de faciliter les installations

Le préfet de la Drôme, Eric Spitz, a répondu à l'invitation des Jeunes Agriculteurs (JA) qui ont organisé une rencontre sur l'exploitation de Florent Bouchard à Etoile-sur-Rhône. Outre Sébastien Richaud et Jean-Christophe Marcel, respectivement président et secrétaire général de JA26, on notait la présence, entre autres, de Philippe Allimant (directeur de la DDT1), Didier Beynet (président de la FDSEA) ainsi que Françoise Chazal (maire d'Etoile). Plusieurs sujets ont été abordés parmi lesquels l'installation et les lourdeurs administratives qui entravent son bon déroulement.
Un parcours chaotique
Florent Bouchard est un exemple de ces jeunes ayant eu des difficultés à s'installer, notamment parce-qu'ils ne sont pas issus du monde agricole. Il a créé son entreprise en août 2010 après un premier passage en CDOA2. Son objectif consistait à reprendre une entreprise dans laquelle il avait travaillé trois ans après son Bac pro (préparé à Romans) et son BTS (à Angers). La reprise n'ayant pu avoir lieu, Florent a déposé un permis de construire pour un nouveau projet en août 2011. Après la constitution d'un nouveau dossier validé par la CDOA, sa demande de permis lui est refusée. En février 2012, Florent veut s'inscrire à la MSA. Mais il essuie un refus du fait qu'il ne produit pas ! Il est inscrit finalement en juin 2012 et dépose un nouveau permis de construire. Le branchement électrique se fera fin 2013 et la production de fleurs coupées en 2014...« J'avais besoin du statut agricole pour produire mais il fallait que je prouve que j'étais producteur pour pouvoir construire ! raconte-t-il. Il a fallu tenir le coup... Si j'avais été dans une entreprise agricole familiale, je n'aurais pas eu autant de soucis. »
D'un montant global de 300 000 euros, son projet a bénéficié de 12 000 euros de DJA3. « On n'a pas plus d'aide qu'une petite structure. On ne prend pas en compte le projet et sa viabilité », a-t-il regretté. « On ne tient pas assez compte de l'investissement ; on se bat pour ça, les JA et la chambre d'agriculture », a ajouté Sébastien Richaud.
Imbroglio administratif
Thibaud Faure, exploitant de l'EARL du Péage à Etoile-sur-Rhône, a lui aussi exposé au préfet ses propres difficultés. Pour créer un deuxième revenu sur l'exploitation de son père (60 hectares de céréales) qu'il a rejoint, il cultive des légumes. « Je devais commencer à produire en 2010 pour m'installer en août 2011. J'ai obtenu un prêt JA. J'ai un problème aujourd'hui à cause d'une date de facture car c'est celle du devis qui a été enregistrée... ». « Ce n'est pas le premier dossier comme cela, ça se joue parfois à quelques jours, a déclaré Didier Beynet. Il faut que les agriculteurs soient vigilants. » « Il ne faut pas de facture antérieure à la décision d'aide. L'achat de matériel en avance, ça ne pardonne pas », a reconnu Philippe Allimant. C'est une règle ancienne qui vient de l'Europe. » Il a conseillé au jeune exploitant de déposer un recours gracieux auprès de la DDT.
PPRT, foncier disponible
Venu de Saint-Martin-d'Août, Christophe Bourrut a évoqué les problèmes qu'il rencontre avec le plan de prévention des risques technologiques (PPRT) lié au stockage souterrain de gaz (Storengy) à proximité de son exploitation. « Pour les agrandissements et les constructions, les nouvelles normes impliquent un surcoût important, qui n'est pas pris en compte. Avec le PPRT, nous devons protéger du risque d'explosion la porcherie et la salle de traite car l'occupation n'est pas considérée comme ponctuelle. On a six bâtiments, on ne peut pas supporter les coûts. » « Je suis étonné qu'il n'y ait aucun financement prévu », a répondu Philippe Allimant.
La question du foncier a également été abordée avec l'exemple de l'extension souhaitée d'un camping à Châteauneuf-de-Galaure, extension à laquelle s'opposent les agriculteurs. Tout comme celle de la zone artisanale de Grâne, sur laquelle les JA ont mené deux actions syndicales. « Il n'y a toujours pas d'entreprise supplémentaire, c'est dommage que les agriculteurs ne puissent pas utiliser ce foncier en attendant, a fait remarquer Sébastien Richaud. Dans le département, on perd une surface cultivable importante chaque année, a-t-il ajouté. Au bout d'un moment on ne pourra plus installer ! »
« L'Etat s'exprime sur ces questions, a assuré Eric Sptiz. Je vais examiner les Scot4 et les PLU5 à l'aune de cette problématique, pour que les zones artisanales ne soient pas à n'importe quel endroit. » « Il faut terminer celles qui existent avant d'en créer d'autres, a surenchéri Philippe Allimant. On est d'accord pour renverser la tendance. On diffère parfois les PLU, c'est en train de changer. »
Elisabeth Voreppe
(1) DDT : direction départementale des territoires.
(2) CDOA : commission départementale d'orientation agricole.
(3) DJA : dotation jeune agriculteur.
(4) Scot : schéma de cohérence territoriale.
(5) PLU : plan local d'urbanisme.
A Etoile-sur-Rhône : des fleurs très fraîches
Florent Bouchard ne produit pas que des fleurs coupées qu'il vend sur les marchés de Valence le samedi et de Romans le dimanche. Il cultive sous 1 250 m2 de serres une trentaine de variétés. « Les fleurs sont très fraîches, souvent cueillies de la veille, c'est ce qui fait la différence avec celles qui voyagent », explique-t-il. Il précise : « J'ai fait le choix d'être en sous-production pour ne pas gaspiller et ainsi vendre au meilleur prix, la moitié environ par rapport aux fleuristes. » Pour compléter sa gamme, Florent achète un peu.Il possède des petits tunnels maintenus hors gel (500 l de fuel par tunnel) et une serre de 700 m2 à 20 °C pour la production de 60 000 tulipes à l'année. S'y ajoute un petit carré de pivoines plantées il y a deux ans et donnant leurs premières fleurs cette année.
Semences et bulbes sont achetés à Hyères. Florent produit toute l'année, de manière plus importante l'hiver, avec un pic pour la fête des mères (300 bouquets ont été préparés cette année). Il a le projet d'ouvrir un magasin de vente.
