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Action foncière

Les JA plaident pour une meilleure gestion du foncier

Dénoncer le trop grand nombre de terres gaspillées alors que les agriculteurs manquent cruellement de foncier, tel a été l’objectif de l’action menée par les Jeunes Agriculteurs de la Drôme, le 1er février à Montélimar.
Les JA plaident pour  une meilleure gestion  du foncier

Partir à la reconquête des friches. C'est le défi que se sont lancés conjointement le centre cantonal des Jeunes Agriculteurs (CCJA) de Montélimar et les Jeunes Agriculteurs (JA) de la Drôme, le 1er février à Montélimar. La veille, Nicolas Régnier, secrétaire du CCJA de Montélimar, a labouré une parcelle d'un hectare en friche de la zone des Portes de Provence - abandonnée depuis vingt-six ans - en vue de la remettre en culture. Les mauvaises conditions climatiques et la pluie tombée le matin-même de l'opération ont conduit les agriculteurs à repousser la date de semis.
Il y a deux ans déjà, le CCJA de Montélimar avait mené une action similaire au même endroit. « Après avoir rencontré certains élus et la sous-préfète, nous avions reçu la promesse de permettre aux agriculteurs du territoire d'exploiter ces terres laissées à l'abandon si aucun projet d'urbanisme n'était engagé. Or, la promesse n'a pas été tenue », regrette Nicolas Régnier. A la même époque, près de quarante hectares de terres agricoles étaient inexploitées dans l'agglomération de Montélimar. C'est dans ce contexte que les JA ont souhaité alerter les élus ou futurs élus sur la nécessité, pour la profession agricole, de trouver du foncier et ainsi rendre viables les exploitations. « Nous avons profité des élections à venir pour interpeller les candidats montiliens, qui ont un poids important dans les décisions de l'agglomération », souligne Léa Lauzier, secrétaire générale des JA de la Drôme. Ainsi, autour de Jordan Magnet, président de JA 26, on notait la présence d'une partie des candidats (ou membres de listes) aux élections municipales de Montélimar, dont la députée Alice Thourot.

« La souveraineté alimentaire est compromise »

L'artificialisation des sols reste une des problématiques majeures des agriculteurs. « Montélimar a grignoté un nombre d'hectares énorme ces vingt dernières années. Pourtant, une fois urbanisée, la terre est irrécupérable pour notre métier. Nous sommes conscients qu'il faut créer des emplois mais, à terme, c'est la souveraineté alimentaire qui est compromise », alerte Nicolas Régnier, alors que l'agriculture représente 10 % du chiffre d'affaires de l'économie drômoise. « Ce qui est le plus rageant, c'est qu'il s'agit uniquement de décisions politiques. Ce sont les élus qui décident de monopoliser le foncier, dans l'attente d'une éventuelle urbanisation. En attendant, ce sont des terres qui permettraient de conforter des exploitations ou d'en installer de nouvelles. Aujourd'hui, c'est notre outil de travail que les élus gaspillent », souligne Jordan Magnet.
Dans la Drôme, ce sont en moyenne 500 hectares de surfaces agricoles qui sont perdus chaque année. Aujourd'hui, les JA regrettent de voir qu'un trop grand nombre de terres est bloqué en vue d'une urbanisation excessive ou laissé en friches par des propriétaires attachés à l'idée que leurs parcelles seront un jour constructibles. « Dans le département, entre 2006 et 2015, 32 000 hectares de foncier agricole et forestier ont été consommés, soit dix terrains de rugby par jour », signale Léa Lauzier.

Cette parcelle d’un hectare acquise par la municipalité de l’époque pour en faire une zone industrielle est en friche depuis plus de vingt-six ans.

Principal frein à l'installation

Les candidats aux prochaines élections municipales se sont accordés à dire qu'il était regrettable de devoir débattre et délibérer à cet égard, et qu'il en découlait du bon sens que de permettre aux agriculteurs d'exploiter ces terres incultes. Le président des JA de la Drôme leur a proposé, dans ce sens, de signer une charte dans laquelle ils s'engageraient, une fois élus, à laisser les agriculteurs exploiter ces friches industrielles et à faire stopper l'hémorragie de la perte de foncier agricole. Car, à l'échelle nationale, le constat est le même : au rythme de 24 m² par seconde, soit l'équivalent d'un département agricole en moins tous les dix ans, d'un terrain de foot toutes les cinq minutes ou de 59 baguettes de pain par seconde, la fuite en avant de la perte du foncier agricole en France continue et s'accélère alors que l'accès à la terre reste le principal frein à l'installation.
L'action menée à Montélimar se veut tout aussi symbolique que solidaire puisque l'ensemble des bénéfices sera reversé à une association locale. Il y a deux ans, le CCJA avait remis un chèque de 363 euros à l'Amicale pour le don du sang bénévole de Montélimar et ses alentours. 
Amandine Priolet