Les maires ruraux de la Drôme inquiets

Après Saint-Julien-en-Vercors, Vinsobres, Albon, c'est à Jaillans que l'Association des maires ruraux de la Drôme (AMR26) s'est réunie le 5 mai pour sa traditionnelle assemblée générale. L'occasion de balayer la majeure partie des préoccupations du monde rural aujourd'hui. Les dotations de l'État, les compétences eau et assainissement qui pourraient passer dans le giron des intercommunalités, la suspension des contrats aidés, la réouverture du débat sur le statut de l'élu rural, la suppression de la réserve parlementaire, la suppression de la taxe d'habitation, l'accès aux soins ou encore le plan loup sont autant de sujets qui ont été abordés.
Défendre les ressources des communes rurales
Et ce que l'on peut dire, c'est que le président de l'AMR26, Aurélien Ferlay, a été plutôt clair dès le début. « Nous ne sommes pas des pleurnichards, encore moins des bouseux d'un ancien temps qui mendient quelques sous », a-t-il dit en introduction. Mais ces « couteaux multifonctions de la ruralité ne peuvent toutefois pas insuffler des dynamiques sur leurs territoires, entretenir des équipements et organiser des services, sans en avoir les ressources minimales. Il ne peut y avoir deux France, celle des métropoles où se concentreraient les efforts de développement et celle des campagnes que l'on aime toujours dans les discours mais que l'on oublie trop souvent dans les prises de décisions », a-t-il ajouté. Alors, avec la suspension des contrats aidés, les baisses de dotations constatées dans certaines communes ou encore l'accroissement des tâches qui leur incombent, les élus sont plutôt inquiets.
D'ailleurs, dans l'assistance, on ne cachait pas son désarroi. Comment continuer à investir ? Comment monter des dossiers lorsque l'on n'a plus une capacité d'autofinancement ? Les réserves parlementaires - supprimées - ne peuvent leur être d'aucun secours. Marie-Pierre Mouton, la présidente du conseil départemental de la Drôme, n'a pas manqué de souligner l'aide que le Département continue d'apporter aux communes, alors que cela n'est plus le cas partout. L'élue a également rappelé le soutien de la collectivité dans d'autres domaines, comme les solidarités, les routes, l'accès aux soins, la création de pôles de santé, l'aménagement numérique... « Des actions qui contribuent aussi au développement des territoires. »
Des aides à l'investissement qui auraient triplé
« On est en train de nous assécher. Comment l'État peut dire que les dotations n'ont pas baissé ! », s'indignera un élu. Dans sa circonscription, Célia de Lavergne a pu constater une baisse de la DGF (dotation globale de fonctionnement) dans certaines communes, une hausse dans d'autres. La parlementaire a, en tout cas, indiqué que l'enveloppe globale avait été maintenue et votée comme tel. De nombreux chiffres, exemples à l'appui, seront cités afin d'illustrer cette problématique.
Frédéric Loiseau, sous-préfet et secrétaire général de la préfecture de la Drôme, apportera également d'autres éléments financiers. Selon lui, la DTER (dotation d'équipement des territoires ruraux) a augmenté de 1,35 million d'euros (M€) ; la DSIL (dotation de soutien à l'investissement local) a, quant à elle, baissé de 1,04 M€. La réserve parlementaire (800 000 euros) n'existe plus, soit une baisse de 500 000 euros de 2017 à 2018. Il a également indiqué que le montant des investissements était de
5 M€ il y a cinq ans. Selon lui, aujourd'hui, et en prenant tout en considération, on arrive à près de 14 M€. Et d'ajouter : « L'État a triplé les aides à l'investissement aux communes. C'est la réalité des chiffres : + 300 % sur cinq ans et - 3,5 % sur le dernier exercice ».
Plan loup
Entre autres thèmes abordés, celui du plan loup. La question posée par l'AMR26 était directe : les brebis et éleveurs finiront-ils au musée ? « Je ne pense pas qu'on verra les éleveurs au musée Grévin », a répondu la députée. L'élue a souligné toutefois qu'il va falloir composer avec le loup et que le plan n'est par ailleurs pas une solution à tout, bien qu'il apporte quelques réponses. Pour Frédéric Loiseau, il s'agit d'un sujet « extrêmement clivant », ajoutant qu'il s'agit d'une « souffrance » pour beaucoup d'habitants, et non pas seulement pour les éleveurs. « La grande différence avec ce texte, c'est qu'il n'y a plus de plafonnement des tirs de défense. Les éleveurs peuvent se défendre », a-t-il précisé.
Lors des prochains mois, l'association des maires ruraux de la Drôme continuera en tout cas de faire entendre sa voix. Il s'agira notamment de défendre la liberté communale, agir pour le maintien des services publics, œuvrer pour un aménagement équilibré, juste et concerté du territoire, donner une image positive de la ruralité, revendiquer l'égalité républicaine de tous les citoyens ou encore faire reconnaître la spécificité des territoires ruraux.
A. T.
Zones défavorisées simples (ZDS) / Des précisions apportées par Frédéric Loiseau
Difficile pour Frédéric Loiseau de ne pas intervenir sur la réforme des zones défavorisées simples (ZDS). Celui qui est sous-préfet de l’arrondissement de Valence et secrétaire général de la préfecture de la Drôme a notamment indiqué que « le département est globalement perdant dans la réforme des zones défavorisées simples ». Il note que cela va « impacter très fortement les agriculteurs concernés ». Frédéric Loiseau a annoncé la mise en place d’un audit qui sera payé par l’État. « Une étude qui pourrait permettre à l’agriculteur de réorienter son activité vers un marché plus porteur », a-t-il précisé. Il a cité l’exemple du marché du lait de chèvre.
POLITIQUE en bref
Didier Guillaume reste sénateur
L’ancien président PS du conseil général de la Drôme avait annoncé son retrait de la vie politique et son départ du Sénat le 16 janvier dernier. Il n’en sera finalement rien. Pressenti pour prendre la présidence du groupe d’intérêt public chargé de l’organisation de la Coupe du monde de rugby en France en 2013, Didier Guillaume a annoncé dans un communiqué avoir décliné la proposition « d’une présidence uniquement représentative ».