Les lauriers de l’huile d’olive en appellation

Organisée par l'association française interprofessionnelle de l'olive (Afidol), la 14e édition du concours des huiles d'olive de France en appellation d'origine s'est déroulée le 22 mars à Nyons. Il a permis de mettre en lumière un pan important de la production oléicole française (25 % de l'huile d'olive produite en France est en appellation) et de mettre à l'honneur des terroirs qui ont su conserver les savoir-faire et les variétés traditionnels. Une cinquantaine de jurés - experts des différentes appellations et consommateurs - y étaient réunis pour déguster et départager les meilleures huiles, reconnues pour leur lien très étroit avec leur terroir. 48 producteurs ont présenté 92 échantillons provenant de sept des huit appellations existantes : Nyons, Nîmes, Haute-Provence, vallée des Baux-de-Provence, Aix-en-Provence, Corse (Oliu di Corsica) et Provence.
Pour sélectionner les productions les plus remarquables et les plus représentatives de chaque terroir, les jurés devaient s'attarder sur les différents critères de sélection : caractéristiques organoleptiques, typicité, qualité ou encore l'harmonie des huiles d'olive présentées. 31 médailles ont été attribuées - le nombre étant proportionnel à celui des lots présentés - dont 18 d'or, 12 d'argent et 1 de bronze. Le millésime 2017 va régaler les gourmets !
Alain Bosmans
Huile d’olive de Nyons : le palmarès de l’AOP
Médailles d’or : Nyons Olive, coopérative du Nyonsais (Nyons), 2 médailles ; Franck Dozol, SAS Dozol Autrand (Nyons).
Médailles d’argent : Nyons Olive, coopérative du Nyonsais (Nyons), 2 médailles.
Médaille de bronze : Pascal Condamines, La ferme des Tuillières (Nyons).
Résultats complets consultables sur www.afidol.org et www.huiles-et-olives.fr
Interview / En marge du concours qu’il présidait, Christian Teulade, président de l’Institut du monde de l’olivier et vice-président de l’Afidol, a abordé les préoccupations de l’interprofession.
Trois questions à Christian Teulade
Quel est le bilan de la campagne oléicole 2016-2017, au niveau national et dans le Nyonsais ?Christian Teulade : « Au niveau national, la récolte 2016-2017 a été très petite, pas plus de 3 000 tonnes. Les causes en sont multiples. A la fois météorologiques avec de la pluie et du vent pendant la floraison. Mais aussi des suites d’une très forte récolte l’année précédente, l’olivier variant son volume de production en alternance d’une année sur l’autre. Cela génère une situation difficile, d'abord pour les producteurs qui manquent de revenus mais aussi pour approvisionner les marchés. En ce qui concerne le Nyonsais et les Baronnies, la dernière récolte représente la moitié de la précédente, qui était une très importante, soit quelque 200 tonnes d’huile et 200 à 250 t d’olive de bouche d’une excellente qualité tant en huile qu’en conserve. Avec les stocks de l’an dernier, on devrait pouvoir éviter la rupture chez la plupart des metteurs en marché. »
Quelle est la situation du marché oléicole au niveau mondial ?
C. T. : « Au niveau mondial, même s’il y a eu à droite ou à gauche une récolte plus faible, il n’y a pas d’influence particulière car le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, tous les pays du Maghreb ont planté beaucoup d’oliviers. Leur production a énormément augmenté et même si la celle d'Espagne flanche un peu, passant de 1,5 à 1,2 million de tonnes, la compensation est ailleurs, y compris au Chili, en Argentine ou en Australie. Quand l’Europe représentait 90 % de la production oléicole mondiale, aujourd’hui elle n’est plus que de 70 %. Aussi, automatiquement, toute baisse est compensée et on ne note plus de grosses difficultés sur les marchés. »
Quel est l’état sanitaire des vergers français ?
C. T. : « On a déjà trouvé des mouches dans certaines régions (Alpes-de-Haute-Provence, Languedoc…). Tant qu’il n’y a pas de fleur, ce n’est pas grave. Mais s’il y a des vols aujourd’hui, cela risque de se multiplier jusqu’à ce qu’il y ait de quoi manger sur l’olive. Il faut donc suivre cela de près, sachant que l’on a de moins en moins de molécules pour traiter. Ensuite, il y a l’inquiétude provoquée par la bactérie xylella fastidiosa. Il faut la surveiller bien sûr mais ne pas tomber dans la paranoïa. De temps en temps, on fait une prise de sang pour connaître son taux de cholestérol mais on ne le fait pas tous les matins. »
Propos recueillis par Alain Bosmans