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AVICULTURE

Les œufs français et alternatifs ont la cote

Après la crise du fipronil qui a secoué la filière œufs au cours du mois d’août, l’interprofession des œufs fait le constat d’une confiance renouvelée dans la production française.
Les œufs français et alternatifs ont la cote

«La crise du fipronil a renforcé la confiance dans les œufs français », constate Loïc Coulombel, président du syndicat national des industriels et professionnels de l'œuf (Snipo), à l'occasion de la conférence de presse organisée dernièrement par le CNPO, l'interprofession des œufs. En effet, si l'annonce de la fraude début août a engendré une baisse de la consommation d'œufs de 6,9 % la semaine du 7 au 13 août, dès la semaine suivante et l'annonce que les œufs français n'étaient pas concernés, la consommation a repris. Et surtout, face au manque causé sur le marché européen suite au retrait des œufs hollandais et belges contaminés, l'origine française est, depuis, très demandée et ne peut fournir tout le monde. « Il manque 4 à 5 % d'œufs pour couvrir la demande du marché européen », indique Loïc Coulombel, ce qui entraîne une hausse des prix de 80 à 100 %. « La première semaine d'août, on était autour de 0,75 centime le kg d'œufs, aujourd'hui on doit être à 1,40 euro », poursuit le président du Snipo, avec des conséquences négatives pour la filière, puisque le surcoût engendré incite les industriels à remplacer les œufs par d'autres produits lorsque cela s'avère possible (protéines de lait, protéines de soja, matière grasse végétale ou animale...). A noter, cette augmentation des cours touche essentiellement les fabricants d'ovoproduits et la restauration hors domicile, qui ne sont pas sur un système de contractualisation longue durée comme la grande distribution.

Le président du CNPO, Philippe Juven, a dressé un premier bilan du « contrat sociétal d’avenir », lancé par l'interprofession, notamment la mise en place de la démarche « Œufs de France ».

Répondre aux attentes du consommateur

Pour rendre encore plus lisible l'origine française des œufs, en réponse aux attentes des consommateurs qui restent séduits par ce produit abordable, simple à cuisiner et facile à conserver, les professionnels ont créé un nouveau label, « Œufs de France », qui remplace le « Pondus en France » et garantit une production 100 % française, depuis la naissance de la poule pondeuse jusqu'à la ponte de l'œuf et son conditionnement. Une démarche qui complète les objectifs du « contrat sociétal d'avenir », le contrat lancé en octobre 2016 par l'interprofession et qui ambitionne de produire 50 % des œufs en élevage alternatif d'ici 2025. Le président du CNPO, Philippe Juven, en a dressé un premier bilan : mise en place de la démarche « Œufs de France » pour davantage de visibilité, réalisation d'une étude sur le parc de bâtiments français, actuellement prolongée par une étude des possibilités de conversion des élevages, étude sur le bien-être animal lancée au sein de l'Itavi (institut technique de la filière), une application smartphone en cours d'élaboration, toujours sur le bien-être animal, sujet cher aux consommateurs, ou encore test d'une base de données pour suivre de manière affinée l'évolution de la production française et de la consommation, notamment en ovoproduits.

Un chantier d'envergure

Le chantier engagé est d'envergure puisqu'aujourd'hui 68 % des poules pondeuses françaises sont élevées en cage, et que beaucoup de distributeurs ont d'ores et déjà annoncé leur volonté de ne commercialiser que des œufs alternatifs à l'horizon 2025. Ces annonces ne constituant, pour Philippe Juven, « que de l'affichage car cet objectif n'est pas réalisable compte tenu de la transformation nécessaire de nos élevages ». Pour parvenir en tout cas à l'objectif du contrat sociétal, le CNPO formule plusieurs demandes aux clients de la filière : travailler collectivement, se mettre d'accord sur les objectifs, contribuer au financement des arrêts de production en cage et s'engager par une contractualisation avec leurs fournisseurs d'œufs afin de donner aux éleveurs une visibilité suffisante pour investir. Heureusement, la filière pourra également compter sur le soutien des consommateurs français qui sont, à 79 %, conscients de la nécessité d'un délai pour s'adapter, et à 87 % prêts à payer 10 centimes d'euro de plus par boîte de six œufs pour accompagner la filière dans la transition vers des élevages alternatifs. Entre septembre 2016 et septembre 2017, la consommation d'œufs cage a diminué de 7,5 %, tandis que celle de label rouge a progressé de 13,5 %, celle d'œufs bio de 13,2 % et celle d'œufs de plein air de 6,7 %. 

 

Journée mondiale de l’œuf    

La 22e édition de la Journée mondiale de l’œuf s'est tenue le 13 octobre. Elle a permis de mettre en avant le rôle clé de ce produit dans l’alimentation, notamment celle des plus démunis qui peuvent y trouver une source de protéines à prix abordable. En France, le CNPO a mis en place un partenariat avec le réseau de chefs cuisiniers Euro-Toques : ainsi, 200 restaurants ont composé des menus spécifiques sur le thème de l’œuf. Des écoles hôtelières ont participé également à cette opération qui a permis de sensibiliser aussi les enfants par le biais d’ateliers spécifiques.