Les maïsiculteurs commencent à voir le bout du tunnel

Avec un rendement moyen de 93 quintaux par hectare (q/ha) au niveau national, les producteurs de maïs s'en sortent plutôt bien. « Les variétés cultivées n'ont plus rien à voir avec celles des années 2000. Elles résistent très bien aux excès de chaleur », se félicite Daniel Peyraube, président de l'Association générale de producteurs de maïs (AGPM). Sur 1,325 million d'hectares plantés, les maïsiculteurs ont récolté 11,8 millions de tonnes (Mt) de grains, soit seulement 1,6 Mt de moins qu'en 2017. Comme chaque année, ce rendement moyen de 93 q/ha masque de fortes disparités régionales. La production moyenne par hectare est de 101 q/ha en Occitanie mais de 70 q/ha seulement en Lorraine où les cultures de maïs ont fortement souffert de la période caniculaire survenue l'été dernier. En Champagne-Ardenne, Bourgogne Franche-Comté, Auvergne, Limousin les rendements moyens ne dépassent pas 85 qx/ha. « Là où elle est pratiquée, l'irrigation des cultures est la meilleure assurance récolte des producteurs », souligne Daniel Peyraube. Les rendements moyens sont supérieurs à 10 tonnes de grains par hectare. « Des productions de 16 à plus de 19 tonnes par hectare sont même observées dans la vallée de la Dordogne, de la Garonne ou dans les Landes », souligne l'AGPM. Par ailleurs, la conjoncture économique est plus favorable que l'an passé. Le prix de la tonne de maïs a gagné 15-20 euros par rapport à son niveau d'octobre 2017 et il pourrait de nouveau augmenter durant l'hiver. Mais actuellement, la récolte abondante de maïs aux États-Unis plombe les cours mondiaux. Enfin, les frais de séchage seront moins élevés cette année car le taux d'humidité des grains récoltés avoisine 20 %. L'économie escomptée est de 7 à 8 € par tonne en moyenne. Les maïsiculteurs peuvent d'ores et déjà espérer un gain supérieur de 20 € par tonne de grains vendue par rapport à l'an passé. Mais le maïs français est fortement concurrencé par les productions roumaines, bulgares et ukrainiennes.
La concurrence est aussi outre-Atlantique. Les gains de productivité observés aux États-Unis, où le rendement moyen est de 113 q/ha, sont largement supérieurs à ceux constatés en France où ils n'excèdent pas 1 quintal par hectare et par an. Le choix de cultiver des variétés OGM explique la différence. Aussi, l'AGPM déplore la récente décision de la Cour de justice de l'Union européenne qui assimile les produits issus de l'édition génomique (ou obtenus par ciseau moléculaire) à des OGM. « C'est un nouveau coup d'arrêt porté à la recherche européenne », commente Daniel Peyraube. Or, dans le même temps, l'UE importe du maïs OGM. « Il faut avoir les règles d'utilisation identiques aux règles de production », ajoute le président de l'AGPM.
Maïs doux et maïs semences
Cette année, les 23 500 hectares de maïs doux plantés (+ 11,5 % par rapport à 2017) ont produit 19 à 20 tonnes d'épis par hectare. 1 500 hectares ont été cultivés en bio. La filière maïs semences retrouve aussi des couleurs. 60 600 hectares (dont 800 en bio) ont été plantés. En hausse de 4,5 % sur un an, la sole est cependant inférieure d'un tiers à son niveau plafond de 90 000 ha atteint en 2014. La France, leader dans l'Union européenne (44 % de la sole cultivée), reste cependant le premier exportateur mondial de semences. Dans un marché assaini, les perspectives d'exportation de semences en Espagne, Ukraine et Russie sont bonnes. Prenant acte de la disparition du régime TODE (travailleur occasionnel demandeurs d'emploi), l'AGPM a fait pression sur les députés et le gouvernement pour que les employeurs de saisonniers ne soient pas, l'an prochain, pénalisés par une augmentation des charges . L'AGPM compte aussi sur un nouveau projet de loi qui facilitera la construction de retenues collinaires et de réservoirs d'eau de toutes sortes, en limitant notamment les recours judiciaires qui bloquent la réalisation des projets.
Maïs semences / Les stocks européens en baisse
Dans un communiqué du 29 octobre, la FNPSMS (Fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho) indique que, pour la deuxième année consécutive, les stocks européens de semences de maïs sont en baisse. L’organisation précise que la campagne 2017-2018 a été marquée par un tassement du programme de multiplication de l’Union européenne. Ainsi, les surfaces européennes de maïs semences mises en place en 2018 pour approvisionner les marchés en 2019 sont en hausse de 7 %.
La FNPSMS prévoit des rendements semenciers à 100 %. Elle estime qu’avec des signaux positifs des marchés grain et fourrage pour les semis 2019, l’écoulement des stocks est amené à se poursuivre. Côté production, avec un programme à 58 500 ha et des résultats techniques à 97 % de l’objectif, la FNPSMS indique que la France renforce sa position de leader.
Il s’agit pour la fédération de « la preuve de la résilience de son réseau au cœur d’une année climatique particulièrement compliquée ».
Maïs fourrage / Récoltes ultra-précoces et hétérogénéité des rendements
Les cultures de maïs fourrage implantées sur 1 418 000 hectares ont été soumises à des sommes de températures exceptionnellement élevées :
le cycle de développement de la plante a été très accéléré et les premières récoltes se sont déroulées au mois d’août. La sécheresse a pénalisé
les rendements à l’Est de la France et des régions continentales, ceux situés en bordure maritime affichent cependant de bons résultats. Avec une moyenne estimée à ce jour par Agreste à 12,2 t de MS/ha (contre 13,6 en 2017), les rendements sont très hétérogènes. Les taux de matière sèche sont élevés en raison de l’avance rapide des stades de maturité. Les teneurs en amidon sont également hétérogènes : faibles pour les maïs les plus impactés par la sécheresse et correctes dans les régions de l’ouest de la France.