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Jeunes Agriculteurs

Les Jeunes Agriculteurs ne veulent plus de « l'infernale routine »

En choisissant quatre thèmes d'actualité lors de leur assemblée générale, les Jeunes Agriculteurs de la Drôme ont fait part de leur ras-le-bol sur un ton humoristique.
Les Jeunes Agriculteurs ne veulent plus de « l'infernale routine »

Faire passer des messages en utilisant l'humour, c'est ce qu'on fait les Jeunes Agriculteur lors de leur assemblée générale, le 24 février à Eymeux. A l'aide de courtes vidéos, ils ont mis en scène quatre situations qui, comme ils l'ont dit, viennent « mettre des bâtons dans les roues » des jeunes exploitants, année après année. Et pour illustrer cela, ils ont imaginé le jeu de la « Roue-Tine ».

Permis de construire

Thomas Pasdechance a été le premier candidat à tourner symboliquement la roue. Celle-ci s'est arrêtée sur la case « permis de construire ». « Chaque fois que je dépose mes certificats d'urbanisme, j'essuie un refus et ça fait deux ans que ça dure », s'est désolé l'agriculteur. Filmé devant son poulailler, à côté d'une tente installée là pour symboliser son hébergement de fortune, il a expliqué ses difficultés à Monsieur Buche, personnage symbolisant l'administration. A l'issue de cette première séquence, les Jeunes Agriculteurs se sont interrogés : « La persévérance vient-elle à bout de tout ? »

Terres en friche

Egalement appelé devant la « Roue-Tine », Monsieur Friche a quant à lui déploré de voir des hectares de terrain inexploités depuis des années dans des zones périurbaines. « Chaque fois que l'on en parle, les élus s'en émeuvent mais rien ne change, a-t-il regretté. Pourtant, nous avons besoin de cette ressource foncière inexploitée. » Il a été rappelé qu'avec un hectare de blé, l'on peut produire 15 000 baguettes. En symbolisant par deux moellons les interlocuteurs d'une agglomération, les Jeunes Agriculteurs ont dit avoir « l'impression de parler à des murs. Mais il n'est jamais trop tard pour bâtir de nouvelles fondations », ont-ils ajouté en appelant les élus locaux à agir.

Gestion des avenants

Troisième candidat à se présenter devant la Roue-Tine, Monsieur Janticipe-Pasdutout. Avec lui, a été abordée la gestion des avenants. Rappelons que chaque candidat à l'installation a l'obligation d'élaborer et de mettre en œuvre un plan d'entreprise afin d'attester de la viabilité de son projet au terme des cinq premières années de fonctionnement. Si entretemps des modifications substantielles de production, d'investissement, d'un prêt (bonifié ou non) sont à réaliser, le jeune installé doit présenter un avenant à son plan. A défaut, il court le risque d´être déchu d'une partie de sa dotation jeune agriculteur. Dans cette séquence, JA26 a voulu dénoncer la lourdeur administrative de cette procédure et les freins qu'elle engendre dans le développement d'une exploitation.

Retard du versement des aides Pac

Elus, responsables d'organisations agricoles et d'administrations... ont assisté à l'assemblée générale des Jeunes Agriculteurs de la Drôme. Le maire de la commune, Bernard Saillant, a insisté sur la nécessité de faire des concessions en matière foncière pour accueillir de nouveaux habitants et ainsi préserver la vitalité du village.

Dernier à tourner la Roue-Tine, Monsieur Jattends-Toujours s'est arrêté sur les retards de versements des aides Pac. « Cela fait deux ans que j'attends les aides », s'est-il désolé. Une situation qui met les trésoreries dans le rouge et s'ajoute aux difficultés des crises agricoles. En quelques chiffres, JA26 a résumé la situation. L'an dernier, un agriculteur sur trois a gagné moins de 354 euros par mois. Et ont été recensés près de 400 suicides d'exploitants, 1 700 appels pour Agri'écoute(1) (au premier semestre) et 10 000 exploitants ont cessé leur activité.
Malgré toutes ces difficultés, « nous considérons que l'humour peut être plus efficace pour dénoncer certains problèmes », ont dit les représentants des Jeunes Agriculteurs de la Drôme. « Mais nous voulons des actes, pas des promesses, a ajouté leur président, Sébastien Richaud. JA propose des idées novatrices, des solutions. »

« Agir en amont »

Dans son intervention, Philippe Allimant, directeur de la DDT(2) de la Drôme et représentant le préfet, a apporté quelques réponses. Sur le foncier, « nous avons les moyens d'agir », a-t-il dit, faisant part, notamment, des deux Scot(3) en préparation sur le département. S'agissant des zones vulnérables, « l'arrêté a été signé par le préfet de région et 130 communes sont finalement concernées en Drôme », a-t-il annoncé. En mars, des réunions d'information seront organisées pour la dizaine de communes entrant pour la première fois dans cette réglementation. Parlant de la révision des zones défavorisées simples (ZDS), il a fait part du travail en cours pour « rattraper » dix-neuf communes. Se réjouissant ensuite de la bonne dynamique des installations aidées en Drôme (environ soixante dossiers par an), Philippe Allimant a justifié le fait que les aides publiques sont liées à un contrat et donc à des contraintes. Ce qui n'a pas manqué de faire réagir les jeunes agriculteurs dans la salle. Quels que soient les dossiers, « il faut agir en amont des procédures », leur a-t-il conseillé.

Christophe Ledoux

(1) Agri'écoute : service d'écoute en ligne de la MSA joignable 24/24 h au 09 69 39 29 19 (prix d'un appel local).
(2) DDT : direction départementale des territoires.
(3) Scot : schéma de cohérence territoriale.

 

Rapport moral / Dans son intervention, le président des Jeunes Agriculteurs de la Drôme a mis l'accent sur certains acquis syndicaux.

« Notre avenir est entre nos mains »

Sébastien Richaud, président des Jeunes Agriculteurs de la Drôme.
© journal L'Agriculture Drômoise
Elu il y a tout juste un an à la présidence des Jeunes Agriculteurs de la Drôme (JA26), Sébastien Richaud n'a pas manqué de mettre en évidence les acquis du réseau JA. Ainsi, s'est-il réjoui de l'harmonisation de la grille de dotation jeune agriculteur (DJA) à l'échelle d'Auvergne-Rhône-Alpes. « C'est une victoire syndicale qui aboutit à l'augmentation des montants de DJA, a-t-il fait remarquer. Le nouveau dispositif est légitime et pertinent. » Une autre avancée est l'étiquetage de l'origine des produits alimentaires, à même de favoriser selon lui les productions françaises.
Dans un contexte de crises agricoles qu'il juge gravissime, « à nous d'activer les leviers lorsque nous les avons, notre avenir est d'abord entre nos mains », a-t-il lancé.
Par ailleurs, il a appelé à « accentuer toujours plus les actions de communication » pour promouvoir auprès du grand public l'agriculture et le travail des agriculteurs. Jugeant « désastreuse » l'application de la Pac sur les exploitations, « il y a urgence à définir un nouveau système, a-t-il souhaité. De même qu'un statut pour les agriculteurs. » Et de conclure : « Nous voulons construire une agriculture de demain, une agriculture d'avenir. »

 

Ils ont dit

« Quand les jeunes poussent, l'agriculture grandit », a dit Nicolas Merle, président de JA Auvergne-Rhône-Alpes. Il s'est réjoui de la nouvelle grille de DJA, qui entrera en application le 1er juin et a appelé de ses vœux « un système pour garantir un prix plancher en lait de vache pendant cinq ans ». Par ailleurs, il a estimé que l'étiquetage de l'origine des produits est à même de « redonner de la valeur aux producteurs ».
« Les JA défendent un modèle d'agriculture familiale, vivable et transmissible, a rappelé Thomas Vivien, administrateur de JA national. L'agriculture a peut-être un genou à terre aujourd'hui, à nous de faire en sorte qu'elle vive demain. » Il a aussi mis en avant la campagne de communication de JA (« nourrir le futur ») actuellement dans le métro parisien et au Salon de l'agriculture.
En écho au débat de l'assemblée, « la réglementation est une réalité très contraignante pour les agriculteurs, qui coûte cher sur les exploitations, a déclaré Didier Beynet, président de la FDSEA de la Drôme. J'invite les agriculteurs à se rapprocher de la FDSEA pour porter, avec les JA, plus loin et plus fort les projets. » Il a aussi donné rendez-vous au prochain congrès de sa fédération, le 9 mars à Montélimar.
« La modulation de la DJA est une bonne chose », a estimé Paul Despesse, vice-président de la chambre d'agriculture de la Drôme. Il a rappelé le rôle de la compagnie consulaire dans l'accompagnement des porteurs de projets et souhaité plus de souplesse et de pédagogie dans les réglementations. Il a aussi et entre autres indiqué que la profession n'est pas d'accord avec la nouvelle délimitation zone vulnérable.
« Une entente entre chasseurs et agriculteurs est nécessaire », a déclaré Tony Dicaro, administrateur de la fédération des chasseurs de la Drôme. S'agissant des dégâts de sangliers, il a donné quelques chiffres : 22 000 battues en 2016, 16 500 sangliers prélevés, 340 000 euros de dégâts indemnisés. Il a aussi évoqué les tirs de régulation sur corvidés. « Déclarez tous les dégâts pour maintenir l'espèce en classement nuisible et ainsi pouvoir intervenir », a-t-il insisté.