Les pépiniéristes viticoles à la recherche de différenciation

La France a retrouvé la première place de la production de plants de vigne, devancée l'année dernière par l'Italie. La volonté des pépiniéristes viticoles est désormais de la garder. C'est dans cette démarche qu'une marque collective interne à la fédération a été lancée au congrès national de Beaune (Côte d'or) au mois d'octobre dernier.
Une marque collective origine France
La communication de cette nouvelle marque devrait être dévoilée d'ici mars prochain, son nom n'ayant pas encore été révélé. « Il s'agit d'une démarche qui met en avant l'origine France, c'est une attente de beaucoup de viticulteurs qui souhaitent développer la notoriété nationale et internationale des plants français », explique Florent Michez, ancien chargé de mission économie et prospective de la chambre interdépartementale d'agriculture Savoie Mont-Blanc. Il passe en ce début d'année le relais à Agathe Houriez, animatrice du syndicat des pépiniéristes viticoles Drôme Ardèche au sein de la FRPV Aura. La marque valorisera les bonnes pratiques des pépiniéristes garantissant une sécurité accrue, des analyses, des contrôles, des essais et de la formation au sein de l'Académie du plant, un institut de formation créé pour accompagner les adhérents de la fédération. Elle sera gérée et financée par les utilisateurs. La première année de cotisation, un forfait de 0,25 € par plant mis en terre soit 250 € par 100 000 plants a été annoncé. « L'utilisateur devra produire au minimum 30 % sous la marque. La production aura une double certification par FranceAgriMer et par Veritas, alors que la production hors marque continuera d'être certifiée uniquement par FranceAgriMer de la même façon qu'aujourd'hui », ajoute-t-elle. Les premiers plants seront vendus sous marque en mars 2020, dès l'été prochain pour les plants vendus en pot.
Les polyphénols, des propriétés antifongiques ?
Une des grandes problématiques de la filière a été évoquée pendant l'assemblée générale : celle de la valorisation des bois de vigne non marchands et donc non vendus. Il s'agit essentiellement de greffons, de porte-greffes et de plants écartés. « Avant ils étaient brûlés car ils n'étaient pas acceptés en déchetterie en tant que déchets verts. Depuis que le brûlage est interdit, il faut trouver des débouchés pour les recycler. On ne les appelle d'ailleurs plus déchets mais ressources ou coproduits », reprend Florent Michez. Arnaud Lanoué, chercheur à l'Université de Tours est donc venu présenter son sujet de recherche sur la valorisation des polyphénols bioactifs à partir de coproduits viticoles. Il a découvert que certains polyphénols, notamment le resvératrol avaient des propriétés antifongiques. Exemple : une baie de raisin piquée se défend naturellement en synthétisant ce polyphénol de la famille des stilbènes. Comment les plantes synthétisent-elles ces molécules d'intérêt ? « Il s'agirait d'une réaction au stress par la coupe du porte-greffe qui ferait synthétiser une molécule de défense », explique la FRPV. Si celle-ci est très chère à synthétiser artificiellement, les études du chercheur tourangeau pourraient s'avérer particulièrement intéressantes.
Des études sur la santé humaine
Différentes manipulations sur des bois comme le débitage, le broyage, l'exposition au soleil et la conservation au froid ont fait apparaître différentes réactions synthétiques, appelées signatures chimiques différentielles. Il serait donc possible d'orienter la production d'une molécule ou d'une autre par le type de préparation du bois et par le choix du cépage. « Le resvératrol agirait sur la progression et la pénétration du champignon en inhibant la migration des zoospores. Son efficacité sur le mildiou a été évaluée équivalente à un traitement au cuivre à quart de dose », ajoute Florent Michez. Son développement pourrait être une réponse au retrait d'homologation du cuivre, prolongé pour trois ans en Europe ou pour la réduction des doses de cuivre en viticulture biologique notamment. Deux domaines sont étudiés pour le moment : la santé du végétal avec le biocontrôle des maladies fongiques et la santé humaine avec le traitement des mycoses. L'efficacité de cette molécule a aussi été montrée sur la longévité cellulaire, sur le diabète de type 2 et sur les maladies neurodégénératives.
Les recherches ont débuté il y a six ans. La phase de terrain est à peine commencée sur le vignoble du Val de Loire.
Alison Pelotier avec FRPV