Les Jardins du Rozier : une histoire de convictions
De Paris à Montélimar, il n’y a qu’un pas : celui franchi par Nicolas Rozier, à la tête depuis avril 2020 d’une ferme en maraîchage biologique diversifié.

Un défi de taille. Rien ne prédestinait Nicolas Rozier, originaire de Tournon-sur-Rhône, à devenir maraîcher. Pourtant, il est aujourd’hui à la tête de l’exploitation individuelle « Les Jardins du Rozier » à Montélimar. Après avoir vécu sept ans à Paris, où il était infographiste 3D pour la télévision, Nicolas Rozier a souhaité changer d’air en 2016 : « je n’avais plus envie de rester enfermé, assis sur une chaise pendant huit heures », explique-t-il. Sportif, l’Ardéchois de 35 ans suivait un régime alimentaire qui l’a finalement sensibilité au « bien-manger », aux produits biologiques, à la protection de l’environnement. « Petit à petit, mes convictions ont changé. En manque de famille, j’ai pensé à revenir dans la région et changer de voie pour trouver un métier qui correspondait davantage à mes valeurs. Quoi de mieux que le contact avec la terre ? », déclare Nicolas Rozier. Non issu du milieu agricole, il a commencé par des expériences de woofing en Ardèche, « un apprentissage sur le tas », des stages, des saisons agricoles, etc.
Un monde nouveau
Il a également renforcé ses connaissances par l’obtention d’un brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole (BPREA) au lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence, mais aussi par des formations à la ferme biologique du Bec Hellouin (Normandie) et à la ferme Sainte Marthe Sologne (Paris). Lors de sa recherche de foncier, le néo-rural a la chance de trouver, par connaissances interposées, une petite surface exploitable à la sortie de la ville de Montélimar, en fermage. « C’est un territoire dynamique, qui souhaite faire avancer les choses », se réjouit Nicolas Rozier.
C’est donc en plein confinement - hasard oblige - qu’il crée sa micro-ferme maraîchère en agroécologie sur 1,4 hectare. « Quand j’ai repris la terre, c’était une prairie - non viabilisée - qui n’avait pas été cultivée depuis plus de trois ans. Cela m’a permis de passer directement en agriculture biologique mais j’ai dû faire pas mal de travaux pour raccorder les réseaux d’électricité et d’eau potable, construire les serres, planter des arbres... », se rappelle-t-il. Plus de 50 000 € d’investissement lui auront été nécessaires pour mener à bien ce projet d’installation.
De la graine à l’assiette
Raccordé à l’eau du Rhône pour l’irrigation, avec accord du syndicat d’irrigation drômois (SID), Nicolas Rozier cultive depuis le printemps 2021 des légumes biologiques sur un système de planches permanentes en plein champ et sous serres. En plein champ, il a créé des petits jardins (d’où le nom de son exploitation, ndlr) pour regrouper les légumes par famille, par type d’irrigation, etc.
« Je compte environ une quarantaine de légumes (tomates, salades, fenouils, choux, poireaux, betteraves, courgettes, poivrons, courges, panais, etc.) pour plus de cent variétés ». Des variétés qu’il sélectionne lui-même. « Je pars des semences que j’ai choisies pour faire mes propres plants. Cela me permet de me démarquer de mes collègues et de diversifier ma gamme de légumes », annonce-t-il. Des semis qu’il débute dès le mois de février, dans sa pépinière sous serre, avec un système bioclimatique. « L’installation de bidons d’eau sous mes tables de semis permet de maintenir la serre en hors gel. En effet, l’eau se réchauffe en journée avec les rayons du soleil et rediffuse la chaleur la nuit, quand les températures descendent », explique Nicolas Rozier. Il détient également des nappes chauffantes, qu’il allume de février à mai la nuit, pour sécuriser ses semis.
Des légumes originaux
Outre les légumes traditionnels, il tente chaque année d’innover. « Cette année, je propose de la rabiole (un navet nouveau japonais), de la baselle (un épinard de Chine), de la tétragone (un épinard de Nouvelle-Zélande), du kiwano (aussi appelé melon à cornes ou concombre cornu d’Afrique)... » Autant d’originalités qu’il teste sur des petites surfaces, là encore dans l’idée de se démarquer.
Le maraîcher, attaché au respect des sols, travaille essentiellement à la main, pour les semis, la plantation, le désherbage ou encore la récolte. Sur les principes de l’agroécologie, il nourrit le sol à partir de compost végétal acheté auprès d’une entreprise ardéchoise, pour un moindre apport d’engrais bio et organique.
Enfin, la commercialisation de ses légumes se fait uniquement en circuits courts, par le biais de la vente directe (marché de producteurs et artisans locaux à la ferme tous les vendredis de 17 h à 20 h et système de drive à la ferme) ou auprès des magasins bio de Montélimar et des restaurants des alentours. « Je ne vends que des légumes extra-frais, en les récoltant au dernier moment avant les livraisons ou les marchés », conclut-il. Une reconversion réussie pour l’ancien parisien, qui a retrouvé dans le maraîchage toutes les valeurs qui l’animaient.